Remaniement : à Matignon, Valls veut « aller encore
plus loin » et « plus vite »
Le Monde.fr avec AFP | 01.04.2014 / http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/04/01/ayrault-a-valls-je-vous-souhaite-de-reussir_4393660_823448.html
Au lendemain de la nomination de Manuel
Valls à la tête du gouvernement, Jean-Marc Ayrault et l'ancien ministre de
l'intérieur se sont retrouvés à l'hôtel de Matignon, mardi 1er avril, pour
procéder à la passation de pouvoir. Devant les membres de l'ancien cabinet et
un parterre de journalistes, les deux hommes ont prononcé deux discours très
courtois dans lesquels ils se sont vouvoyés.
L'ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a
mis en garde son successeur :
« La tâche est immense. Ce que nous avons à
faire est difficile et n'est pas terminé. Je vous souhaite de réussir.
Nous avons conduit une politique pour
permettre à la France
de retrouver sa place dans le monde (…) tout en préservant son modèle social et
républicain. C'est la seule voie que nous devons poursuivre. »
« VOUS POUVEZ
ÊTRE FIER DE CE QUE VOUS AVEZ FAIT »
Le nouveau
premier ministre, Manuel Valls, a, lui, salué son prédecesseur :
« Vous avez
accompli [la mission de premier ministre] avec les valeurs qui sont les vôtres,
avec l'attachement aux valeurs de la République que je partage. (…) Vous pouvez
être fier de ce que vous avez fait ici.
Je poursuivrai ce
travail que vous avez engagé au service du redressement, de notre pays, de
notre économie, de nos comptes. Je ne doute pas un seul instant que nos
compatriotes retiendront de cette action un bilan qui permet au pays de mieux
affronter l'avenir. »
M. Valls a
expliqué que sa « feuille de route » à Matignon consisterait à « aller encore
plus loin » et « plus vite », tout en ayant conscience de la demande de «
justice sociale » des Français.
Les deux hommes
ont cité les paroles de Pierre Mendès France : « Gouverner c'est choisir. C'est
aussi dire la vérité. »
La composition du
gouvernement devrait être annoncée par le secrétaire général de l'Elysée,
Pierre-René Lemas, mercredi dans la matinée avant le départ de François
Hollande pour Bruxelles, où le chef de l'Etat est attendu pour un minisommet
consacré à la République centrafricaine.
Manuel Valls en cinq phrases choc
Le Monde.fr |
01.04.2014 /
Par Alexandre
Léchenet
Nommé le 31 mars
premier ministre par François Hollande, Manuel Valls a cultivé, tout au long de
son parcours politique, sa position d'iconoclaste au sein du Parti socialiste.
»On pourrait trouver un
meilleur nom pour le PS »
En 2009, il
multiplie les critiques envers un parti malade de son « antisarkozysme
obsessionnel » quand le PS subit encore les contrecoups du congrès de Reims.
Martine Aubry, première secrétaire, lui demande dans une lettre envoyée en
juillet 2009 de cesser ses critiques ou de quitter le parti.
Il répond dans
une tribune publiée par le Financial Times le 20 juillet 2009, suggérant de
changer le nom du parti : « Mon but essentiel est de promouvoir une
modernisation radicale de l'idéologie du Parti socialiste, pour lequel nous
pourrions trouver un meilleur nom. »
Manuel Valls est
alors député de l'Essonne et maire d'Evry. Suivi par les caméras de Direct 8
sur une brocante à Evry en juin 2009, il trouve que la population n'est pas
assez diversifiée à son goûts. La phrase qu'il murmure à l'oreille Christian
Gravel, son conseiller, qui s'occupe maintenant de la communication de l'Elysée
le suit encore aujourd'hui :
« Tu me mets quelques
Blancs, quelques Whites, quelques Blancos… »
« Oui, nous devrons
déverrouiller les 35 heures »
Devenu candidat à
la primaire en l'absence de Dominique Strauss-Kahn, Manuel Valls commence sa
campagne par une déclaration choc sur le déverrouillage des 35 heures, le 2
janvier 2011. Une manière d'assumer son positionnement social-démocrate et de
tacler Martine Aubry, autre candidate à la primaire.
Six mois plus
tard, il s'attaque à un autre « tabou » à gauche et propose une hausse de la
TVA. « Oui, la TVA sociale est une mesure de gauche », déclare-t-il en octobre
2011 dans Les Echos. Son score à la primaire est faible (5,65 %), mais lui
permet de devenir un des hommes forts de la campagne de François Hollande, puis
ministre de l'intérieur dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
« Les Roms ont
vocation à retourner dans leur pays et à s'intégrer là-bas »
Manuel Valls
divise le gouvernement sur la question des Roms. « Ces populations ont des
modes de vie différents des nôtres », déclare-t-il ainsi le 25 septembre 2013.
Cécile Duflot, ministre écologiste, l'accuse alors de mettre « en danger le
pacte républicain ». Quelques semaines plus tard, alors que la famille Dibrani
est expulsée, provoquant l'émoi de nombreuses personnes à gauche, Manuel Valls
ne varie pas et affirme ne pas être touché par les critiques : « Les étrangers,
même en famille, même avec des enfants scolarisés, dès lors qu'ils n'ont plus
droit au séjour, doivent quitter le territoire. Il n'y a pas deux politiques
possibles. Celle que nous menons, respectueuse des droits, est une politique de
gauche » déclare-t-il dans Le JDD.
Dans un entretien
à La Provence le 31 mai 2013, alors que Jean-Marc Ayrault est en difficulté,
Manuel Valls ne cache pas ses ambitions. Il est plus populaire que François
Hollande et Jean-Marc Ayrault depuis août 2012 et son nom revient régulièrement
pour devenir premier ministre :
« Si, demain, on me
proposait d'autres responsabilités, je les assumerais, bien évidemment. J'ai
toujours pensé que j'avais la capacité d'assumer les plus hautes
responsabilités de mon pays »
En novembre 2013,
il pensait enfin y arriver, mais le premier ministre avait sauvé son poste en
proposant une « remise à plat » de la fiscalité. M. Valls y parviendra
finalement en avril 2014.
Sem comentários:
Enviar um comentário