segunda-feira, 3 de fevereiro de 2014

Manif pour tous : Frigide Barjot ne manifestera pas dimanche. Le Nouvel Observateur. Milhares nas ruas contra Hollande e a favor dos "valores tradicionais da família"/ Público. Manuels Valls voit l'émergence d'un "tea party à la française".Manif pour tous : à Paris, un défilé contre l'« idéologie destructrice des ministres »/ Le Monde. Au moins 100 000 sympathisants de la Manif pour tous ont défilé en France/ Le Monde. Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre/ Le Monde.

Frigide Barjot à Paris, le 23 Avril 2013. (Vincent Isore/IP3 press)

Manif pour tous : Frigide Barjot ne manifestera pas dimanche

Publié le 31-01-2014 à 17h58
L'ancienne égérie de la Manif pour tous dénonce "la radicalisation et la violence qui montent".
Frigide Barjot, ancienne égérie de la Manif pour tous, et ses proches appellent, dans un "manifeste" publié vendredi 31 janvier dans "Le Monde", "les chrétiens à préférer le chemin de la rencontre, du dialogue exigeant et du débat citoyen aux mobilisations de rue".

"Face à la radicalisation et la violence qui montent", Frigide Barjot préfère se désolidariser de la manifestation prévue le 2 février par la Manif pour tous et déclare qu'elle ne participera pas à cette mobilisation.

"Morcellement, radicalisation idéologique et confusion"

"Depuis le début de l'année 2014, deux manifestations nationales ont déjà battu le pavé parisien, l'une à l'initiative de la Marche pour la vie prônant de supprimer la loi Veil, l'autre, du collectif Jour de colère, exigeant le départ de François Hollande", écrivent les cosignataires du "manifeste". "Le 2 février prochain à Paris et Lyon, les héritiers de la Manif pour tous entraîneront un certain nombre de personnes de bonnes volontés pour dire leur opposition à la politique 'anti-famille' du gouvernement et réclamer l'abolition de la loi sur le mariage pour tous, après avoir demandé celle de l'avortement."

Frigide Barjot et les autres signataires pointent "les manifestations qui, succédant aux mobilisations unitaires et millionnaires de 2013, se caractérisent désormais par leur morcellement, leur radicalisation idéologique et leur confusion". Pour l'ancienne égérie de la Manif pour tous,  "les mêmes activistes se retrouvant parfois dans l'un et l'autre cortège, comptant sur les plus modérés pour 'blanchir' des idéologies teintées de dogmatisme, ennemies du personnalisme".


Frigide Barjot demande aussi aux "autorités morales et religieuses de sortir de l'ambiguïté et du silence pour déjouer les amalgames qui assimilent les croyants à des adversaires de la légalité républicaine". Elle appelle le "gouvernement à retrouver le sens du bien commun qui passe par la préférence donnée aux droits des personnes et à la cohésion".

Milhares nas ruas contra Hollande e a favor dos "valores tradicionais da família"
RITA SIZA 02/02/2014 – in Público

Movimento de oposição às políticas do Governo socialista para a família contestam acesso dos gays à procriação medicamente assistida ou a barrigas de aluguer.
Os franceses que se mobilizaram contra a aprovação da chamada lei Taubira, que legalizou o casamento de pessoas do mesmo sexo, voltaram à rua para defender os “valores tradicionais da família” e protestar contra a procriação medicamente assistida e as barrigas de aluguer, dois “métodos” à disposição dos casais homossexuais que querem ter filhos.

Em Paris e em Lyon, centenas de milhares de pessoas (mais de 500 mil, segundo a organização) desfilaram numa “Manifestação Por Todos”, com cartazes contra as políticas do Governo socialista, acusado de “familiofobia” e de promoção de uma suposta “teoria do género” nos currículos escolares. “Educar as crianças é a tarefa dos pais” e “Hollande, não queremos as tuas leis”, gritaram os participantes.

Como explicou Ludovine de la Rochére, que preside à organização “Manif Pour Tous”, a iniciativa foi convocada em antecipação do futuro projecto de lei sobre a família que o Governo está a preparar – e deverá ser apresentado em Conselho de Ministros no próximo mês de Abril. O objectivo, conforme anunciado pela ministra da Família, Dominique Bertinotti, é reconhecer as novas formas de parentalidade e resolver questões de filiação e adopção.

