domingo, 23 de abril de 2017

The novel that unites Marine Le Pen and Steve Bannon


Jean Raspail : "Que les migrants se débrouillent"
Son livre "Le Camp des saints", paru en 1972, semble aujourd'hui prophétique à certains. Pour lui, il n'est pas de migrants, juste un envahissement.

PAR SAÏD MAHRANE
Modifié le 29/09/2015 à 20:08 - Publié le 29/09/2015 à 06:11 | Le Point.fr

C'est un homme d'un âge avancé, habillé d'une veste cavalier aux épaulettes vertes, qui s'excuse d'avance pour les mots qu'il ne trouvera pas et pour la mémoire qui lui fera parfois défaut. Il émane de lui une certaine anxiété à l'idée de parler du livre de sa vie. Physiquement, il paraît pourtant solide, debout sur ses deux jambes arquées, petite moustache au garde-à-vous. Avant de nous attabler à la table de son salon, où il a posé par coquetterie, telle une sur-nappe, un petit carré de marin, Jean Raspail tient à nous faire visiter sa bibliothèque qui occupe une pièce de son appartement du 17e arrondissement de Paris. Giono, Modiano, Cau, Camus, Volkoff… Jean Raspail, qui jouit du titre de consul général de Patagonie, collectionne autant les livres – des centaines, sans compter ceux qui sont à la cave – que les bateaux miniatures et les petits soldats de plomb vendéens. Son livre Le Camp des saints vient d'être traduit en allemand – après une réédition (Robert Laffont) en France en 2011 – et rencontre, selon son auteur, « un bon accueil » outre-Rhin. En parlant d'accueil, nous évoquons avec lui la crise des migrants, la crainte et l'espoir qu'ils inspirent auprès de certains, la genèse de son livre, véritable ouvrage « prophétique » pour une partie de l'extrême droite française… Entretien.

