29 avril 2014 Françoise
Fressoz /Le Monde/ http://fressoz.blog.lemonde.fr/
La majorité rétrécie de Manuel Valls
41 députés socialistes ont fait le choix de
s'abstenir, mardi 29 avril, lors du vote sur le programme de stabilité
budgétaire. Pour Manuel Valls, ce n'est pas un désastre : le premier ministre
dispose d'une majorité pour gouverner. Mais c'est un sérieux avertissement.
Pour mener le redressement, phase cruciale du quinquennat, il ne dispose
d'aucun blanc-seing. Sa majorité est rétrécie, sa majorité est rebelle. Sa
majorité va lui donner du fil à retordre.
Le vote sur ce programme, qui prévoit
notamment 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017, était purement
indicatif. Le premier ministre a cependant voulu le dramatiser au maximum dans
l'espoir de faire taire les rebelles et de déclencher un sursaut. D'entrée de jeu, il a appelé à « un
dépassement de nous-mêmes » face au mur de la dette et des déficits, avant de
mettre ses pas dans ceux de Pierre Mendès France, l'homme qui disait « la
vérité ».
« Le résultat du
vote conditionne la légitimité du gouvernement, la crédibilité de la France »,
n'a-t-il pas hésité à lancer aux députés en se mettant personnellement en scène
par un « j'assume » répété autant de fois qu'il le fallait. Valls le courage !
Valls le redressement ! C'était lui.
Mais son
discours, qui n'était qu'une simple actualisation de sa déclaration de
politique générale, n'a pas entraîné le dépassement espéré. Le premier ministre
appelait au sursaut, il a récolté le scepticisme au sein de son propre parti.
41 députés
socialistes se sont abstenus. 41 députés qui, depuis le désastre des élections
municipales, refusent d'ingurgiter la politique de l'offre et les économies
budgétaires annoncées dès le début de l'année.
Manuel Valls a eu
beau, ces derniers jours, multiplier les rencontres, lâcher des concessions en
faveur des petites retraites et des petits revenus, insister sur la justice
sociale et le pouvoir d'achat, confier au Parlement le soin d'évaluer
l'efficacité des allègements de charges qui font tousser la gauche, il n'est
pas parvenu à étouffer la rébellion.
Paie-t-il
l'addition du début du quinquennat, qui a conduit au désastre des élections
municipales et créé une forme de divorce entre le président de la République et
les élus socialistes ? Ou affronte-t-il un doute qui touche sa propre personne,
lui le droitier du parti socialiste qui n' avait récolté que 6 % des voix à la
primaire socialiste ?
Le fait est qu'à
gauche, le ton se durcit. Les communistes fustigent « l'austérité » et parlent
de « capitulation ». Dans leur bouche, ce n'est pas nouveau mais voilà que les
écologistes s'y mettent aussi. Eux qui ne pipaient mot en janvier, lorsque le
pacte de responsabilité avait été annoncé et qu'ils étaient au gouvernement,
dénoncent à présent « une politique déflationniste », une « course à la baisse
du coût du travail » qui menace toute l'Europe. Qu'on
ne compte plus sur eux. Et de fait, ils ont majoritairement voté contre.
Alors certes, il reste le centre, qui a
toujours été une bouée de sauvetage pour les socialistes en perdition. Mais le
centre est fidèle à lui-même : il ne ne
dit pas non mais il ne dit pas oui non plus. Il s'abstient majoritairement en attendant de voir.
Manuel Valls se garde
d'ailleurs de trop le courtiser, de peur de voir tout un pan de la gauche faire
brusquement sécession.
Le deuxième
premier ministre de François Hollande se rêvait en Churchill, à la fois
courageux, dynamique, rassembleur. Il
devra d'abord patiemment reconstituer le puzzle d'une gauche en miettes.
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