Os manifestantes querem que o executivo saiba que a inclusão de artigos que autorizem a fertilização in vitro de mulheres em relações homossexuais ou legalizem a prática conhecida como “barrigas de aluguer” não será tolerada. “É uma advertência. Queremos mostrar o nosso compromisso e a nossa determinação em não deixar passar as ameaças que se preparam contra as famílias, que são o lugar natural de protecção dos mais fracos”, informou de la Rochére, antes do arranque da marcha. Os cartazes distribuídos pela multidão eram explícitos: “Um papá e uma mamã, é assim que se faz um bebé” ou “Todos nascemos de um homem e uma mulher”.

Em declarações ao Le Journal du Dimanche, o ministro do Interior, Manuel Valls, lamentou a constituição de um novo movimento político que descreveu como uma espécie de “Tea Party à francesa”: “Uma ala direita conservadora e reaccionária que se libertou com a oposição à lei do casamento para todos e veio ocupar as ruas”.

Notando que a manifestação de domingo ocorre precisamente uma semana após o “dia de cólera” convocado pela extrema-direita contra o Governo, Valls manifestou preocupação pelo actual clima político em França, que comparou com aquele que se viveu nos anos 30. “Estamos confrontados com uma frente de antis: antielites, anti-Estado, anti-impostos, anti-Parlamento, antijornalistas… E ainda pior, anti-semitas, racistas, homofóbicos. Muito simplesmente, anti-republicanos”, considerou. “Perante este fenómeno, a direita republicana tem a responsabilidade de se demarcar claramente destes movimentos que não aceitam a democracia e as escolhas do Parlamento”, acrescentou.

O recado de Manuel Valls destinava-se à UMP, que no passado apoiou as iniciativas de protesto contra a lei do casamento gay, mas começa a mostrar renitência em apoiar estas. O presidente do partido, Jean-François Copé, considerou a “Manifestação Por Todos” uma acção extemporânea, uma vez que, ao contrário da contestação do ano passado, agora “não existe nenhuma proposta em discussão no Parlamento”. Apesar de alguns membros do partido terem participado nas marchas, Copé manteve a UMP à margem – segundo notava a imprensa francesa, existe um claro “desconforto” na sede dos conservadores, que não querem ver-se associados a movimentos extremistas ou comparecer em eventos com a chancela da Frente Nacional.

Pelo seu lado, a comediante conhecida como Frigide Barjot, uma das impulsionadoras das marchas contra o projecto de casamento para todos, afirmou que não marcaria presença na manifestação de domingo por já não se rever na “violência e radicalização ideológica” que tomou conta do movimento.

A polícia de Paris deteve doze militantes do Grupo União e Defesa, uma organização estudantil de extrema-direita, que tencionavam infiltrar-se na manifestação. “Havia indícios de que se preparavam para criar problemas”, disse um porta-voz policial, acrescentando que foram mobilizados cerca de 3000 agentes para a operação de segurança da capital.

Le cortège occupaitr toute l'avenue Winston-Churchill (VIIIe). (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien

 Manuels Valls voit l'émergence d'un "tea party à la française"
Yann Le Guernigou, avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par Guy Kerivel

PARIS (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé dimanche à Paris et à Lyon pour protester contre la politique familiale du gouvernement, dans le prolongement du mouvement de 2013 contre le mariage homosexuel.

Une semaine après le "jour de colère" organisé par plusieurs organisations, certaines issues de l'extrême droite, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a dénoncé l'émergence d'un "tea party à la française" et a mis en garde les manifestants contre tout débordement.

Fer de lance de l'opposition au mariage gay voté l'an passé, le collectif "La manif pour tous" entendait mobiliser pour la défense de la famille menacée, selon lui, par le gouvernement et sa majorité.

Il les soupçonnent, malgré les nombreux démentis, de vouloir étendre la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, à l'occasion du débat parlementaire sur la future loi sur la famille, et de chercher à légaliser la gestation pour autrui (GPA) avant la fin du quinquennat.

"C'est toujours le même message, simplement on voudrait qu'il soit entendu. Le message, c'est la défense des droits de l'enfant et de la famille. Un enfant a droit à un père et une mère", a déclaré Michel Girard, un manifestant venu de l'Oise.