Le Point.fr : On vous doit Le Camp des saints, un livre paru en 1972 narrant l'arrivée massive de migrants sur les côtes de la Méditerranée que certains, à l'extrême droite, considèrent, plus encore depuis la crise des réfugiés, comme visionnaire… Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Jean Raspail : Cette crise des migrants met surtout fin à trente ans d'insultes et de calomnies contre ma personne. J'ai été traité de fasciste pour ce roman considéré comme un livre raciste…
L'êtes-vous, raciste ?
Non, pas du tout ! On ne peut pas avoir voyagé toute sa vie, être membre de la Société des explorateurs français, avoir rencontré je ne sais combien de peuplades en voie de disparition, et être raciste. Cela me paraît difficile. Lors de sa parution en 1972, le livre a énormément choqué, et pour cause. Il y a eu une période, notamment sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, où s'exerçait un véritable terrorisme intellectuel contre les écrivains de droite.
Un « terrorisme intellectuel », déjà ?
Oui. On m'a insulté, traîné dans la boue, puis cela s'est doucement tassé. Car, peu à peu, on s'est mis à vivre la situation que je décris dans ce livre. Un certain nombre d'intellectuels, y compris de gauche, ont reconnu qu'il y avait du vrai dans ce que j'annonçais. Bertrand Poirot-Delpech, qui m'avait descendu dans Le Monde à la sortie du livre, a déclaré dans un article paru dans le même journal, en 1998, que j'avais finalement raison. Maintenant, c'est fini.
Le Camp des saints inspire également le rejet, tout comme l'évocation de votre nom…
Parmi les irréductibles anti-Raspail, il ne reste guère plus que Laurent Joffrin (patron de Libération, NDLR). Lui, il n'y a rien à faire, il continue à me cracher dessus, c'est plus fort que lui. Mais mon ami Denis Tillinac se charge de lui répondre. Je ne suis pas revanchard. Je suis désormais à ma juste place.
Si ce livre n'est pas raciste, comment le qualifieriez-vous ?
C'est un livre étonnant.
Étonnant ?
Ce livre est né étrangement. Avant lui, j'avais écrit des livres de voyages et des romans sans grand succès. J'étais dans le Midi, un jour de 1972, chez une tante de ma femme, près de Saint-Raphaël, à Vallauris. J'avais un bureau avec une vue sur la mer et je me suis dit : « Et s'ils arrivent ? » Ce « ils » n'était d'abord pas défini. Puis j'imaginais que le tiers-monde se précipiterait dans ce pays béni qu'est la France. C'est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J'arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j'allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu'elle est divine, mais étrange.
Il est une chose que vous n'aviez pas anticipée, c'est le rejet suscité par ce livre dès sa parution…
Quand mon éditeur Robert Laffont, un homme apolitique, a lu le manuscrit, il a été très enthousiasmé et n'a pas trouvé une virgule à changer. D'ailleurs, je n'ai rien changé.
C'est un livre qui aurait été possible aujourd'hui ?
Au départ, Le Camp des saints n'a pas marché. Pendant au moins cinq ou six ans, il a stagné. Il s'est peu vendu. Après trois ans, brusquement, le chiffre des ventes a augmenté. Le succès est venu par le bouche-à-oreille et grâce à la promotion qu'en ont faite des écrivains de droite. Jusqu'au jour où, en 2001, un bateau de réfugiés kurdes s'est échoué à Boulouris, près de Saint-Raphaël, à quelques mètres du bureau où j'ai écrit Le Camp des saints ! Cette affaire a fait un foin terrible dans la région. Du coup, on a reparlé de mon livre et il a touché un large public. C'était le début d'une arrivée maritime de gens d'ailleurs. Je suis un peu honteux, car lorsqu'il y a une vague importante de migrants, on le réimprime. Il est consubstantiel de ce qui se passe.
Est-ce un livre politique ?
Peut-être un peu, oui. Le dernier carré de fidèles et de combattants est composé de patriotes, attachés à l'identité et au terroir. Ils s'insurgent contre la fraternité générale et le métissage…
Vous vous défendez d'être d'extrême droite, mais votre livre à valeur de tract dans certaines mouvances xénophobes. Vous le déplorez ?
Vous parlez de l'extrême de l'extrême droite ! C'est possible que ce livre soit instrumentalisé et il peut y avoir, parfois, des excès de langage. Je n'y peux rien. Par ailleurs, je ne vais pas sur Internet, je ne suis pas entré dans le XXIe siècle, je ne sais donc pas ce qu'on y dit. Personnellement, je suis à droite, et cela ne me gêne pas de le dire. Je suis même de « droite-droite ».
C'est-à-dire ?
Disons plus à droite que Juppé. Je suis d'abord un homme libre, jamais inféodé à un parti. Je patrouille aux lisières.
Vous votez ?
Pas toujours, je suis royaliste. Je vote au dernier tour de la présidentielle. Je ne vote pas à gauche, c'est une certitude.
Avez-vous songé à écrire une suite au Camp des saints ?
Il est certain qu'il y en aura une, mais elle ne sera pas de moi. Est-ce qu'elle arrivera avant le grand bouleversement général ? Je n'en suis pas sûr.
Dans votre livre, vous évoquez le caractère « féroce » des migrants. Or, on constate aujourd'hui que ceux qui arrivent de Syrie ou d'ailleurs n'ont pas le couteau entre les dents…
Ce qui se passe actuellement n'est pas important, c'est anecdotique, car nous n'en sommes qu'au début. En ce moment, tout le monde s'exprime sur le sujet, il y a des milliers de spécialistes de la question des migrants, c'est un chaos de commentaires. Aucun ne se place dans les 35 ans qui viennent. La situation que nous vivons est moindre à côté de ce qui nous attend en 2050. Il y aura 9 milliards d'individus sur terre. L'Afrique est passée de 100 millions à un milliard d'habitants en un siècle, et peut-être le double en 2050. Est-ce que le monde sera vivable ? La surpopulation et les guerres de religion rendront la situation délicate. C'est alors que se produira l'envahissement, qui sera inéluctable. Les migrants viendront en grande partie de l'Afrique, du Moyen-Orient et des confins de l'Asie…
Faut-il combattre le mal à la racine et bombarder les points stratégiques de Daesh, comme vient de le faire la France ?
C'est leur problème, pas le nôtre. Cela ne nous concerne pas. Qu'avons-nous été faire dans cette histoire ? Pourquoi voulons-nous jouer un rôle ? Qu'ils se débrouillent ! Nous nous sommes jadis retirés de ces régions, pourquoi y revenir ?
Et que fait-on lorsque des ordres d'attentat contre la France sont passés depuis la Syrie ?
On bloque. On empêche les entrées sur le territoire français. Les politiques n'ont aucune solution à ce problème. C'est comme la dette, on la refile à nos petits enfants. Il reviendra à nos petits-enfants de gérer ce problème de migration massive.
L'Église catholique n'est pas du tout sur cette longueur d'onde. Elle invite les fidèles à faire preuve de générosité…
J'ai écrit que la charité chrétienne souffrira un peu devant les réponses à apporter face à l'afflux de migrants. Il faudra se durcir le cœur et supprimer en soi toute sorte de compassion. Sinon quoi, nos pays seront submergés.
Refuser l'accueil de tous, y compris des chrétiens d'Orient ?
Éventuellement, car ils sont les plus proches des Occidentaux de par leur religion. C'est pourquoi beaucoup de Français souhaitent les accueillir. La France, ce pays sans aucune croyance religieuse, prouve que le fond de la civilisation occidentale est un fond chrétien. Les gens, même s'ils ne vont plus à la messe et ne pratiquent pas, réagissent selon ce fond chrétien

