quinta-feira, 13 de fevereiro de 2014

Nicolas Demorand démissionne de la présidence de «Libération».Des défis majeurs pour «Libération»/COMMUNIQUÉ/ FABRICE ROUSSELOT DIRECTEUR DE LA RÉDACTION. Nous voulons notre journal tous les matins/NOUS SOMMES UN JOURNALNous sommes «artistes, écrivains, philosophes, politiques…» / LIBÉRATION

Nicolas Demorand le 17 juin 2013 dans son bureau de Libération, devant des "unes "historiques du quotidien que la direction veut transformer en réseau social et espace culturel. (Photo Fred Dufour. AFP)

 Nicolas Demorand démissionne de la présidence de «Libération»
LIBERATION 13 FÉVRIER 2014 À 09:15 (MIS À JOUR : 13 FÉVRIER 2014 À 10:16)

Dans un message à la rédaction, il indique espérer que son départ «facilitera le dialogue» «pour sortir le journal de la crise». «Une issue logique» selon les représentants du personnel.
Nicolas Demorand a annoncé jeudi, dans un mail adressé à la rédaction de Libération, avoir démissionné du poste de président du directoire du journal.

«Chers tous, ce mail pour vous prévenir que j’ai démissionné ce matin. J’espère de tout cœur que mon départ facilitera le dialogue qui doit être renoué pour sortir le journal de la crise qu’il traverse. J’ai passé à vos côtés trois années enrichissantes, enthousiasmantes et parfois rudes. Je ne les oublierai pas. Je vous souhaite le meilleur. Amitiés», écrit Nicolas Demorand dans ce message envoyé vers 8h55.

Dans un entretien accordé au Monde et publié en même temps que son mail arrivait à Libération, Nicolas Demorand estime qu'il était de sa responsabilité de quitter ses fonctions de président du directoire et directeur de la publication. «Libération vit désormais une crise ouverte, je cristallise une partie des débats et j’estime qu’il est de ma responsabilité de patron de redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties», déclare-t-il.

Nicolas Demorand défend par ailleurs son bilan concernant la recherche de financements pour le journal au cours des trois ans qu’il a passés à sa tête. «Cela a été une très grosse partie de mon travail auprès des annonceurs, des mécènes, de la puissance publique, pour éviter que le journal ne mette la clé sous la porte. Ce qui a failli arriver à plusieurs reprises depuis trois ans. Cette PME est fragile, dans un secteur en crise, et manque chroniquement de capitaux. C’est pourquoi elle cherche aujourd’hui des investisseurs.»

Sur la question de sa présence dans les locaux de Libération, Nicolas Demorand justifie ses absences par cette quête de fonds. «J’ai découvert, en arrivant, que mon boulot serait de chercher de l’argent tous les jours. Donc ça a été l’essentiel de mon activité et c’est très chronophage.» Il dit en outre avoir décidé de partir après le rejet en assemblée générale d'un texte de sa main destiné aux pages Nous sommes un journal, dans lesquelles le quotidien chronique la crise qu'il traverse.

A la question de savoir s'il avait des regrets : «Non, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. Je garde des souvenirs qui marqueront ma vie de journaliste, par exemple la campagne présidentielle de 2012. Une chose dont je suis fier : j’ai pu mettre à de nombreuses reprises la culture à la «une», que ce soit sur le dernier livre de Pierre Bourdieu sur Manet ou sur les travaux de Pierre Rosanvallon. Libération est et reste un endroit où on peut faire un journalisme qu’on ne peut pas faire ailleurs.»

Dans un communiqué, les représentants du personnel de Libération prennent acte de la démission de Nicolas Demorand : «C'est une issue logique au vu de la motion de défiance adoptée à 89,9% lors d’un vote le 26 novembre 2013. Ce vote et cette annonce sont la conséquence de son manque d’implication dans le  journal au quotidien et dans l’élaboration d’un projet éditorial. Aujourd’hui, les salariés considèrent que les chantiers les plus importants pour Libération sont devant eux: plan d’économies, recapitalisation, développement d’un nouveau modèle économique et mise en oeuvre d’un projet éditorial ambitieux. Le tout devant préserver l’identité de Libération. L’équipe travaille à des propositions en ce sens.»