Pour Séverine Chevrier, de Paris, "pas grand'chose n'a changé" depuis les grandes manifestations contre le projet de loi sur le mariage homosexuel avant son adoption le printemps dernier.

"M. Hollande ne nous écoute pas, ne veut pas dialoguer avec nous. En revanche, M. Valls a été très clair dans ses propos vis-à-vis de nous : il va tout faire pour nous faire taire mais nous on est dans notre bon droit, on a le droit de s'exprimer, on a le droit d'être dans l'opposition."

Dans une interview au Journal du dimanche, le ministre de l'Intérieur a exprimé son inquiétude face au climat actuel, déclarant que l'on assistait "à la création d'un tea party à la française", une référence à l'aile ultra-conservatrice du Parti républicain américain.

"S'engouffrant dans la crise de projet et de leadership de la droite, et face au recentrage du Front national, une droite conservatrice et réactionnaire s'est libérée. Avec l'opposition au mariage pour tous, elle a décuplé ses forces", a-t-il dit.

"LA FRONDE DES ANTI"

Et Manuel Valls de dénoncer une "fronde des anti : anti-élites, anti-impôts, anti-Parlement, anti-journalistes", avant d'appeler la droite républicaine "à se démarquer clairement des mouvements qui n'acceptent pas la démocratie et les choix du Parlement".

Présent parmi les manifestants, le député UMP Henri Guaino a accusé le ministre de l'Intérieur de décrire "la stratégie d'une partie de la gauche, qui veut par tous les moyens, par une politique qui divise, faire naître un noyau dur radicalisé de façon à affaiblir l'opposition".

L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée a estimé que les manifestations marquaient "le refus de cette politique de destruction systématique de tout ce qui nous permet de vivre ensemble, de cette politique du fait accompli, disons-le presque du coup de force dans laquelle on met tout le monde au pied du mur sous prétexte que la majorité est majoritaire".

D'autres députés UMP, comme Claude Goasguen et Philippe Gosselin, ont défilé à Paris. Hervé Mariton figurait avec trois autres collègues au nombre des 15.000 à 20.000 manifestants venus de tous le Sud-Est pour défiler à Lyon.

Le Front national était aussi représenté par des élus à Paris, avec la députée Marion Maréchal-Le Pen, et à Lyon. Des représentants religieux, le cardinal Philippe Barbarin et le recteur de la grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane, étaient dans les premiers rangs du cortège dans la capitale des Gaules.

Après les débordements du "Jour de colère", un important dispositif de sécurité a été mis en place, mobilisant 1.500 policiers à Paris entre l'Ecole militaire (VIIe arrondissement) et Denfert-Rochereau (XIVe), et 600 dans le centre de Lyon.

Les organisateurs parisiens, qui redoutent "des interpellations à l'aveugle contre d'honnêtes citoyens", ont fait appel à des huissiers dans le cortège pour constater l'attitude des forces de l'ordre.

La préfecture de police a fait état de l'interpellation, en marge de la manifestation, de 11 personnes, dont un dirigeant du GUD, un mouvement étudiant d'extrême droite, pour des contrôles d'identité. Une porte-parole a indiqué qu'une personne avait été en outre placée en garde à vue pour détention de fumigènes.

Les manifestants étaient environ 80 000 dans la capitale, selon la préfecture de police. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien

Manif pour tous : à Paris, un défilé contre l'« idéologie destructrice des ministres »
Le Monde.fr | 02.02.2014

Les organisateurs de la Manif pour tous ont comptabilisé, dimanche 2 février, près de 500 000 manifestants à Paris, et 40 000 à Lyon. Selon les chiffres de la police, ils étaient 80 000 dans la capitale, et 20 000 à Lyon. Reportage dans le défilé parisien.

Chacun a son drapeau ou son t-shirt de la Manif pour tous. Rose pour représenter les filles, ou bleu pour représenter les garçons, car les stéréotypes, « on les défend », ce dimanche à Paris. Sous le soleil d'après-midi, le défilé, composé de manifestants de tous âges, venus pour beaucoup en famille, a une allure bon enfant. Les banderoles et pancartes se répètent : « papa, maman et les enfants, c'est naturel » ou « un papa, une maman, y a pas mieux pour un enfant ».

