Suspendu du FN, Jean-Marie Le Pen
déclare la guerre à sa fille
Le Monde.fr |
04.05.2015 à 20h35/ http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/05/04/jean-marie-le-pen-suspendu-de-son-statut-d-adherent-du-fn_4627361_823448.html
Furieux, « trahi
», « traité de façon scandaleuse », Jean-Marie Le Pen n'a pas eu de mots assez
forts, lundi 4 mai au soir, dans une interview accordée à Europe 1 pour dire
toute sa colère d'avoir été suspendu de son statut d'adhérent du Front national
par le bureau exécutif du parti présidé par sa propre fille. Celui-ci s'était
longuement réuni dans l'après-midi afin de décider des sanctions qui lui
incomberaient, après ses différentes déclarations polémiques, dont Marine Le
Pen s'était désolidarisée.
Dès dimanche, la
présidente du parti avait souhaité que son père ne s'exprime plus « au nom du
FN ». Cette fois, son père souhaite qu'elle « perde son nom ». « J'ai honte que
le président du Front national porte mon nom et je souhaite qu'elle le perde le
plus vite possible », a-t-il lâché, lui suggérant d'épouser son concubin, Louis
Alliot, ou le vice-président du parti Florian Philippot. « Je ne me reconnais
pas de lien avec quelqu'un qui me trahit d'une manière aussi scandaleuse »,
a-t-il encore fustigé.
A l'Agence
France-Presse (AFP), il a encore assuré qu'il allait demander qu'on lui renvoie
« une partie de (ses) cotisations. Comme j'ai adhéré à 1 000 euros, je trouve
que c'est beaucoup. » Il n'a pas non plus exclu de poursuivre le parti en
justice, « ils doivent s'attendre à tous les moyens », a-t-il prévenu.
Disparition du «
président d'honneur »
En plus de se
voir suspendu de sa qualité d'adhérent du parti par la décision du comité
exécutif, Jean-Marie Le Pen devrait perdre son statut de « président d'honneur
». Dans les « trois mois », une modification des statuts supprimant le poste
qu'il occupe sera soumise à une assemblée générale extraordinaire.
M. Le Pen n'a
jamais été un adhérent du FN comme les autres. Il a participé à la création du
parti, en 1972, et l'a ensuite présidé jusqu'en janvier 2011. C 'est à cette date,
lors du congrès de Tours, que sa fille Marine prend sa succession à la tête du
parti. Les statuts du FN sont alors modifiés, avec la création d'un nouveau
poste : la « présidence d'honneur ». L'article 11 bis de ces statuts en
précisent les contours.
C'est sur cet
article que l'assemblée générale devra se prononcer. Sa suppression a été
approuvée par une majorité des membres du bureau exécutif, plus haute instance
du parti. Elle doit maintenant l'être par les militants.
Le membre
historique du parti a d'ailleurs affirmé à l'AFP qu'il ne doutait pas du
soutien que lui accordaient ces derniers. « Les adhérents vont être indignés
par la félonie, en tout cas, ceux qui ont le sens de l'honneur. » « Je n'ai pas
volé ce soutien, je ne l'ai pas reçu en héritage non plus », a-t-il aussi
taclé, concluant, en riant : « Et si on trouve mon cadavre, sachez que je ne me
serai pas suicidé. »
« Il ne doit plus
pouvoir s'exprimer au nom du FN »
A l'issue d'un
bureau politique dans la matinée, Jean-Marie Le Pen, se disant « désavoué »,
avait refusé de participer au bureau exécutif. Il a par la même occasion exclu
tout retrait de la vie politique et a indiqué qu'il continuerait à parler en
son nom.
