Nicolas Demorand démissionne de la présidence de «Libération»
LIBERATION 13 FÉVRIER 2014 À 09:15 (MIS À JOUR : 13 FÉVRIER
2014 À 10:16)
Dans un message à la rédaction, il indique espérer que
son départ «facilitera le dialogue» «pour sortir le journal de la crise». «Une
issue logique» selon les représentants du personnel.
Nicolas Demorand a annoncé jeudi, dans un mail adressé
à la rédaction de Libération, avoir démissionné du poste de président du
directoire du journal.
«Chers tous, ce mail pour vous prévenir que j’ai démissionné
ce matin. J’espère de tout cœur que mon départ facilitera le dialogue qui doit
être renoué pour sortir le journal de la crise qu’il traverse. J’ai passé à vos
côtés trois années enrichissantes, enthousiasmantes et parfois rudes. Je ne les
oublierai pas. Je vous souhaite le meilleur. Amitiés», écrit Nicolas Demorand
dans ce message envoyé vers 8h55.
Dans un entretien accordé au Monde et publié en même temps
que son mail arrivait à Libération, Nicolas Demorand estime qu'il était de sa
responsabilité de quitter ses fonctions de président du directoire et directeur
de la publication. «Libération vit désormais une crise ouverte, je cristallise
une partie des débats et j’estime qu’il est de ma responsabilité de patron de
redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties»,
déclare-t-il.
Nicolas Demorand défend par ailleurs son bilan concernant la
recherche de financements pour le journal au cours des trois ans qu’il a passés
à sa tête. «Cela a été une très grosse partie de mon travail auprès des
annonceurs, des mécènes, de la puissance publique, pour éviter que le journal
ne mette la clé sous la porte. Ce qui a failli arriver à plusieurs reprises
depuis trois ans. Cette PME est fragile, dans un secteur en crise, et manque
chroniquement de capitaux. C’est pourquoi elle cherche aujourd’hui des
investisseurs.»
Sur la question de sa présence dans les locaux de
Libération, Nicolas Demorand justifie ses absences par cette quête de fonds.
«J’ai découvert, en arrivant, que mon boulot serait de chercher de l’argent
tous les jours. Donc ça a été l’essentiel de mon activité et c’est très
chronophage.» Il dit en outre avoir décidé de partir après le rejet en
assemblée générale d'un texte de sa main destiné aux pages Nous sommes un
journal, dans lesquelles le quotidien chronique la crise qu'il traverse.
A la question de savoir s'il avait des regrets : «Non, j’ai
fait tout ce qui était en mon pouvoir. Je garde des souvenirs qui marqueront ma
vie de journaliste, par exemple la campagne présidentielle de 2012. Une chose
dont je suis fier : j’ai pu mettre à de nombreuses reprises la culture à la
«une», que ce soit sur le dernier livre de Pierre Bourdieu sur Manet ou sur les
travaux de Pierre Rosanvallon. Libération est et reste un endroit où on peut
faire un journalisme qu’on ne peut pas faire ailleurs.»
Dans un communiqué, les représentants du personnel de
Libération prennent acte de la démission de Nicolas Demorand : «C'est une issue
logique au vu de la motion de défiance adoptée à 89,9% lors d’un vote le 26
novembre 2013. Ce vote et cette annonce sont la conséquence de son manque
d’implication dans le journal au
quotidien et dans l’élaboration d’un projet éditorial. Aujourd’hui, les
salariés considèrent que les chantiers les plus importants pour Libération sont
devant eux: plan d’économies, recapitalisation, développement d’un nouveau
modèle économique et mise en oeuvre d’un projet éditorial ambitieux. Le tout
devant préserver l’identité de Libération. L’équipe travaille à des
propositions en ce sens.»
Des défis majeurs pour «Libération»
FABRICE ROUSSELOT DIRECTEUR DE LA RÉDACTION 13 FÉVRIER 2014 /
http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/02/13/des-defis-majeurs-pour-liberation_979942
COMMUNIQUÉ
Le directeur de la rédaction, Fabrice Rousselot, réagit à la
démission de Nicolas Demorand
Nicolas Demorand a décidé de démissionner de Libération.
Dans un mail adressé à la rédaction, il dit «espérer de tout cœur que (son)
départ facilitera le dialogue qui doit être renoué pour sortir le journal de la
crise qu’il traverse». Il faut saluer le geste, alors que la rupture avec
l’équipe semblait consommée. Aujourd’hui, les défis sont majeurs pour
Libération et ce sont ces défis-là qu’il convient de relever. La crise qui nous
secoue doit aussi nous donner l’énergie de rebondir autour d’un projet fort et
ambitieux, sur tous les supports, papier, ordinateurs, tablettes ou mobiles.