Mais dès lors qu'il s'agissait d'expliquer les raisons de leur colère, les langues se délient. « On est à un changement de civilisation qui va bouleverser la famille », déplore Jean-Baptiste. Ce Lillois d'une trentaine d'années, commercial dans la communication, est persuadé que l'Etat prépare une « société orwelienne utopique » dans laquelle l'enfant n'aurait plus de droits et deviendrait un produit de consommation.
« NOUS ALLONS VERS LA DICTATURE »

François, un Parisien de 76 ans, fidèle des Manif pour tous, s'indigne lui aussi contre « les lois de changement de société ». Souriant et ouvert à la discussion, il s'inquiète cependant du « monde décrit par Orwell » dans lequel « le gouvernement veut nous emmener ». Les fauteurs de trouble sont, selon lui, avant tout les ministres, dont celui de l'éducation nationale, Vincent Peillon, ce « philosophe avec qui nous allons vers la dictature ».
Son ami Robert ajoute d'autres noms : ceux du ministre des droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem, et de la ministre de la justice, Christiane Taubira. « Ce sont des idéologues. Ils portent une idéologie destructrice. Leur réforme de société est inutile, ils ont autre chose à faire ! »

Henri Guaino, venu « pour marquer sa solidarité (…) pour l'amour et non la haine » se dit opposé à « l'indifférenciation sexuelle » et critique le gouvernement qui veut « diviser et radicaliser l'opposition » : « on reprochait à Nicolas Sarkozy de vouloir opposer la société, mais jamais elle ne l'a été autant », déclare-t-il.

Lire aussi : La Manif pour tous dénonce désormais la « familiphobie »

UN ÉVENTAIL DE REVENDICATIONS

Bien inspirés par les éléments de langage fournis par les organisateurs de l'événement, les manifestants déroulent tous les mêmes arguments. Les « indices » de l'objectif du gouvernent, sont nombreux, disent-ils. Le mariage pour tous, bien que la loi soit déjà votée, est le premier élément critiqué par les manifestants, car, « il prive les enfants de leurs pères et de leurs mères ».
Il y a aussi la PMA et la GPA, bien que la ministre de la famille a rappelé que la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et la gestation pour autrui ne feraient pas partie de la prochaine loi famille, vont selon eux « déconstruire les arbres généalogiques ».

Puis le gender, cette « idéologie basée sur les expériences d'un médecin névrosé », croit savoir le Lillois Jean-Baptiste, qui entrerait à l'école via le rapport ABCD de l'égalité.

Lire aussi : L' « ABCD de l'égalité », au cœur de la polémique sur la « théorie du genre »

Suivent les mesures fiscales « anti-famille » comme la baisse du quotient familial, la fin des cotisations familiales des entreprises, ou encore la réduction du congé parental. « Tous ces indices montrent que l'Etat cherche à entrer dans nos consciences et dans nos vies », poursuit Jean-Baptiste. Avec son ami Martin, de Paris, ils soutiennent éagalement les Veilleurs, qui, contrairement au gouvernement, représentent « une forme d'espérance ».

 « MASSACRER LES ENFANTS »

« Le gender consiste à arracher les enfants à leurs familles », entend-on, un peu plus loin, au micro de l'un des chars. « On ne veut pas de cette théorie, de ce délire du moment de Vincent Peillon. »
Un peu à l'écart du défilé, Margo, venue de Fontainebleau avec ses cinq enfants, un peu timide, tente d'expliquer sa colère : « Nous sommes venus manifester car la politique anti-famille fait tout pour massacrer les enfants ».

Elle aussi l'explique par le mariage des couples homosexuels, la PMA et la GPA et surtout « le gender », qui fait que, dit-elle, « on explique aux petits garçons que ce ne sont pas des petits garçons ». « L'enfant n'est pas un jeu et n'est pas un droit », martèle-t-elle.

Puis, donnant l'air de ne pas savoir si elle peut le dire ou non, elle lâche qu'elle est contre l'IVG. « Ce n'est pas le sujet aujourd'hui », reprend immédiatement son amie Véronique, à ses côtés.  « C'est le gender qu'on vient dénoncer. Ce qu'on explique aux enfants à l'école, c'est un truc de dingues. A l'école, on demande aux enfants de trois ans s'ils sont des garçons ou des filles, et s'ils seront homosexuels, hétérosexuels ou bisexuels. »

Arrivent alors deux femmes, inquiètes de savoir si elles vont bien être comptabilisées parmi les manifestants. Elles sont rapidement rassurées par la pancarte qui indique « zone de comptage » :  « Nous ne sommes pas venues pour rien ! »

Près de cette zone, dans laquelle des militants disposent d'outils pour estimer le nombre de manifestants, est aussi placée une « quête » pour « participer aux frais » d'organisation de la manifestation.