The novel that unites Marine Le Pen and Steve Bannon
Stridently anti-immigrant, The Camp of Saints was originally ignored or pilloried. Now, it’s found a following.

By           CÉCILE ALDUY    4/23/17, 2:52 PM CET Updated 4/24/17, 2:55 AM CET

In 1973, a strange apocalyptic novel imagined the Southern coast of France suddenly overrun by hundreds of boats “piled high with layer on layer of human bodies” carrying hundreds of thousands of migrants from the Indian continent. Within 24 hours, as the military response fails, political elites capitulate and the French native population collapses morally, poisoned by their “damned, obnoxious, detestable pity” for “other races,” the West falls to the “black and brown” invasion “swarming” across its land.

Much has been made recently about this grandiloquent, often verbose and violently racist 325-page dystopia, The Camp of the Saints, written by the French novelist (and royalist) Jean Raspail. Forty-four years after its release, the book is said to have sold 500,000 copies, at least according to Raspail himself, and has become the bible of alt-right circles in the United States and in France.

It is also the surprising common denominator between two political figures who might well be among the most powerful actors in the years to come: French far-right presidential candidate Marine Le Pen, currently predicted to make it to the second round of the French presidential election after Sunday’s vote, and President Donald Trump’s controversial political adviser Steve Bannon. Both have cited the book with admiration as key to understanding the refugee crisis in 2015 and, more generally, the supposed threat to Western civilization posed by immigration. For them, the book is neither an allegory nor science fiction. It is a vivid description of today’s “migratory submersion” (Le Pen’s words) or “invasion” (Bannon’s), and the failure of political “elites” to respond with the necessary resolve to preserve what Bannon calls the “underlying principles of the Judeo-Christian West.”

But Le Camp des Saints, to use the original French title, wasn’t always seen this way. In fact, it was initially panned by critics in France and sold poorly, only to rise in popularity since its first reprint, in 1985—exactly as the French far-right likewise ascended. To trace the novel’s popular trajectory over the past half-century is, in a sense, to trace the rightward political shift in France—and much of Europe and the United States — and to watch the trivialization of hostile rhetoric against immigrants and other “cultures.”

It is only in recent years that the book has started to be perceived less as a madman’s fantasy, and more as a metaphor for the times, at least in France’s conservative circles.
When Raspail wrote the book more than 40 years ago, he was taking a break from a string of adventures in the Americas exploring far away countries. His anti-modernist philosophy took him to track ancient civilizations such the Incas and Indian tribes from the Andes that had been forced into extinction by the brutal force of the modern world. One day, gazing at the sea from his villa overlooking the Mediterranean, he pondered: “What if ‘they’ came?” The novel is the brainchild from that epiphany.

