Municipales 2014 : Anne Hidalgo
remporte la mairie de Paris
Le Monde.fr |
30.03.2014 / http://www.lemonde.fr/paris/article/2014/03/30/paris-la-socialiste-anne-hidalgo-remporte-la-mairie_4391725_1779311.html
Après des années
passées dans l'ombre de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo devrait accéder au siège
de maire de Paris lors du prochain conseil municipal. En remportant les
arrondissements clés que sont le 14e et le 12e, et malgré le basculement à
droite du 9e, elle s'assure une majorité parmi les élus.
La succession de
Bertrand Delanoë, « cela fait plusieurs années que j'y pense en me maquillant
le matin » confiait Anne Hidalgo au Monde. C'est le 4 septembre 2012, après
onze années passées dans les pas du maire de Paris, que l'ancienne inspectrice
du travail quitte les arcanes de l'hôtel de ville pour se lancer dans la
campagne. Un coup de semonce à gauche ! La discrète se lance dans la lumière et
double dès le départ les ambitieux de sa famille politique. Adoubée par le
maire sortant, forte de son avance et sans bruit médiatique, elle enchaîne les
étapes, rallie ses adversaires internes et les inclut dans son équipe de
campagne, pose un accord avec ses partenaires, constitue les listes et le
programme.
En face, Nathalie
Kosciusko-Morizet adopte la méthode opposée. De la primaire UMP jusqu'aux
dernières semaines de campagne, la candidate multiplie les coups et dépense
autant d'énergie à combattre la candidate socialiste qu'à parer les attaques
des dissidents de sa famille politique. « Nathalie s'est crue plus intelligente
que tout le monde », laisse tomber un ancien ministre sarkozyste. Mais comme
Françoise de Panafieu en 2008 et Philippe Séguin en 2001, l 'ancienne ministre
s'est noyée dans le marigot de la droite parisienne, entraînée vers le fond par
les barons locaux de l'UMP.
DISCRÉTION ET
AUTORITÉ
« Anne a
construit son truc brique par brique, et un jour on s'est réveillés et c'était
fait, constate Marie-Pierre de La Gontrie, l'une de ses rivales historiques,
première vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France et désormais
assagie dans l'équipe de campagne de la candidate. Elle
nous a surpris par son habileté et il faut dire qu'elle a plutôt fait un
sans-faute. Elle a réussi à
se mettre tout le monde dans la poche, à s'imposer dans son camp à bas bruit. »
Une discrétion qu'elle marie avec
suffisamment d'autorité. «
Elle sait articuler des moments de grande fermeté et une capacité d'écoute »,
décrypte Sandrine Mazetier, députée socialiste de Paris. « Elle a hérité du
maire de Paris le même autoritarisme », poursuit Yves Contassot, conseiller de
Paris EELV. François Hollande lui a rappelé ses «colères froides », le 18
septembre, alors qu'il épinglait la Légion d'honneur au revers de sa veste.
Anne Hidalgo, est
à 54 ans, la première femme maire de Paris.
Municipales 2014 : la chute du
socialisme municipal
Le Monde.fr |
31.03.2014 à 03h44 • Par Françoise Fressoz / http://www.lemonde.fr/municipales/article/2014/03/31/la-chute-du-socialisme-municipal_4392563_1828682.html
Par une cruelle
ironie de l'histoire, François Hollande est devenu le fossoyeur de ce qu'il
avait construit. S'il n'a pas inventé le socialisme municipal qui est
intrinsèquement lié à l'histoire du PS français, les onze années qu'il a
passées à la tête de son ancien parti ont fortement contribué à ancrer le
phénomène : entre 1997 et 2008, alors qu'il était premier secrétaire, les
socialistes ont collectionné les gains aux élections cantonales et régionales ;
ils ont arraché Paris et Lyon à la droite lors des municipales de 2001 et
conquis, sept ans plus tard, 44 villes de plus de 20 00 habitants. Peu à peu,
ils sont devenus les maîtres du territoire au point d'arracher la présidence du
Sénat à la droite en 2011.
C'est ce patrimoine opiniâtrement constitué
scrutin après scrutin que le même François Hollande, devenu président de la
République, a brusquement amputé. Dimanche, sous l'effet d'un vote qui ressemble fort à de la colère, le
Parti socialiste n'a pas seulement perdu 155 villes de plus de 9 000 habitants,
dont 68 de plus de 30 000 habitants. Il a aussi amputé sa capacité d'action
dans les métropoles : si Paris, Lille, Strasbourg et Lyon ont résisté à la vague
bleue, les communautés urbaines de Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Marseille
semblent bel et bien perdues.
HÉMORRAGIE D'ÉLUS
ET DE FONCTIONNAIRES
Pour les
socialistes, c'est un véritable séisme car la consolidation, élection après
élection, d'un puissant réseau d'élus locaux qui avaient démontré leur capacité
à gérer les territoires, était un gage de stabilité. Elle permettait de
rebondir après les défaites présidentielles (2002 et 2007) , d'entretenir une
armada d'affidés dans les exécutifs locaux et d'expérimenter sur le terrain un
socialisme marqué du sceau de l'ouverture.
C'est tout
cela qui brusquement s'écroule. Du jour au lendemain, le Parti socialiste va connaître une hémorragie
d'élus et de fonctionnaires que ces élus faisaient vivre. Surtout, il va douter
de son avenir avec, au sommet, un président de la République au plus bas dans
les sondages et, à la base, de sérieuses pertes en ligne.
L'IMPOPULARITÉ
NATIONALE A ÉTÉ TROP FORTE
Le procès en
responsabilité risque d'être sans merci. Dès le début de la campagne
municipale, les élus socialistes avaient tenté de se protéger du mauvais vent
parisien. Tous avaient
mené une campagne strictement locale et beaucoup avaient omis d'afficher sur
leurs affiches la rose et le poing. Cette étanchéité cependant n'a pas suffi. L'impopularité nationale a été
trop forte. A moins que le socialisme municipal ne soit devenu trop faible pour
résister à cette impopularité.
C'est une
hypothèse à envisager car la crise des finances publiques commence à toucher
les collectivités locales. L'impôt local est de moins en moins bien supporté,
les grands projets sont en berne, la problématique sécuritaire est en hausse.
Le Front national qui a fait campagne contre
les impôts et « la gabegie » a marqué des points comme jamais. Tout cela
traduit un changement de climat qui sonne comme une sérieuse alerte pour le PS
: la responsabilité n'est peut être pas que nationale.
Sem comentários:
Enviar um comentário