Plus loin, un petit attroupement est posté devant la « buvette officielle » de la Manif pour tous et le stand de vente de produits dérivés. « Venez acheter votre porte-clef, vos pin's et vos t-shirt, invite un homme avec son porte-voix. Ils ont été spécialement affrétés pour vous ! »

A l'approche du podium de fin de parcours, sur la place Denfert-Rochereau, où s'expriment les porte-paroles de la manifestation, des écrans géants permettent aux retardataires de profiter des discours. Applaudissements et huées se succèdent et rythment la conclusion du défilé.

L'un des porte-paroles de la Manif pour tous, Lionel Lumbroso (le « gauchiste de la bande » dit un manifestant), critique « les idéologues du gouvernement » et « la vieille gauche idéologue ». « Les forces de progrès aujourd'hui, c'est nous ! », lance-t-il devant une place qui attendait encore l'arrivée de tous les manifestants.

Le collectif des «Marianne pour tous», qui revendique «le droit de l'enfant à avoir un père et une mère», a battu le pavé à Paris. (LP/Arnaud Journois.) / Le Parisien
 Au moins 100 000 sympathisants de la Manif pour tous ont défilé en France

Ils appelaient à défiler contre la « familiophobie » du gouvernement. Les organisateurs de la Manif pour tous ont comptabilisé, dimanche 2 février, près de 500 000 manifestants à Paris, et 40 000 à Lyon. Selon les chiffres de la police, ils étaient 80 000 dans la capitale, et 20 000 à Lyon.
Relire notre compte-rendu en direct des manifestations


Dix-huit personnes ont été interpellées pour « risques de troubles à l'ordre public », dont plusieurs membres du mouvement étudiant d'extrême droite GUD et de la droite identitaire. Deux d'entre eux ont été placés en garde à vue, l'un pour avoir agressé un journaliste et cassé sa caméra et l'autre pour jets de projectile, outrage et rébellion, selon la préfecture de police qui n'a relevé aucun autre incident.

Manuel Valls avait prévenu qu'il ne tolérerait « aucun débordement » comparables à ceux qui avaient émaillé le « Jour de Colère » une semaine auparavant. Les organisateurs soulignaient, eux, l'état d'esprit « paisible et déterminé » des manifestants. Environ 2 000 membres des forces de l'ordre ont encadré le cortège, survolé par un hélicoptère. Place Denfert-Rochereau, les organisateurs ont fait huer les ministres de l'éducation Vincent Peillon et des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem.

DES « REVENDICATIONS IMAGINAIRES »

Cette dernière a reproché aux partisans de la Manif pour tous leurs « revendications imaginaires », assurant notamment que le gouvernement n'avait aucune intention d'introduire la GPA dans le droit français. « Les manifestants sont l'expression d'une partie de cette France traditionaliste qui a voulu mobiliser sur la désinformation, les peurs, les rumeurs », a renchéri la ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti sur France Info. Ils « ont voulu d'une certaine façon rejouer le match du mariage pour tous », a-t-elle ajouté.

Dans une interview au Journal du dimanche, Manuel Valls avait exprimé son inquiétude face au climat actuel, déclarant que l'on assistait « à la création d'un Tea Party à la française », une référence à l'aile ultraconservatrice du Parti républicain américain. Constat partagé par Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui a dénoncé « les manipulations et les mensonges sur lesquels une frange réactionnaire essaie de cimenter une opposition à la politique du gouvernement, avec le soutien irresponsable » d'élus UMP.

« LES PLUS VIEILLES FRACTURES DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE »

Le député UMP Henri Guaino, présent dans le cortège parisien, a estimé au contraire que la majorité « cherche à attiser toutes les divisions, à réveiller les plus vieilles fractures de la société française ».