Des défis majeurs pour «Libération»
FABRICE ROUSSELOT DIRECTEUR DE LA RÉDACTION 13 FÉVRIER 2014 / http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/02/13/des-defis-majeurs-pour-liberation_979942

COMMUNIQUÉ
Le directeur de la rédaction, Fabrice Rousselot, réagit à la démission de Nicolas Demorand
Nicolas Demorand a décidé de démissionner de Libération. Dans un mail adressé à la rédaction, il dit «espérer de tout cœur que (son) départ facilitera le dialogue qui doit être renoué pour sortir le journal de la crise qu’il traverse». Il faut saluer le geste, alors que la rupture avec l’équipe semblait consommée. Aujourd’hui, les défis sont majeurs pour Libération et ce sont ces défis-là qu’il convient de relever. La crise qui nous secoue doit aussi nous donner l’énergie de rebondir autour d’un projet fort et ambitieux, sur tous les supports, papier, ordinateurs, tablettes ou mobiles.
L’urgence est aussi économique puisqu’il va falloir trouver les moyens d’assurer notre survie dans les prochaines semaines. Il est de la responsabilité de nos actuels actionnaires - et potentiellement d’un nouvel investisseur s’il se présente - de nous donner les moyens d’une relance que nous avons déjà entamée avec notre nouvelle édition du week-end et la refondation totale de notre site web. Car c’est bien d’investissements dont nous avons besoin, tant sur Internet que sur le papier.

Libération se débat depuis trop longtemps sans apport financier conséquent pour développer ses idées, notamment dans tout ce qui touche au numérique. Notre situation financière est compliquée, mais avec des pertes qui restent modestes par rapport à celles de nos concurrents. Surtout, l’équipe a démontré ces dernières semaines qu’elle était prête à se mobiliser autour d’un projet éditorial qui doit nous permettre de dessiner notre avenir. Avec la volonté affichée de faire de la qualité journalistique notre première exigence.

Fabrice ROUSSELOT Directeur de la rédaction


Nous voulons notre journal tous les matins

NOUS SOMMES UN JOURNALNous sommes «artistes, écrivains, philosophes, politiques…»
Nous sommes «artistes, écrivains, philosophes, politiques…» pour reprendre la liste des professions que les actionnaires de Libération voudraient voir fréquenter le 11, rue Béranger à Paris dans un futur «espace culturel et de conférence», un «Flore du XXIe siècle» débarrassé de son actuelle rédaction. Nous sommes aussi chercheurs, instituteurs, ouvriers, étudiants, chômeurs, ingénieurs, vignerons… Libération est notre journal, nous sommes de fidèles lecteurs.
Depuis quarante ans, il nous informe tous les matins, participe de la vie démocratique et culturelle de notre pays, alimente le débat d’idées. Il est un contre-pouvoir décisif aux pouvoirs politiques et au libéralisme ambiant. Ce journal qui résiste vaille que vaille malgré ses crises successives, nous savons que nous pouvons le lire grâce aux journalistes qui, en toute indépendance, l’écrivent au quotidien.

Alors que ces journalistes sont aujourd’hui en lutte contre un plan de redressement absurde imaginé par des actionnaires qui cherchent à monétiser la marque au risque de vider le journal de son contenu, nous sommes à leurs côtés. Nous ne voulons ni d’un restaurant, ni d’un espace culturel, ni d’un plateau télé, ni d’un bar, ni d’un incubateur de start-up, nous voulons notre journal tous les matins.

Les premiers signataires : Laurent Achard, Jean-Pierre Andrevon, Michka Assayas, Olivier Assayas, Jeanne Balibar, Alex Beaupain, Xavier Beauvois, Frédérique Bel, Juliette Binoche, Bertrand Bonello, Stéphane Brizé, Robin Campillo, Laurent Cantet, Marilyne Canto, Leos Carax, Barbara Carlotti, Caroline Champetier, Malik Chibane, Lili Chopra, Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Matali Crasset, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Claire Denis, Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Philippe Faucon, René Féret, Pascale Ferran, Irène Frachon, Thierry Frémaux, Philippe Garrel, Tony Gatlif, Eugène Green, Robert Guédiguian, Mia Hansen-Love, Monte Hellman, Christophe Honoré, Agnès Jaoui, Héléna Klotz, Bruce LaBruce, Virginie Ledoyen, Philippe Le Guay, Sébastien Lifshitz, Hervé Loevenbruck, Vincent Macaigne, Jean Marboeuf, Gilles Marchand, Tonie Marshall, Dominique Meda, Dominik Moll, Valérie Mrejen, Samy Naceri, Gaspar Noé, Arnaud des Pallières, Thierry de Peretti, Bruno Podalydès, Martin Provost, Bruno Rolland, Christophe Ruggia, Riad Sattouf, Maurice Samuels, Pierre Schoeller, Céline Sciamma, Abderrahmane Sissako, Elia Suleiman, Brigitte Sy, Justine Triet, Agnès Varda.

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