Playbook Paris: L’heure du Macron show — Week-end
multiplex — Rouble hardi
BY PAULINE
DE SAINT REMY
April 1,
2022 6:57 am
POLITICO
Playbook Paris
Par PAULINE DE
SAINT REMY
Bonjour à tous et
à toutes, bon réveil, nous sommes le 1er avril. Cette infolettre est garantie
sans canular. Vous pouvez expirer.
MACRON SHOW
LE DISCOURS D’UNE
FOIS. Rien ne figure officiellement à l’agenda d’Emmanuel Macron aujourd’hui.
Mais une chose est sûre : le président-candidat, qui tient demain son premier
grand meeting de campagne à La Défense Arena, à Nanterre — une salle qui peut
contenir jusqu’à 40 000 personnes — se consacrera en partie à l’écriture de son
discours, déjà bien entamée. “Il s’approprie toujours beaucoup et jusqu’au
dernier moment ce genre de grand discours”, pianotait l’un de ses proches hier
soir à votre infolettre, soulignant l’importance pour le candidat de trouver
“le souffle, la force, le mot idoine, la vision juste dans ce moment si
spécial”, et promettant rien de moins qu’un “discours sur la France”, à la fois
“politique” et “très personnel”.
L’enjeu n’est, en
effet, pas des moindres : les rares mesures du programme du président-candidat
ayant “imprimé” dans l’opinion publique, comme le report à 65 ans de l’âge de
la retraite, sont loin d’avoir enclenché une dynamique. On peut même avancer
sans trop prendre de risque qu’elles pourraient faire traîner la patte à plus
d’un électeur de gauche dans un éventuel second tour face à Marine Le Pen.
Le McBonus. De
surcroît, la majorité peine à se dépêtrer de la polémique née du rapport de la
commission d’enquête du Sénat sur le recours de l’Etat aux cabinets de conseil,
qui s’étale sur la une de Libé encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs le chef de
l’Etat lui-même qui, mercredi matin, en Conseil des ministres, a “secoué tout
le monde”, a ouï dire Playbook de la bouche d’un membre du gouvernement, et
demandé à ce que la conférence de presse d’Olivier Dussopt et Amélie de
Montchalin, prévue le lendemain matin, soit avancée au soir même.
Sur le fond, le
discours devrait sans surprise viser à mobiliser très largement. Après avoir
rôdé son nouvel angle d’attaque devant son comité de campagne, mercredi soir,
comme Playbook vous le racontait hier, le candidat à sa réélection a en effet
de nouveau tâché de résumer l’élection à un duel entre lui et l’extrême droite,
hier, en Charente-Maritime, associant systématiquement Marine Le Pen et Eric
Zemmour et regrettant qu’on ne présente plus suffisamment à son goût la
candidate du RN comme une représentante de l’extrême droite. “Il faut continuer
à dire quelle est la vérité des projets”, a-t-il notamment déclaré, “il y a un
tandem avec des idées d’extrême droite, portées par un clan et un nouveau venu,
je les combats avec force, mais je ne les banalise pas”. Et Macron de regretter le temps, “il
y a 20 ans”, où “les médias disaient ‘front républicain'”, où “les forces
républicaines disaient ‘jamais'”. Résumé dans un clin d’œil par le proche du
chef de l’Etat cité plus haut, ce sera “‘nous tous’ vs ‘eux seuls'”.
Ready to
rumble. La configuration du meeting — une scène au centre du stade, le public
tout autour — comme l’absence d’intervention politique avant celle du candidat
ont en tout cas été pensées pour soigner l’image d’un président au milieu des
Français et capable à lui seul de mobiliser en masse. Hormis le discours de
Macron, seuls des anonymes feront résonner leur voix au cours des trois heures
et demie de show prévues, via des vidéos ou depuis le public. Autre objectif,
qui sautait aux yeux dans les images postées le week-end dernier par l’équipe
du candidat, dont votre infolettre vous parlait lundi : valoriser son état
d’esprit combatif avec une mise en scène voulue façon “Super Bowl”, comme
l’écrivait l’Opinion mercredi, faire en sorte qu’il apparaisse dans le match.