Du côté des protestataires, l'ancienne ministre du logement et présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, s'en est prise la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo : « C'est grâce à vous que les clivages ont sauté. Vous avez raison d'être inquiète et M. Valls a raison d'être inquiet. [...] Je n'ai plus peur de vos totalitarismes. Vous êtes en train de déstructurer la civilisation ».

Lire aussi : Les hésitations de l'UMP face à l'activisme « pro-famille »

A Lyon, quelques élus, dont le député Hervé Mariton (UMP), ont été rejoints par l'archevêque Philippe Barbarin et le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. « On a un témoignage à donner. On a un 'non' à dire tout simple, tout clair, tout fort », a déclaré le prélat.

L'une des revendications de la Manif pour tous concerne le retrait de l'« ABCD de l'égalité », expérimentation mise en place à l'école pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons. Les manifestants dénoncent aussi l'ouverture redoutée de la procréation médicalement assistée (PMA) aux lesbiennes et la gestation pour autrui (GPA), ainsi que le futur projet de loi sur la famille qui ne prévoit pourtant ni PMA ni GPA.

Chaque Marianne porte une banderole au nom d'une région. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
 L' « ABCD de l'égalité », au cœur de la polémique sur la « théorie du genre »
Le Monde.fr | 31.01.2014 |

Après les mouvements de boycott de l'école, les 24 et 27 janvier, suite à des rumeurs sur un prétendu enseignement de la « théorie du genre », les outils mis en place à l'école pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes – tels que l'« ABCD de l'égalité » – sont vivement critiqués par des élus UMP.  Ils devraient par ailleurs faire partie des principaux mots d'ordre de « La Manif pour tous » de dimanche 2 février. Ils dénoncent une offensive sur la question du genre à l'école dont le but serait de prôner l'« indifférenciation sexuelle ».
Que se passe-t-il à l'école ?
Dans plus de 600 classes de dix académies volontaires, les ministères de l'éducation nationale et des droits des femmes expérimentent depuis la rentrée 2013 les « ABCD de l'égalité » dans le but de lutter contre les stéréotypes filles-garçons. Ce dispositif pédagogique s'inscrit dans la lutte contre les inégalités – de réussite scolaire et d'orientation notamment – entre les filles et les garçons. Son objectif est donc de remettre en question les normes qui font que chaque sexe adopte, dès le plus jeune âge, un certain comportement. Par exemple, les filles, encouragées à jouer à des jeux plus doux, sont plus sages alors qu'il est considéré comme normal que les garçons soient plus turbulents. Par la suite, elles se tournent davantage vers les métiers de soins peu qualifiés et moins payés, elles délaissent les filières scientifiques malgré de bons résultats scolaires, ce qui perpétue la division traditionnelle des rôles.

Comment fonctionne l'« ABCD de l'égalité » ?
Concrètement, il se décompose en séquences pédagogiques adaptables de la grande section de maternelle au CM2. Les enseignants – formés au préalable – disposent ainsi d'outils et de ressources pour « aider à la prise de conscience des préjugés (…) et transmettre à tous une culture de l'égalité entre les sexes ». Ces séquences sont censées ne rien ajouter – ni en termes de contenu ni en termes d'horaires – aux enseignements en vigueur, mais être intégrées dans les disciplines de manière transversale. Il ne s'agit donc pas d'ateliers ou de cours supplémentaires, mais plutôt d'un cadrage des pratiques – et des ressources – qui faisait défaut sur le terrain jusqu'à présent. Les outils pédagogiques peuvent prendre la forme de conseils pour prendre conscience et lutter contre les stéréotypes dans le sport ou la littérature, ou d'un mode d'emploi pour construire des règles de jeux qui favorisent la mixité en éducation physique et sportive.

L'« ABCD de l'égalité » va-t-il gommer les différences entre les garçons et les filles ?
L'objectif du gouvernement n'est pas de nier les différences entre les garçons et les filles. Comme l'a rappellé le 28 janvier le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, « jamais aucun professeur n'a pu imaginer de nier les différences, alors qu'il enseigne précisément le respect des différences et de cette différence fondamentale filles-garçons (…) En reconnaissant la différence biologique, nous voulons tout de même qu'il y ait égalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, en particulier dans le choix des métiers », a-t-il ajouté.

