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Corse
: le maire de Sisco prend un arrêté contre le « burkini » à la
suite des violences du week-end
Le Monde.fr avec AFP
| 15.08.2016 à 11h35 • Mis à jour le 15.08.2016 à 12h34
Le socialiste
Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco (Haue-Corse), a pris un arrêté
interdisant le « burkini » sur les plages de sa commune, après les
incidents violents du week-end, a-t-il annoncé lundi 15 août. Il
sera enregistré dès mardi en préfecture, a-t-il précisé.
M. Vivoni a réuni
dimanche soir un conseil municipal extraordinaire, au lendemain d’une
violente rixe entre jeunes corses et d’autres d’origine
maghrébine qui a fait cinq blessés. Selon des témoins, la rixe
éclata quand plusieurs familles musulmanes se baignant dans une
crique près du village de Sisco furent prises en photo par des
touristes.
La mairie de Sisco a
pris dimanche soir la décision d’annuler les festivités du 15
août dans la commune, « pas pour des raisons de sécurité mais
parce que les habitants n’ont pas la tête à ça », selon M.
Vivoni.
Enquête de
flagrance
Le maire de Sisco
appuie sa décision sur deux arrêtés similaires : celui de la
mairie de Cannes, validé par la justice, et celui de
Villeneuve-Loubet, pris à la suite du premier.
Lire aussi :
Interdiction des burkinis : la justice conforte l’arrêté de la
mairie de Cannes
Une enquête de
flagrance « pour violence en réunion » a été ouverte pour «
établir l’origine » des faits de samedi, selon le parquet de
Bastia.
Dimanche, environ
500 personnes ont participé à Bastia à un rassemblement dans une
atmosphère tendue. Criant « aux armes ! On va monter parce qu’on
est chez nous », la foule s’est dirigée vers le quartier
populaire de Lupino, dont les gendarmes mobiles ont bloqué l’entrée.
Affrontements
: le risque de l'escalade en Corse
De notre
correspondant à Sisco (Haute-Corse) Julien Argenti|15 août 2016,
7h00 | MAJ : 15 août 2016, 7h01
Violences
à Sisco. Une petite plage du nord de l'île a été le théâtre
d'une rixe intercommunautaire violente. Les autorités craignent
d'autres incidents.
Tendu, pesant,
explosif. Depuis samedi soir et les événements de Sisco, le climat
s'est enflammé dans la région de Bastia (Haute-Corse). Dimanche
matin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la
place Saint-Nicolas de Bastia puis devant la préfecture. Dans
l'après-midi, une vague corse a déferlé dans le quartier populaire
et multiculturel de Lupino, à l'entrée sud de Bastia. « Les
agresseurs habitent ici. On veut montrer à leurs frères, à leurs
amis et à tous ceux qui les connaissent que nous ne tolérerons
jamais ce genre d'actes sur notre terre ! » assène Etienne, au
milieu du cortège, qui s'est finalement dispersé sans violences,
excepté à proximité de l'hôpital, où les forces de l'ordre ont
fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des individus
menaçants.
Samedi, le cadre
idyllique de la plage de Sisco, charmant petit village du cap Corse,
dans le nord de l'île, a été le théâtre d'une rixe très
violente qui a fait 5 blessés et nécessité l'intervention en
urgence de pompiers, gendarmes, policiers et même d'un hélicoptère.
Selon les premiers éléments de l'enquête, plusieurs jeunes du
village, de 15 à 18 ans, auraient été confrontés à un groupe de
personnes venues à la plage de Bastia. La situation a dégénéré
lorsque ces dernières ont reproché aux adolescents de photographier
leurs femmes, qui se baignaient en burkini selon plusieurs témoins.
Des armes blanches
auraient été exhibées en signe de menace. Alerté par son fils, un
père de famille, rapidement venu sur les lieux, a subi un tir de
harpon dans le thorax.