« Je ne parle
plus au nom du Front national depuis que je ne suis plus président. Depuis
quatre ans que Marine Le Pen est présidente, c'est elle qui parle au nom du
Front national. Moi, je parle au nom de Jean-Marie Le Pen. »
La suspension de
M. Le Pen fait suite à des propos réitérés par ce dernier sur RMC, au
début d'avril, qualifiant les chambres à
gaz du régime nazi de « détail » de la seconde guerre mondiale. Désavoué par sa
fille, il avait ensuite donné une interview à l'hebdomadaire Rivarol, dans
laquelle il avait déploré : « On n'est jamais trahi que par les siens. »
Avec la décision
d'écarter son père du parti, c'est la « dédiabolisation » de la formation
politique voulue par Marine Le Pen qui est en jeu. Un sondage BVA-Orange-iTélé
publié samedi a conforté la volonté de la présidente du mouvement :
près d'un
Français sur trois (32 %) souhaite que Marine Le Pen ait davantage d'influence
dans la vie politique française – son meilleur score avec cet indicateur –,
alors que Jean-Marie Le Pen voit sa « cote d'influence » chuter à 2 %.
« Désavoué » au FN, Jean-Marie Le
Pen ne quitte pas la vie politique pour autant
Le Monde.fr avec
AFP et Reuters / http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/05/04/jean-marie-le-pen-bientot-fixe-sur-son-sort-au-front-national_4626658_823448.html#
Jean-Marie Le Pen
a mis fin au suspense sur sa présence au bureau exécutif du Front national (FN)
auquel il était convoqué, lundi 4 mai, pour d'éventuelles sanctions. Le «
président d'honneur » du parti, qui a participé au bureau politique dans la
matinée, a répété qu'il « refuse » de se présenter devant la plus haute
instance du FN, où il devait répondre de ses multiples propos polémiques.
Se disant « désavoué
», M. Le Pen a cependant exclu tout retrait de la vie politique et a indiqué
qu'il continuerait à parler en son nom. Même s'il compte, « bien sûr »,
toujours soutenir Marine Le Pen en tant que « présidente du FN ».
« Le président
d'honneur, fondateur du Front national, estime que c'est contraire à sa dignité
de se présenter devant une assemblée disciplinaire alors qu'il s'estime
parfaitement innocent. »
Le bureau
politique de lundi matin devait initialement se consacrer aux investitures pour
les élections régionales, Jean-Marie Le Pen l'a transformé en conseil
disciplinaire avant l'heure. La réunion a été « agitée », selon certains
participants, et a duré près de quatre heures.
Une motion
condamnant les propos du président d'honneur a ainsi été votée. « Sans préjuger
des décisions du bureau exécutif », qui doit trancher dans l'après-midi le cas
de M. Le Pen, le bureau politique « considère que les commentaires ou prises de
position du président d'honneur ne peuvent en aucun cas engager le Front
National, sa présidente ou ses instances délibérantes ».
Lire le
décryptage : Jean-Marie Le Pen peut-il être exclu du Front national ?
« Tout est
possible… »
Dimanche, Marine
Le Pen a fait un pas de plus vers la mise à l'écart définitive de son père : «
Jean-Marie Le Pen ne doit plus pouvoir s'exprimer au nom du Front national, ses
propos sont contraires à la ligne fixée », a tranché la présidente du parti sur
le plateau du « Grand Rendez-vous » Europe 1-Le Monde-i-Télé. « Il ne faut pas
que ses propos engagent le mouvement. » Mme Le Pen n'a toutefois pas dit
concrètement quelle sanction elle souhaitait voir prise.
Florian
Philippot, influent vice-président du parti, en a rajouté dans la
dramatisation. Interrogé dimanche soir sur l'hypothèse d'une exclusion de M. Le
Pen, il a répondu : « Tout est possible… » Elle comporterait toutefois des
risques sérieux. « Ça ouvrirait les portes de l'enfer ! », prévient un
frontiste. « Il peut être tout aussi venimeux une fois exclu », remarque un
autre.
Que Jean-Marie Le
Pen quitte de force le parti à la création duquel il a participé en 1972 serait
« surnaturel, surréaliste ! », prévient son principal soutien, la
vice-présidente Marie-Christine Arnautu. Pour plusieurs cadres du Front
national, tout dépendra de la manière, conciliante ou provocante, dont
Jean-Marie Le Pen se présentera devant ses « juges ».
Sem comentários:
Enviar um comentário