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d’un veto de Cameron, Juncker en pole position pour la Commission
28 mai 2014 / LE
MONDE / http://unioneuropeenne.blog.lemonde.fr/2014/05/28/juncker-en-pole-mais-rien-nest-acquis/
Juncker en situation
favorable, mais rien n’est acquis
Angela
Merkel et ses homologues ont, sans surprise, convenu de garder la main. Comme prévu, chefs d'Etat et de
gouvernement des Vingt-Huit ont mandaté Herman Van Rompuy, le président du
Conseil européen, afin qu’il démine le terrain en vue de désigner le successeur
de José Manuel Barroso. Mais avant de trancher sur les personnes, les
Vingt-Huit veulent réfléchir aux priorités du prochain président de la
Commission : croissance, intégration de la zone euro, énergie, et
diplomatie-défense commune.
D’ici au prochain
sommet, fin juin, les consultations pilotée par Van Rompuy devront être menées
en « étroite concertation » avec Jean-Claude Juncker, chef de file du Parti
populaire européen, arrivé en tête des élections, et les nouveaux responsables
du Parlement européen, a souligné Angela Merkel. « Il n’y a pas d’automatisme
», a répété la chancelière, tout en martelant que l’ancien premier ministre
luxembourgeois était bien « le candidat » du PPE. Sans dire si l'intéressé
figurerait, ou pas, dans le tableau final.
La mission confiée à Herman Van Rompuy
cherche avant tout à éviter un « clash » entre Parlement et Conseil européen.
Car plusieurs dirigeants, dont quelques-uns sont membres du Parti populaire
européen, se sont appuyés sur la vague anti-UE constatée dimanche 25 mai pour
contester le choix de M. Juncker, vétéran de la construction européenne, et
cofondateur de l’euro. « L’Europe doit changer », et « nous n’avons pas besoin
d’homme du passé », a lâché David Cameron. Le premier ministre populiste
hongrois Viktor Orban, le Suédois Fredrik Reinfeldt, la Danoise Helle
Thorning-Schmidt, le Néerlandais Mark Rutte et les dirigeants baltes ont
renchéri. A eux tous, ces personnalités ne sont pas loin, pour diverses
raisons, de former une minorité de blocage susceptible d’entraver la nomination
de M. Juncker.
Paradoxe, l’ancien président de
l’Eurogroupe s’est targué, avant le dîner, et devant les dirigeants de sa
famille politique, dont Angela Merkel, d’être soutenu par l’ensemble des chefs
d’Etat et de gouvernement… socialistes. Y compris François Hollande. « C’est à
lui de mener les consultations, puisqu’il est arrivé en tête », dit-on dans
l’entourage du président de la République. L’ancien premier ministre
luxembourgeois espérait obtenir au plus vite un mandat pour former une large
coalition entre droite et gauche du Parlement européen.
Lors du sommet du PPE,
avant le dîner des Vingt-Huit, il a même insisté en ce sens, contre l'avis
d'Angela Merkel et d'Herman Van Rompuy. Agacée, la chancelière s'est dite
"très surprise" par sa détermination, selon un participant, même si
plusieurs de ses homologues, dont le Polonais Donald Tusk, ont soutenu le
candidat du PPE. Pour la chancelière, c'est au Conseil de désigner le
successeur de M. Barroso, pas au Parlement européen. M. Juncker va donc devoir
patienter. Mais il craint, non sans raison, que le débat sur les priorités, et
le mandat donné à Herman Van Rompuy,ne soient une façon déguisée de lui barrer
la route.
Philippe Ricard
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