Le ministre répondait ainsi aux attaques dont lui et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, ont fait l'objet de la part de responsables politiques et de militants, et au mouvement de retrait des écoles qui a eu lieu le 27 janvier suivant les recommandations de Farida Belghoul, ancienne figure de la lutte des « Beurs » des années 1980, devenue proche du militant d'extrême droite Alain Soral. Selon ces critiques, les expérimentations telles que l'« ABCD de l'égalité » seraient issues de « théories » dont les objectifs seraient de nier les différences entre les hommes et les femmes et de « détruire le modèle hétérosexuel de la famille ». L'éducation nationale servirait donc selon eux à inculquer cette « idéologie » dès le plus jeune âge.

Existe-t-il une telle théorie ?
Les chercheurs spécialistes de la question sont unanimes : il n'existe pas une « théorie du genre », mais des « études de genre ». Ces « gender studies », venues des Etats-Unis, sont un paradigme universitaire : dans les années 1960 et 1970, plusieurs chercheurs ont étudié les raisons des inégalités hommes-femmes, dont ils ont fait un matériau d'études. En réalité, ces « gender studies » se traduisent par « études sur le genre », et sont donc une discipline universitaire, en aucun cas une idéologie ou une théorie politique. D'autant qu'au sein de ce courant universitaire les oppositions sont vives. Ces études de genre ont donc pour objectif de déconstruire les inégalités et non les différences et la réalité biologique.


Qu'est-ce que le genre ?
Le concept de genre s'est développé comme une réflexion autour de la notion de sexe et du rapport homme-femme. Loin de nier la différence entre le sexe féminin et le sexe masculin, le genre est utilisé par les chercheurs comme un outil permettant de penser le sexe biologique (homme ou femme) indépendamment de l'identité sexuelle (masculin ou féminin). Il ne s'agit donc pas de dire que l'homme et la femme sont identiques, mais d'interroger la manière dont chacun et chacune peut construire son identité sexuelle, aussi bien à travers son éducation que son orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, etc.).
Philippe Euzen

«Le collectif des Marianne est solidaire de toutes manifestations pouvant destabiliser le gouvernement actuel», peut-on lire sur la page Facebook du collectif. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
 Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre
Le Monde.fr | 25.05.2013 Par Lucie Soullier et Delphine Roucaute

En protestant contre la loi autorisant le mariage aux personnes de même sexe, les membres de la "Manif pour tous" ont également ravivé la polémique sur le genre. "Le vrai but du mariage homosexuel est d'imposer la théorie du genre", affirment certains détracteurs du mariage pour tous. Qui affirment, dans la foulée, que la société serait menacée par ce qu'ils assurent être une idéologie niant la réalité biologique.
Ces inquiétudes avaient déjà agité les milieux catholiques en 2011, lorsque le ministère de l'éducation avait annoncé l'introduction du concept de genre dans certains manuels scolaires. A l'époque, la polémique avait mobilisé militants conservateurs et députés. Parmi eux, 80 députés UMP avaient purement et simplement réclamé le retrait, dans les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) des classes de première, de la référence à une identité sexuelle qui ne serait pas uniquement déterminée par la biologie mais également par des constructions socio-culturelles. De son côté, l'Eglise catholique avait réagi avec le texte Gender, la controverse, publié par le Conseil pontifical pour la famille.

Loin d'être une idéologie unifiée, le genre est avant tout un outil conceptuel utilisé par des chercheurs qui travaillent sur les rapports entre hommes et femmes.

Le genre est-il une théorie ?
Pour parler du genre, ses détracteurs utilisent l'expression "théorie du genre" plutôt qu'"étude", un changement de terme qui a pour objectif de semer le doute sur son aspect scientifique. Mgr Tony Anatrella, dans la préface de Gender, la controverse, explique ainsi que la théorie du genre est un "agencement conceptuel qui n'a rien à voir avec la science".

Les chercheurs refusent donc l'utilisation du terme "théorie du genre", préférant parler d'"études sur le genre", puisqu'il s'agit d'un vaste champ interdisciplinaire regroupant tous les pans des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie, anthropologie, économie, sciences politiques...). Leurs travaux analysent donc des objets de recherche traditionnels tels que le travail ou les migrations, en partant d'un postulat nouveau : le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme, les normes sociales y participent grandement.
Le genre est-il une idéologie ?
"Le genre est un concept. Ce n'est ni une théorie ni une idéologie, mais un outil qui aide à penser", insiste le sociologue Eric Fassin, spécialiste de ces questions. A l'intérieur même des études de genre, plusieurs écoles existent, comme dans tous les domaines des sciences sociales. Par exemple, les travaux de la sociologue du travail Margaret Maruani analysent l'histoire de l'accès des femmes au travail tandis que le psychiatre Richard Rechtman utilise la notion de genre pour interroger la manière dont un individu construit son d'identité.