“Dans ma tête, je suis un challenger” a-t-il d’ailleurs lancé à la presse hier
lors de son déplacement. Comprenez bien : non, le candidat n’est pas sûr de sa
victoire…
“Lui, le
trou d’air, il l’a senti y a dix jours”, nous assurait d’ailleurs hier un
membre de l’équipe de campagne, tout en balayant toute idée de fébrilité. “Il sait très bien que quand il envoie les
65 ans il perd trois points. Et que de fait, l’élection devient un référendum
sur cette mesure”. “Le fait que Le Pen soit haut, c’est remobilisateur”, se
rassurait encore dans la journée le ministre cité précédemment.
MULTIPLEX. Signe
que la confiance règne un tantinet moins qu’auparavant, la date tardive choisie
pour ce qui, sauf surprise, sera le seul et unique meeting d’avant premier tour
du candidat Macron, a fait se lever quelques sourcils interrogateurs, au sein
de la majorité. La période d’égalité des temps de parole rend en effet sa
diffusion en direct particulièrement contraignante pour les chaînes d’info.
Reste que le président candidat devrait bien retomber sur ses pattes : si le
patron de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, avait commencé par annoncer que sa chaîne
ne prévoyait un dispositif sur place que dans le but de diffuser le meeting sur
les réseaux sociaux — qui échappent aux règles de l’Arcom — LCI puis France TV
Info ont dégainé coup sur coup hier des communiqués annonçant des opérations
spéciales pour ce week-end, respectivement baptisées “48 heures pour
convaincre” et “Multiplex de la présidentielle” (but à la Beaujoire!). Les deux
chaînes ont en effet trouvé le moyen de bien retransmettre le discours de
Macron en consacrant autant de temps à chaque candidat sur les deux jours, avec
d’une part la diffusion des meetings d’Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Valérie
Pécresse et Fabien Roussel, d’autre part des plages d’interview réservées à
tous les autres candidats ou à un de leur représentants.
PLAYBOOK EXPRESS
NOSTRA CULPA. Si
Edouard Philippe était bien absent, mercredi soir, comme nous vous l’indiquions
hier, de la réunion du comité de campagne d’Emmanuel Macron à laquelle le
président-candidat s’est invité, l’ancien maire du Havre avait une bonne excuse
pour l’être. Il était
en meeting avec le député Laurent Saint-Martin à Villecresnes, dans le
Val-de-Marne, comme nous l’a indiqué son entourage. Ayant l’esprit trop bien
tourné pour mettre en doute la bonne foi de ses inestimables sources, Playbook
imagine que celle qui, par téléphone avec nous, ironisait sur le fait que
l’ex-PM trouvait toujours de bonnes raisons pour esquiver des rendez-vous de la
majorité présidentielle, et dont nous avons relayé les propos, était mal
renseignée ce soir-là. A moins que…
Soutien
modèle. Le fondateur d’Horizons a, en outre, donné une interview au Parisien,
parue ce matin. Comme en écho aux propos du chef de l’Etat dramatisant l’enjeu
du scrutin, en Charente-Maritime, il pointe le risque de voir Le Pen qualifiée
pour le second tour. Histoire, bien sûr, de mieux mobiliser contre elle.
MANGER
BOUGER. Le candidat communiste Fabien Roussel organise aujourd’hui en fin
d’après-midi un “happening”, selon BFMTV. Objectif : s’attaquer aux “gros
poissons” (vous l’avez?). Plus sérieusement, il sera question d’évasion
fiscale, dixit la chaîne, sur fond d'”affaire McKinsey”. Pour mémoire, le cabinet
de conseil américain est soupçonné d’optimisation fiscale, depuis la
publication du rapport sénatorial sur le recours de l’Etat à ce type de
cabinets privés.
