sexta-feira, 1 de abril de 2022

Playbook Paris: L’heure du Macron show — Week-end multiplex — Rouble hardi

 


Playbook Paris: L’heure du Macron show — Week-end multiplex — Rouble hardi

BY PAULINE DE SAINT REMY

April 1, 2022 6:57 am

https://www.politico.eu/newsletter/playbook-paris/lheure-du-macron-show-week-end-multiplex-rouble-hardi/

 

POLITICO Playbook Paris

Par PAULINE DE SAINT REMY

 

Bonjour à tous et à toutes, bon réveil, nous sommes le 1er avril. Cette infolettre est garantie sans canular. Vous pouvez expirer.

 

MACRON SHOW

LE DISCOURS D’UNE FOIS. Rien ne figure officiellement à l’agenda d’Emmanuel Macron aujourd’hui. Mais une chose est sûre : le président-candidat, qui tient demain son premier grand meeting de campagne à La Défense Arena, à Nanterre — une salle qui peut contenir jusqu’à 40 000 personnes — se consacrera en partie à l’écriture de son discours, déjà bien entamée. “Il s’approprie toujours beaucoup et jusqu’au dernier moment ce genre de grand discours”, pianotait l’un de ses proches hier soir à votre infolettre, soulignant l’importance pour le candidat de trouver “le souffle, la force, le mot idoine, la vision juste dans ce moment si spécial”, et promettant rien de moins qu’un “discours sur la France”, à la fois “politique” et “très personnel”.

 

L’enjeu n’est, en effet, pas des moindres : les rares mesures du programme du président-candidat ayant “imprimé” dans l’opinion publique, comme le report à 65 ans de l’âge de la retraite, sont loin d’avoir enclenché une dynamique. On peut même avancer sans trop prendre de risque qu’elles pourraient faire traîner la patte à plus d’un électeur de gauche dans un éventuel second tour face à Marine Le Pen.

 

Le McBonus. De surcroît, la majorité peine à se dépêtrer de la polémique née du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur le recours de l’Etat aux cabinets de conseil, qui s’étale sur la une de Libé encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs le chef de l’Etat lui-même qui, mercredi matin, en Conseil des ministres, a “secoué tout le monde”, a ouï dire Playbook de la bouche d’un membre du gouvernement, et demandé à ce que la conférence de presse d’Olivier Dussopt et Amélie de Montchalin, prévue le lendemain matin, soit avancée au soir même.

 

Sur le fond, le discours devrait sans surprise viser à mobiliser très largement. Après avoir rôdé son nouvel angle d’attaque devant son comité de campagne, mercredi soir, comme Playbook vous le racontait hier, le candidat à sa réélection a en effet de nouveau tâché de résumer l’élection à un duel entre lui et l’extrême droite, hier, en Charente-Maritime, associant systématiquement Marine Le Pen et Eric Zemmour et regrettant qu’on ne présente plus suffisamment à son goût la candidate du RN comme une représentante de l’extrême droite. “Il faut continuer à dire quelle est la vérité des projets”, a-t-il notamment déclaré, “il y a un tandem avec des idées d’extrême droite, portées par un clan et un nouveau venu, je les combats avec force, mais je ne les banalise pas”. Et Macron de regretter le temps, “il y a 20 ans”, où “les médias disaient ‘front républicain'”, où “les forces républicaines disaient ‘jamais'”. Résumé dans un clin d’œil par le proche du chef de l’Etat cité plus haut, ce sera “‘nous tous’ vs ‘eux seuls'”.

