Une salle de prière musulmane saccagée par des manifestants à Ajaccio
Le Monde.fr avec AFP
| 25.12.2015 à 21h51 • Mis à jour le 26.12.2015 à 08h07
Une manifestation a
dégénéré, vendredi 25 décembre à Ajaccio, quand plusieurs
individus réunis dans une cité située sur les hauteurs de la ville
ont saccagé une salle de prière musulmane et tenté de mettre le
feu à des exemplaires du Coran.
Environ 150
manifestants s’étaient donné rendez-vous devant la préfecture,
un peu plus tôt dans l’après-midi et dans le calme, pour
protester contre l’agression qui avait visé, la veille, deux
pompiers et un policier.
Appelés dans le
quartier des Jardins de l’Empereur pour un incendie au milieu de la
nuit, les pompiers sont tombés dans ce que le sous-préfet François
Lalanne a qualifié de « guet-apens ». Leur véhicule a été visé
par des jets de projectiles et deux d’entre eux ont été
sérieusement blessés par des éclats de verre. Un policier,
intervenu sur les lieux pour faire revenir le calme, a été plus
légèrement blessé.
Une
expédition punitive
Certains des
manifestants réunis devant la préfecture ont appelé à se rendre
dans le quartier où avait eu lieu l’échauffourée. Ce sont au
final entre 200 et 300 personnes qui s’y sont retrouvées en toute
fin d’après-midi pour ce qui s’est transformé en expédition
punitive.
Aux cris, pour
certains, de « Arabi fora [les Arabes dehors] ! » ou « On est chez
nous ! », ils ont, dans une ambiance tendue et encadrés par des
policiers déployés pour tenter de maintenir le calme, essayé
d’identifier et de retrouver les auteurs de l’agression.Les
habitants du quartier sont restés cloîtrés chez eux, tandis que
des portes en verre, des boîtes aux lettres et des vitres de
véhicules étaient endommagées par les manifestants.
Plusieurs
manifestants ont, à cette occasion et malgré le dispositif
policier, saccagé la salle de prière musulmane, tentant même de
regrouper des exemplaires du Coran pour y mettre le feu, en n’y
parvenant que très partiellement.
La terrasse d’un
restaurant kebab situé à proximité de la cité a également été
endommagée. Les incidents ont pris fin vers 21 heures, même si la
situation restait très tendue et le déploiement de forces de
l’ordre important.
«
Depuis plusieurs mois, je sentais la tension monter »
Interrogé samedi
matin par France Info, le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, a
dit que « le calme était visiblement revenu » dans le quartier des
Jardins de l’Empereur. « Malheureusement, je ne suis pas surpris
par ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.
« Depuis plusieurs
mois, je sentais la tension monter. Il en fallait très peu pour
déclencher ces événements ».
Le gouvernement, par
la voix du premier ministre Manuel Valls et du ministre de
l’intérieur Bernard Cazeneuve, a dénoncé à la fois l’agression
de pompiers et de policiers à Ajaccio, et les dégradations visant
le lieu de culte musulman.
La France, où vit
la plus grande communauté musulmane d’Europe, avec quelque cinq
millions de membres, a connu 274 actes et menaces antimusulmans au
premier semestre 2015, selon l’Observatoire national contre
l’islamophobie (ONCI). Un chiffre en hausse de 281 % par rapport à
la même période l’an dernier, au cours de laquelle 72 actes
antimusulmans avaient été répertoriés.
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