Les chercheurs sur le genre sont-ils militants ?
S'il est vrai que le développement des études de genre est lié au mouvement féministe des années 1970, le concept de gender ("genre") n'est pas créé par les féministes. Il apparaît dans les années 1950 aux Etats-Unis dans les milieux psychiatriques et médicaux. Le psychologue médical américain John Money parle ainsi pour la première fois des "gender roles" en 1955 afin d'appréhender le cas des personnes dont le sexe chromosomique ne correspond au sexe anatomique.

En 1968, le psychiatre et psychanalyste Robert Stoller utilise quant à lui la notion de "gender identity" pour étudier les transsexuels, qui ne se reconnaissent pas dans leur identité sexuelle de naissance.

C'est dans les années 1970 que le mouvement féministe se réapproprie les questions de genre pour interroger la domination masculine. Les "gender studies" ("études de genre") se développent alors dans les milieux féministes et universitaires américains, s'inspirant notamment de penseurs français comme Simone de Beauvoir – et son célèbre "On ne naît pas femme, on le devient" –, Michel Foucault ou Pierre Bourdieu.

En France, la sociologue Christine Delphy est l'une des premières introduire le concept en France, sous l'angle d'un "système de genre", où la femme serait la catégorie exploitée et l'homme la catégorie exploitante. Mais la greffe ne s'opère réellement que dans les années 1990, lorsque le débat sur la parité s'installe au niveau européen. La promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes devient l'une des tâches essentielles de la Communauté européenne avec l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam en 1999, notamment dans son article 2.


Les études de genre confondent-elles le genre et l'identité sexuelle ?
Quand le ministère de l'éducation a annoncé sa volonté d'introduire le concept de genre dans les manuels scolaires des classes de première, la sphère catholique et conservatrice s'est insurgée contre une "théorie" quelle accusait de nier l'individu au profit de sa sexualité. Dans une lettre envoyée au ministre de l'éducation, Luc Chatel, en août 2011 et signée par 80 députés UMP, on peut lire que, "selon cette théorie [du genre], les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualité".

Un mot d'ordre relayé par Gérard Leclerc dans un éditorial de France catholique datant de mai 2011, dans lequel il pointe la menace de ce qu'il qualifie d'"arme à déconstruire l'identité sexuelle". C'est d'ailleurs cet argument qui nourrit l'idée – répandue par la plupart des sites régionaux de La Manif pour tous – selon laquelle "le vrai but du mariage homosexuel est d'imposer la théorie du genre".

Mais les études sur le genre, et a fortiori le texte proposé pour les manuels de SVT par le ministère, insistent au contraire sur la différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle. Il s'agit d'étudier comment s'articulent ces deux mouvements entre eux, et non de substituer l'un à l'autre. Par exemple, les personnes transsexuelles interrogent leur genre, et non pas leur sexualité. On peut changer de genre sans changer de préférence sexuelle.

Dans une réponse au député UMP Jean-Claude Mignon qui, dans une question à l'Assemblée, demandait que les nouveaux manuels de SVT soient retirés de la vente, le ministre de l'éducation Luc Chatel souligne bien que "la 'théorie du genre' n'apparaît pas dans le texte des programmes de SVT". "La thématique 'féminin/masculin', en particulier le chapitre 'devenir homme ou femme', permet à chaque élève d'aborder la différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle, à partir d'études de phénomènes biologiques incontestables, comme les étapes de la différenciation des organes sexuels depuis la conception jusqu'à la puberté", ajoute le ministère.

Les manifestants ont pris d'assaut le Lion de Belfort qui trône qu centre de la place Denfert-Rochereau (Paris 14ème). (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien

Les Marianne pour tous accompagnées d'un groupe d'enfants en bérets devant le Lion de Belfort de la place Denfert-Rochereau. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien

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