 

Ready to rumble. La configuration du meeting — une scène au centre du stade, le public tout autour — comme l’absence d’intervention politique avant celle du candidat ont en tout cas été pensées pour soigner l’image d’un président au milieu des Français et capable à lui seul de mobiliser en masse. Hormis le discours de Macron, seuls des anonymes feront résonner leur voix au cours des trois heures et demie de show prévues, via des vidéos ou depuis le public. Autre objectif, qui sautait aux yeux dans les images postées le week-end dernier par l’équipe du candidat, dont votre infolettre vous parlait lundi : valoriser son état d’esprit combatif avec une mise en scène voulue façon “Super Bowl”, comme l’écrivait l’Opinion mercredi, faire en sorte qu’il apparaisse dans le match. “Dans ma tête, je suis un challenger” a-t-il d’ailleurs lancé à la presse hier lors de son déplacement. Comprenez bien : non, le candidat n’est pas sûr de sa victoire…

 

“Lui, le trou d’air, il l’a senti y a dix jours”, nous assurait d’ailleurs hier un membre de l’équipe de campagne, tout en balayant toute idée de fébrilité. “Il sait très bien que quand il envoie les 65 ans il perd trois points. Et que de fait, l’élection devient un référendum sur cette mesure”. “Le fait que Le Pen soit haut, c’est remobilisateur”, se rassurait encore dans la journée le ministre cité précédemment.

 

MULTIPLEX. Signe que la confiance règne un tantinet moins qu’auparavant, la date tardive choisie pour ce qui, sauf surprise, sera le seul et unique meeting d’avant premier tour du candidat Macron, a fait se lever quelques sourcils interrogateurs, au sein de la majorité. La période d’égalité des temps de parole rend en effet sa diffusion en direct particulièrement contraignante pour les chaînes d’info. Reste que le président candidat devrait bien retomber sur ses pattes : si le patron de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, avait commencé par annoncer que sa chaîne ne prévoyait un dispositif sur place que dans le but de diffuser le meeting sur les réseaux sociaux — qui échappent aux règles de l’Arcom — LCI puis France TV Info ont dégainé coup sur coup hier des communiqués annonçant des opérations spéciales pour ce week-end, respectivement baptisées “48 heures pour convaincre” et “Multiplex de la présidentielle” (but à la Beaujoire!). Les deux chaînes ont en effet trouvé le moyen de bien retransmettre le discours de Macron en consacrant autant de temps à chaque candidat sur les deux jours, avec d’une part la diffusion des meetings d’Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse et Fabien Roussel, d’autre part des plages d’interview réservées à tous les autres candidats ou à un de leur représentants.

 

PLAYBOOK EXPRESS

NOSTRA CULPA. Si Edouard Philippe était bien absent, mercredi soir, comme nous vous l’indiquions hier, de la réunion du comité de campagne d’Emmanuel Macron à laquelle le président-candidat s’est invité, l’ancien maire du Havre avait une bonne excuse pour l’être. Il était en meeting avec le député Laurent Saint-Martin à Villecresnes, dans le Val-de-Marne, comme nous l’a indiqué son entourage. Ayant l’esprit trop bien tourné pour mettre en doute la bonne foi de ses inestimables sources, Playbook imagine que celle qui, par téléphone avec nous, ironisait sur le fait que l’ex-PM trouvait toujours de bonnes raisons pour esquiver des rendez-vous de la majorité présidentielle, et dont nous avons relayé les propos, était mal renseignée ce soir-là. A moins que…

 

Soutien modèle. Le fondateur d’Horizons a, en outre, donné une interview au Parisien, parue ce matin. Comme en écho aux propos du chef de l’Etat dramatisant l’enjeu du scrutin, en Charente-Maritime, il pointe le risque de voir Le Pen qualifiée pour le second tour. Histoire, bien sûr, de mieux mobiliser contre elle.

 

MANGER BOUGER. Le candidat communiste Fabien Roussel organise aujourd’hui en fin d’après-midi un “happening”, selon BFMTV. Objectif : s’attaquer aux “gros poissons” (vous l’avez?). Plus sérieusement, il sera question d’évasion fiscale, dixit la chaîne, sur fond d'”affaire McKinsey”. Pour mémoire, le cabinet de conseil américain est soupçonné d’optimisation fiscale, depuis la publication du rapport sénatorial sur le recours de l’Etat à ce type de cabinets privés.