At the time that Raspail’s novel was first released, France was still sailing on the tail end of 30 years of post-war economic growth, and was still forcefully importing workers from the former colonies to fuel that growth. The far-right National Front had just been founded by Jean-Marie Le Pen (Marine’s father) and a handful of former Vichy regime supporters and fighters for the French Empire—with limited success, though: The party garnered barely 1 percent of the votes the first time it presented candidates in a national election, in March 1973. That same year, Raspail’s book was ignored by liberal and leftist literary critics. Even France’s biggest right-wing newspaper, Le Figaro, where Raspail was a contributor, tore apart the novel. Only a few far-right fringe publications like Minute and Rivarol, praised the novel as “visionary.” After it sold a disappointing 15,000 copies in its first year, its publisher, Robert Laffont, soberly said the book had not found its audience.

It’s not hard to see why many in France were turned off by Raspail’s volume. Opening it, they would have read putrid descriptions of “the terrible stench of latrines that heralded the fleet’s arrival” and of nameless Indian savages eating, literally, their own shit. They might have gasped at Raspail’s account of the “legions of the Anti-Christ” ready to rape and massacre the native French, and those already in Paris—the “Métro-troglodytes, black crabs with ticket-punching claws; the stinking drudges who mucked around in filth”—waiting in the shadow for “a new kind of holy war.” The true “heroes” of the novel, meanwhile, are those who believe in “scorn of people for other races, the knowledge that one’s own is best, the triumphant joy at feeling oneself to be part of humanity’s finest.” According to Raspail, “man never has really loved humanity all of a piece—all its races, its peoples, its religions—but only those creatures he feels are his kin, a part of his clan, no matter how vast.” (These quotes are taken from Norman R. Shapiro’s English translation of the novel.)

Over the course of its steady career, The Camp of Saints has been translated into a dozen languages, including an English version published in 1975 by Scribner and translated by Shapiro, the respected translator of Charles Baudelaire, Paul-Marie Verlaine and Jean de La Fontaine. But it is only in recent years that the book has started to be perceived less as a madman’s fantasy, and more as a metaphor for the times, at least in France’s conservative circles. The book’s flavor of transgression has not entirely evaporated, but it clearly now seems more palatable, thanks to the acclimatization of its once polemical ideas. It even has companions—on bookshelves and on the internet—that similarly speak of an increasing fear of the demographic “replacement” of native French people. Media figure Éric Zemmour’s 2014 French Suicide, for instance—a collection of essays that criticized the country’s sense of “national repentance” for colonization and what Zemmour calls the “religion” of human rights—sold more than 500,000 copies within a year.

A key moment for The Camp of the Saints was the release of its 2011 reprint edition, which sold more than 70,000 copies within four years. It also received extensive media coverage, including interviews in popular talk shows, and lavish reviews in mainstream weeklies like Le Point and L’Express, as well as the more conservative Valeurs Actuelles. The same Le Figaro that, 40 years earlier, had destroyed Raspail’s book, opened its columns to a long, genial interview with its author.

More recently, especially as hundreds of thousands of refugees from Africa and the Middle East began arriving in Europe in 2015, Raspail’s title has become something of a catchphrase in both the United States and France for Breitbart-like pundits, signalling a ready-made argument against “politically correct” humanitarianism and a warning against immigration’s deadly consequences for Western (read: Christian, white) people. On his radio show in October 2015, Bannon, then the head of Breitbart, referred to “a Camp of the Saints-type invasion” when describing the wave of refugees arriving in Europe.

Ten of the 11 presidential candidates onstage prior to a televised debate on April 4 | Lionel Bonaventure/AFP via Getty Images

The primary peddler of Raspail’s ideas in France, meanwhile, has been Marine Le Pen, the leader of the far-right National Front party. She first read the book, which was routinely sold at National Front’s rallies throughout the 1980s and 90s, when she was 18, and again in 2012; today, she keeps a dedicated copy by her desk in her office. But it was only at the height of the refugee crisis in 2015 that she decided to bring it to the attention of the general public. On September 2, 2015, in the middle of the worldwide outcry caused by the picture of a 3-year-old Syrian boy, Aylan Kurdi, washed ashore on the coast of Greece, face down in the sand, Le Pen tried to replace that image with another, scarier vision. On French radio, Le Pen, by then the leader of the National Front, spoke of the “hundreds of thousands of migrants who will come tomorrow”—what she called a “real migratory submersion.” Then came the pitch: “I invite the French to read, or read again The Camp of the Saints, by Jean Raspail, because the images of cargo ships throwing hundreds of migrants—that’s The Camp of the Saints.”