L’urgence est aussi économique puisqu’il va falloir trouver
les moyens d’assurer notre survie dans les prochaines semaines. Il est de la
responsabilité de nos actuels actionnaires - et potentiellement d’un nouvel
investisseur s’il se présente - de nous donner les moyens d’une relance que
nous avons déjà entamée avec notre nouvelle édition du week-end et la
refondation totale de notre site web. Car c’est bien d’investissements dont
nous avons besoin, tant sur Internet que sur le papier.
Libération se débat depuis trop longtemps sans apport
financier conséquent pour développer ses idées, notamment dans tout ce qui
touche au numérique. Notre situation financière est compliquée, mais avec des
pertes qui restent modestes par rapport à celles de nos concurrents. Surtout,
l’équipe a démontré ces dernières semaines qu’elle était prête à se mobiliser
autour d’un projet éditorial qui doit nous permettre de dessiner notre avenir.
Avec la volonté affichée de faire de la qualité journalistique notre première
exigence.
Fabrice ROUSSELOT Directeur de la rédaction
Nous voulons notre journal tous les matins
12
FÉVRIER 2014 À 21:26 / http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/02/12/nous-voulons-notre-journal-tous-les-matins_979841
NOUS SOMMES UN JOURNALNous sommes «artistes,
écrivains, philosophes, politiques…»
Nous sommes «artistes, écrivains, philosophes, politiques…»
pour reprendre la liste des professions que les actionnaires de Libération
voudraient voir fréquenter le 11, rue Béranger à Paris dans un futur «espace
culturel et de conférence», un «Flore du XXIe siècle» débarrassé de son
actuelle rédaction. Nous sommes aussi chercheurs, instituteurs, ouvriers,
étudiants, chômeurs, ingénieurs, vignerons… Libération est notre journal, nous
sommes de fidèles lecteurs.
Depuis quarante ans, il nous informe tous les matins,
participe de la vie démocratique et culturelle de notre pays, alimente le débat
d’idées. Il est un contre-pouvoir décisif aux pouvoirs politiques et au
libéralisme ambiant. Ce journal qui résiste vaille que vaille malgré ses crises
successives, nous savons que nous pouvons le lire grâce aux journalistes qui,
en toute indépendance, l’écrivent au quotidien.
Alors que ces journalistes sont aujourd’hui en lutte contre
un plan de redressement absurde imaginé par des actionnaires qui cherchent à
monétiser la marque au risque de vider le journal de son contenu, nous sommes à
leurs côtés. Nous ne voulons ni d’un restaurant, ni d’un espace culturel, ni
d’un plateau télé, ni d’un bar, ni d’un incubateur de start-up, nous voulons
notre journal tous les matins.
Les premiers signataires : Laurent Achard, Jean-Pierre
Andrevon, Michka Assayas, Olivier Assayas, Jeanne Balibar, Alex Beaupain,
Xavier Beauvois, Frédérique Bel, Juliette Binoche, Bertrand Bonello, Stéphane
Brizé, Robin Campillo, Laurent Cantet, Marilyne Canto, Leos Carax, Barbara
Carlotti, Caroline Champetier, Malik Chibane, Lili Chopra, Jean-Louis Comolli,
Catherine Corsini, Matali Crasset, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Claire Denis,
Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Philippe Faucon, René Féret, Pascale Ferran,
Irène Frachon, Thierry Frémaux, Philippe Garrel, Tony Gatlif, Eugène Green,
Robert Guédiguian, Mia Hansen-Love, Monte Hellman, Christophe Honoré, Agnès
Jaoui, Héléna Klotz, Bruce LaBruce, Virginie Ledoyen, Philippe Le Guay,
Sébastien Lifshitz, Hervé Loevenbruck, Vincent Macaigne, Jean Marboeuf, Gilles
Marchand, Tonie Marshall, Dominique Meda, Dominik Moll, Valérie Mrejen, Samy
Naceri, Gaspar Noé, Arnaud des Pallières, Thierry de Peretti, Bruno Podalydès,
Martin Provost, Bruno Rolland, Christophe Ruggia, Riad Sattouf, Maurice
Samuels, Pierre Schoeller, Céline Sciamma, Abderrahmane Sissako, Elia Suleiman,
Brigitte Sy, Justine Triet, Agnès Varda.
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