 

UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE. Alors qu’Emmanuel Macron mise sur un grand one-président-show, samedi, Valérie Pécresse, à l’extrême inverse, laissera une grande place à ses soutiens, dimanche, Porte de Versailles. Si vous comptez d’ailleurs vous rendre à son antépénultième meeting d’avant premier tour dès l’ouverture des portes, à partir de 14 heures environ, armez-vous de patience, car la première partie sera longue avant que le personnage principal n’entre en scène. D’après un document préparatoire que Playbook s’est procuré, ce ne sont pas moins de quinze personnes, parmi lesquelles tous ses ex-rivaux à la primaire, mais aussi Rachida Dati, Bruno Retailleau, le président du parti Christian Jacob bien sûr ou encore Annie Genevard, qui prendront la parole seuls sur scène pour une durée annoncée de 3 à 5 minutes chacune — Gérard Larcher, qui sera le dernier à parler avant Pécresse, a droit à 10 — et ce sans compter deux intermèdes “table ronde”, une intervention des “femmes avec Valérie” et la diffusion d’une vidéo “ils témoignent”, qui compteront respectivement 6, 24, 3 et 7 intervenants. Plusieurs dizaines de personnes au total apparaîtront donc ou interviendront, ce qui fera néanmoins difficilement oublier l’absence de Nicolas Sarkozy…

 

TOULOUSE TO WIN. Jean-Luc Mélenchon donnera son meeting de week-end préélectoral dans la ville rose, comme en 2017. Cette fois-ci, il s’efforcera de remplir la place du Capitole. L’équipe de campagne jugeait initialement l’emblématique agora trop petite, à en croire La Dépêche, mais a dû s’y résoudre pour des questions d’évènement sportifs qui préemptaient les autres lieux de la ville occitane.

 

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DIPLO FOCUS

UKRAINE. La présidente du Parlement européen Roberta Metsola en route pour Kiev afin d’y “passer un message de soutien et d’espoir de la parti du Parlement européen”. La Maltaise est la première présidente d’une institution de l’UE – et la première leader d’Europe du Sud – à visiter la capitale ukrainienne depuis que la guerre a commencé. Les détails du voyage sont tenus secrets pour des raisons de sécurité, ont appris mes collègues de Playbook Bruxelles, mais attendez-vous à ce que sa visite attire l’attention médiatique, aujourd’hui.

 

CHIENS DE FAÏENCE. Si vous avez les yeux rivés sur la campagne, vous prêtez peut-être un peu moins d’attention à ce qu’il se passe entre l’Europe et la Russie, alors que les bombardements aériens sur l’Ukraine poursuivent. Et force est de constater que les sanctions européennes, après avoir créé un début de panique, n’enrayent pas la machine de guerre russe, loin de là. Le rouble, qui a fait un plongeon après l’annonce des sanctions des pays occidentaux contre les institutions financières russes, est revenu à son niveau d’avant l’invasion de l’Ukraine par les forces de Vladimir Poutine.

 

Rouble hardi. La Russie reçoit encore jusqu’à 800 millions d’euros par jour de la part de l’Europe en échange de son gaz. Et tandis que l’Europe a besoin du gaz russe, la Russie a besoin de l’argent européen. Hier, Poutine a mis le paquet sur les rodomontades, signant un décret imposant aux pays “hostiles” de payer le gaz en roubles, ce que les pays européens refuseraient. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et son homologue allemand Robert Habeck assurent d’ailleurs préparer le scénario d’une coupure du gaz russe. Mais d’après Rome et Berlin, qui sont deux consommateurs importants de gaz russe, rien ne change concrètement. Les clients pourront continuer à payer en euro ou en dollar, comme les contrats le prévoient, et c’est ensuite Gazprom Bank qui fera la conversion. Plus de détails avec notre collègue Paola Tamma ici (en anglais).

 

ELECTIONS. La Hongrie tient des élections législatives ce week-end, au sein desquelles s’affrontent le parti du Premier ministre Viktor Orbán, Fidesz, et une coalition de six partis d’opposition. La proximité du dirigeant hongrois avec Vladimir Poutine n’a pas vraiment porté préjudice à sa campagne, au cours de laquelle il essaye de se présenter comme le candidat pour la paix, avec l’aide d’un appareil de propagande particulièrement développé. Notre collègue Lili Bayer vous fait le topo.

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