Le Pen’s public admiration for the novel—which describes immigrants as “microbes” and uses race, in its most basic biological sense, as the key factor that explains individual motives and values societies’ fates—caused a stir in circles on the left. But today, public opinion in large part has been immunized against such indignations. A 2016 survey by Ipsos for the Institute of Political Science in Paris found that 65 percent of the French population polled believed there were too many foreigners in France, while 63 percent approved the statement “Today we don’t feel at home in our own country as we used to.” And Le Pen’s anti-immigration party has scored record electoral successes in the past few years, earning 25-28 percent of the vote in the past three national elections.

Today, in France and other Western countries, decrying the “unceasing flow of illegal immigration” or the “massive wave of illegal immigration washing ashore the coasts of France,” as Le Pen does in most of her rallies, has started to sound predictable. Worse: trivial, and almost dull.

At a rally in Paris on Monday, in the last few days of an increasingly tight presidential race, Le Pen announced, for the first time, a plan to temporarily ban all legal immigration on Day One of her presidency, if she is elected. A jubilant crowd of 6,000 supporters chanted, “France to the French” and, “It’s our home” (“On est chez nous”) in response. The National Front’s previous anti-immigrant proposals—cutting the net balance of immigration down to only 10,000 entrees per year, drastically limiting the possibility of being naturalized as French and taxing jobs held by foreigners an extra 10 percent—were apparently not seen as harsh enough. For nearly two years straight, Le Pen has led the polls in the presidential election. But her numbers had started to erode over the past couple weeks, as far-left candidate Jean-Luc Mélenchon has risen and the right-wing François Fillon has stubbornly held on despite of his indictment for fraud in March. Instead of trying to accommodate voters at the political center, Le Pen took a sharp turn further to the right. She played it à la Trump and invented an even more extreme version of the “Muslim ban” to get the media’s and the voters’ attention.

“[The book] took to heart, unknowingly, what is, was and will be for a very long time the issue of the Western world” — Jean Raspail
It was a move right out of the Raspail playbook. It’s true that Le Pen has made a point of eradicating the “r”-word—“race”—from the new National Front’s vocabulary. (The word is still taboo in France because of its nefarious use during World War II.) Last year, she insisted to the conservative weekly Valeurs Actuelles, “Whether one’s skin color is black or white, whether one comes from the islands or Ardèche, one is French.” Yet her very next statement in the same interview was right in line with Raspail’s views: “But to be French cannot be reduced to simply ‘having been born in France,’” she added, confirming her intention to abolish the current right to citizenship for anyone born and raised in France. To Le Pen, blood, or jus sanguinis—the right to citizenship based on one’s parents’ or ancestors’ status—is the only legitimate way to be French. Blood, and a phobia for racial interbreeding, is also the subtext of Raspail’s book. In his preface to the 2011 reprint, he took pains to list all the names of his ancestors back to the age of Louis XIV, to prove that not one ounce of non-European blood runs in his veins. “[T]here is not a single name that could indicate any exotic ascendance,” concluding, with a sigh of relief, “I am not mixed-race!”

Raspail, for his part, seemed unfazed when he learned that Bannon had adopted his novel as a roadmap. “I’m not surprised. Other presidents read it. Reagan read The Camp of the Saints, so did François Mitterrand in France,” he declared in a March 9 radio interview on France Info. Was he proud of the book? “Proud? No. I was useful. It took to heart, unknowingly, what is, was and will be for a very long time the issue of the Western world.”

By choosing Le Pen as France’s next president—or note—French voters will soon tell us whether they agree.


Cécile Alduy is professor of French studies at Stanford University and a research fellow at the CEVIPOF in Paris.

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