Les élus redoutent
d'autres affrontements
Coups de fils,
bouche-à-oreille, mouvement de foule, la plage a rapidement pris des
allures de bataille rangée voyant débouler des dizaines de
villageois venus prêter main-forte aux jeunes. « J'étais en train
de jouer aux cartes dans un bar, à trente minutes de Sisco,
lorsqu'on m'a appelé pour me dire : Des jeunes ont été attaqués
au couteau par une bande. J'ai pris ma voiture et je suis
immédiatement descendu, explique Manuel. Agresser un seul Corse,
c'est comme agresser toute la Corse. Depuis plusieurs mois, François
Hollande nous répète que nous sommes en guerre. Et dans une guerre,
quand on est attaqué, il faut répondre. Et pas seulement en
allumant des bougies... » Trois voitures ont été incendiées, dont
certaines appartenant au groupe de Bastia, et les gendarmes ont dû
protéger un blessé de peur qu'il ne soit lynché par la foule. Les
5 blessés légers sont sortis dimanche soir de l'hôpital.
Dimanche, dans les
ruelles de Sisco, le calme était revenu. Du moins en apparence... «
Il n'y a plus grand monde aujourd'hui, tout le monde est allé à
Bastia. Voir la commune sous le feu des projecteurs pour une affaire
aussi dramatique me révolte. J'espère que les coupables seront
punis par la justice et qu'ils iront en prison », confiait une
habitante du village.
Le scénario de la
rixe a de nouveau été avancé dimanche lors du rassemblement à
Bastia, quand une jeune fille témoin des violences a décrit la
scène au mégaphone devant une foule en colère qui ne demandait
qu'à en découdre. C'est maintenant à la justice d'éclairer les
circonstances exactes des faits. L'enquête a été confiée à la
section de recherche de la gendarmerie d'Ajaccio.
Dès dimanche, le
ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a condamné ces
violences et appelé au calme, relayé par le maire de Sisco,
Ange-Pierre Vivoni, qui a quand même précisé qu'il réfléchissait
avec son conseil municipal à édicter un arrêté anti-burkini sur
la plage. De son côté, Gilles Simeoni, le président (régionaliste)
du Conseil exécutif de Corse, craint une escalade de la violence. «
La tension ne doit pas rejaillir sur l'ensemble de la population
originaire du Maghreb, dont la très grande majorité respecte nos
valeurs », assure-t-il.
Sur les réseaux
sociaux, d'autres appels au rassemblement fleurissent déjà pour les
prochains jours. Délibérément discrets pour ne pas ajouter aux
tensions, les élus redoutent d'autres affrontements. Plusieurs
témoins auraient entendu des membres du groupe de Bastia lancer un
défi aux habitants de Sisco : « Vous n'avez qu'à venir nous voir à
Lupino. »
Des tensions
toujours très vives
L'Ile de Beauté vit
dans la tension depuis plusieurs mois et les événements de Noël
dernier. Ce soir-là, venus éteindre un feu, des pompiers avaient
été violemment agressés dans la cité les Jardins-de-l'Empereur, à
Bastia. Le lendemain, des centaines de Corses avaient investi le
quartier à la recherche des auteurs de l'agression et de nombreuses
dégradations avaient été perpétrées dans le quartier. Une
mosquée a été saccagée. Des suspects de l'attaque des pompiers
ont été interpellés mais le climat est resté très lourd. Le 30
avril, une autre salle de prière a été incendiée dans le quartier
Mezzavia. Ces incidents intervenaient dans un climat politique
compliqué avec l'élection des régionalistes à la tête de l'île.
En janvier, le ministère de l'Intérieur a dissous le VNC, Vigilance
nationale corse, groupuscule identitaire corse créé en octobre
dernier et qui avait beaucoup fait parler de lui lors des événements
d'Ajaccio. Certains membres de ce collectif sont soupçonnés d'être
à l'origine des incidents qui ont éclaté le 25 décembre dans un
quartier sensible de la cité impériale.
Le Parisien
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