UN SEUL ÊTRE VOUS
MANQUE. Alors qu’Emmanuel Macron mise sur un grand one-président-show, samedi,
Valérie Pécresse, à l’extrême inverse, laissera une grande place à ses
soutiens, dimanche, Porte de Versailles. Si vous comptez d’ailleurs vous rendre
à son antépénultième meeting d’avant premier tour dès l’ouverture des portes, à
partir de 14 heures environ, armez-vous de patience, car la première partie
sera longue avant que le personnage principal n’entre en scène. D’après un
document préparatoire que Playbook s’est procuré, ce ne sont pas moins de
quinze personnes, parmi lesquelles tous ses ex-rivaux à la primaire, mais aussi
Rachida Dati, Bruno Retailleau, le président du parti Christian Jacob bien sûr
ou encore Annie Genevard, qui prendront la parole seuls sur scène pour une
durée annoncée de 3 à 5 minutes chacune — Gérard Larcher, qui sera le dernier à
parler avant Pécresse, a droit à 10 — et ce sans compter deux intermèdes “table
ronde”, une intervention des “femmes avec Valérie” et la diffusion d’une vidéo
“ils témoignent”, qui compteront respectivement 6, 24, 3 et 7 intervenants.
Plusieurs dizaines de personnes au total apparaîtront donc ou interviendront,
ce qui fera néanmoins difficilement oublier l’absence de Nicolas Sarkozy…
TOULOUSE TO
WIN. Jean-Luc Mélenchon donnera son meeting de week-end préélectoral dans la
ville rose, comme en 2017. Cette
fois-ci, il s’efforcera de remplir la place du Capitole. L’équipe de campagne
jugeait initialement l’emblématique agora trop petite, à en croire La Dépêche,
mais a dû s’y résoudre pour des questions d’évènement sportifs qui préemptaient
les autres lieux de la ville occitane.
**L’Europe a de
grandes ambitions lorsqu’il s’agit de légiférer le secteur du numérique. De
l’intelligence artificielle au partage des données industrielles jusqu’aux Big
Tech, tous les sujets seront abordés au AI & Tech Summit de POLITICO Live
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DIPLO FOCUS
UKRAINE. La
présidente du Parlement européen Roberta Metsola en route pour Kiev afin d’y
“passer un message de soutien et d’espoir de la parti du Parlement européen”.
La Maltaise est la première présidente d’une institution de l’UE – et la
première leader d’Europe du Sud – à visiter la capitale ukrainienne depuis que
la guerre a commencé. Les détails du voyage sont tenus secrets pour des raisons
de sécurité, ont appris mes collègues de Playbook Bruxelles, mais attendez-vous
à ce que sa visite attire l’attention médiatique, aujourd’hui.
CHIENS DE
FAÏENCE. Si vous avez les yeux rivés sur la campagne, vous prêtez peut-être un
peu moins d’attention à ce qu’il se passe entre l’Europe et la Russie, alors
que les bombardements aériens sur l’Ukraine poursuivent. Et force est de
constater que les sanctions européennes, après avoir créé un début de panique,
n’enrayent pas la machine de guerre russe, loin de là. Le rouble, qui a fait un
plongeon après l’annonce des sanctions des pays occidentaux contre les
institutions financières russes, est revenu à son niveau d’avant l’invasion de
l’Ukraine par les forces de Vladimir Poutine.
Rouble hardi. La
Russie reçoit encore jusqu’à 800 millions d’euros par jour de la part de
l’Europe en échange de son gaz. Et tandis que l’Europe a besoin du gaz russe,
la Russie a besoin de l’argent européen. Hier, Poutine a mis le paquet sur les
rodomontades, signant un décret imposant aux pays “hostiles” de payer le gaz en
roubles, ce que les pays européens refuseraient. Le ministre de l’Economie
Bruno Le Maire et son homologue allemand Robert Habeck assurent d’ailleurs
préparer le scénario d’une coupure du gaz russe. Mais d’après Rome et Berlin,
qui sont deux consommateurs importants de gaz russe, rien ne change
concrètement. Les clients pourront continuer à payer en euro ou en dollar,
comme les contrats le prévoient, et c’est ensuite Gazprom Bank qui fera la
conversion. Plus de détails avec notre collègue Paola Tamma ici (en anglais).
ELECTIONS. La
Hongrie tient des élections législatives ce week-end, au sein desquelles
s’affrontent le parti du Premier ministre Viktor Orbán, Fidesz, et une
coalition de six partis d’opposition. La proximité du dirigeant hongrois avec
Vladimir Poutine n’a pas vraiment porté préjudice à sa campagne, au cours de
laquelle il essaye de se présenter comme le candidat pour la paix, avec l’aide
d’un appareil de propagande particulièrement développé. Notre collègue
Lili Bayer vous fait le topo.
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