Loi Santé : les députés créent un
nouveau délit d'incitation à l'anorexie
Encourager des régimes
alimentaires ayant pour objectif d'atteindre une maigreur excessive pourra être
puni d'un an d'emprisonnement et de 10 000 euros d'amende, viennent de décider
les députés. Particulièrement visés, les sites internet pro-anorexie. En revanche,
la pénalisation du recours par les agences à des mannequins en état de
dénutrition n'a pas été retenue.
L'Assemblée nationale a créé,
dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le cadre du vote de la loi Santé, un
nouveau délit, puni d'un an d'emprisonnement et de 10 000 euros d'amende visant
à réprimer l'incitation à la maigreur excessive, notamment de la part de sites
internet pro-anorexie
Le Parisien /
R.T | 02 Avril 2015, 10h20 | MAJ : 02 Avril 2015, 11h25 / http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/loi-sante-les-deputes-creent-un-nouveau-delit-d-incitation-a-l-anorexie-02-04-2015-4659463.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.nl%2F
Peu avant la
levée de la séance, vers 1h du matin, les députés ont adopté cet amendement
socialiste stipulant que «provoquer une personne à rechercher une maigreur
excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées ayant pour
effet de l'exposer à un danger de mort ou de compromettre directement sa santé
est puni d'un an d'emprisonnement et de 10.
La ministre de la
Santé Marisol Touraine s'y était déclarée favorable, comme le rapporteur du
projet de loi, Olivier Véran (PS).
Pour combattre
les troubles alimentaires tels que l'anorexie, maladie mentale concernant entre
30.000 et 40.000 personnes (90% de femmes) et comptant parmi les pathologies
psychiatriques entraînant la plus forte mortalité, la création d'un nouveau
délit «apparaît nécessaire car les dispositions du Code pénal actuellement ne
permettent pas de s'attaquer à l'action de certains sites internet», selon les
signataires de l'amendement, à commencer par les députées Maud Olivier et Catherine
Coutelle.
Les sites
«pro-ana» dans le viseur
«Certains sites
connus sous le nom de «pro-ana» peuvent entraîner les personnes dans le cercle
vicieux de l'anorexie sans être inquiétés par l'autorité publique»,
observent-ils dans l'exposé de leur mesure.
«C'est un vrai
gros, gros sujet que de pénaliser la provocation à l'amaigrissement excessif»,
le nouveau délit est «nécessaire et la liberté d'expression sur internet ne
sera pas remise en question», a déclaré le rapporteur du projet de loi, tout en
appelant à veiller à différencier des sites «parfois tenus par des jeunes
femmes qui s'en servent comme d'un exutoire», d'autres qui «font clairement
l'apologie des méthodes pour maigrir le plus possible».
Ulcérée à la
suite du rejet d'un amendement ayant un objectif similaire mais prévoyant des
peines supérieures et un champ d'application plus large, la députée UMP Valérie
Boyer a twitté: «La séance se termine sur une récupération politique de la
gauche sur mes amendements extrême maigreur». Elle a rappelé dans l'hémicycle
sa proposition de loi créant un tel délit, qui avait été votée par l'Assemblée
nationale mais n'avait jamais été examinée au Sénat sous le quinquennat
précédent.
Les mannequins sous pression
La ministre de la
Santé lui a opposé «une disproportion entre le montant et la nature des
peines», affirmant que son amendement avait été examiné, «y compris jusqu'à la
Chancellerie».
A l'initiative
d'Olivier Véran et de Catherine Coutelle, présidente de la délégation aux
droits des femmes de l'Assemblée, la commission des Affaires sociales avait
déjà adopté une disposition stipulant que «la politique de santé contribue à la
prévention et au diagnostic précoce de l'anorexie mentale et des troubles des
conduites alimentaires, notamment en luttant contre la valorisation de la
minceur excessive».
Mais elle avait
rejeté un amendement du député PS de l'Isère interdisant, afin de lutter contre
l'anorexie, le recours par les agences de mannequinat à des mannequins
diagnostiqués en état de dénutrition. De nombreux députés, à gauche comme à
droite, avaient considéré que cela introduirait une discrimination à
l'embauche.
Olivier Véran qui
portait ce projet de loi encore plus contraignant qui n'a pas adopté voulait «interdire
le recours à des jeunes femmes d'extrême maigreur, dont le poids les mettrait
en danger». déclarait-il au Parisien.« Les mannequins devront présenter pour
cela un certificat médical avant une embauche et quelques semaines après. Si
les agences de mannequinat ne respectent pas cette réglementation, elles seront
pénalement responsables», expliquait-il encore.
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