Playbook Paris: Macron passe une tête — Ah oui,
l’écologie — McKinsey, opération mains propres
BY PAULINE
DE SAINT REMY
March 31,
2022 7:03 am
POLITICO
Playbook Paris
Par JULIETTE DROZ
ET PAULINE DE SAINT REMY
Bonjour à toutes
et à tous, bon réveil, nous sommes jeudi 31 mars. Emmanuel Macron a-t-il senti
le besoin, en s’invitant à une réunion de son comité de campagne hier soir, de
rassurer ses troupes alors qu’un léger vent de fébrilité souffle chez au moins
une partie de ses soutiens ? Que nenni, nous assurait-on hier soir à son QG
après que votre infolettre a appris la nouvelle. Cette visite-là, bien qu’elle
se soit faite en toute discrétion, ne serait rien d’autre que le signe qu’il
est véritablement entré en campagne.
Divers et
ralliés. L’instance, présidée par Richard Ferrand, est composée de ses soutiens
politiques de poids et autres chefs de file de courants de la majorité, que le
président sortant a pris soin de saluer un à un, bien qu’il soit arrivé en
cours de route : Renaud Muselier, Jean-Pierre Chevènement, Christian Estrosi,
Eric Woerth, Elisabeth Guigou ou encore Marisol Touraine étaient notamment
présents. Sans oublier
tout de même quelques marcheurs des débuts, comme Christophe Castaner, Gabriel
Attal ou encore Stéphane Séjourné. L’ancien Premier ministre, Edouard Philippe,
s’était quant à lui fait excuser (comme souvent, grinçait-on rue du Rocher
hier, mais passons).
Muscle ton
jeu. Le candidat s’est bien sûr livré à ce qui ressemblait à un discours de
motivation, à l’heure où Amélie de Montchalin et Olivier Dussopt sortaient la
lance à incendie du côté de Bercy. Les invitant à mettre de “l’enthousiasme”
dans cette campagne, Emmanuel Macron a, comme il le fait souvent, enjoint son
auditoire à “ne rien lâcher”, car “rien n’est gagné”, parlant notamment de
l’importance “d’imprimer plus sur les propositions”, dixit une personnalité
présente. Plus nouveau, après avoir évoqué le resserrement des sondages avec
Marine Le Pen, Emmanuel Macron a invité ses soutiens à ne pas céder à la
nervosité et tâché de leur faire voir le verre à moitié plein, expliquant en
substance l’intérêt qu’une véritable confrontation de projets ait lieu entre
lui et l’extrême droite. Au
passage, il a souligné l’intérêt de rappeler que la candidate du RN et Eric
Zemmour étaient bien du même camp. D’après un participant avec qui Playbook
échangeait hier après la petite réunion, le président sortant a même parlé du
“front républicain”. “Il a expliqué qu’il faut refaire naître le clivage entre
ceux qui sont républicains et ceux qui ne le sont pas”, résumait le même.
Bonus track. Très
en verve, Ferrand a ironisé sur l’image ripolinée de la candidate du RN, qui,
selon lui, “se fait passer pour une ménagère de 50 ans aimant les chats”. Une
expression que le président sortant a peu ou prou reprise à son compte un peu
plus tard dans les échanges, évoquant “la dame qui aime les chats”. Il n’a pas,
pour autant, à notre connaissance, parlé d’effet miaou.
C’EST AUJOURD’HUI
A MOI LE CLIMAT.
Ceux qui espéraient qu’Emmanuel Macron lèverait le voile sur ses intentions en
matière d’écologie, lors de sa conférence de presse programmatique du 17 mars
dernier, en avaient été pour leurs frais. S’il fut question d’énergie et
d’agriculture, le président-candidat avait d’entrée de jeu évacué le sujet.
C’était, nous dit-on, parce qu’il souhaitait y consacrer un déplacement dédié…
ce sera chose faite aujourd’hui, Macron ayant choisi la Charente-Maritime,
comme le subodorait Playbook dès lundi, et plus particulièrement la ville de
Fouras, pour parler climat.
Compères Fouras.
En fin de matinée, Emmanuel Macron sera reçu dans la presqu’île aux 3968 âmes
par son maire, Daniel Coirier, étiquetté LR et parrain de Valérie Pécresse,
avant une déambulation dans une rue commerçante de Fouras et une prise de
parole à 12h30. Playbook a ouï dire que l’édile de La Rochelle, l’ex-PS
Jean-François Fountaine, sera lui aussi du voyage. Bien que ce dernier ait,
lui, parrainé Jean-Luc Mélenchon cette année, ce soutien était purement
“civique”, Fountaine s’étant ostensiblement rapproché d’Emmanuel Macron dès
2016, alors que ce dernier était encore ministre de l’Economie, avant de le
soutenir publiquement, dès 2017.
To the
left, to the left. “C’est sa semaine jambe gauche”, plaisantait un cadre de
LREM avec qui votre infolettre échangeait hier, trois jours seulement après le
déplacement dijonnais, qui avait consacré sous l’œilleton des caméras, le
ralliement de son maire, François Rebsamen, qui se dit toujours socialiste.
AU PROGRAMME. Si
la ville de Fouras a été choisie par l’équipe de campagne, c’est que la cité
est emblématique des “projets écolos qui avancent concrètement”, expliquait-on
hier soir rue du Rocher. À portée de l’océan, sous terre, se cache ainsi une
ancienne décharge et ses milliers de mètres cubes de déchets, que la montée des
eaux menace de déverser en mer. Lors du récent One Ocean Summit, à Brest,
Emmanuel Macron a désigné ce site comme l’un des trois chantiers de dépollution
prioritaires sur les 55 identifiés à fleur de côte.
Make our
planet great again. Outre la question de la pollution marine, le
président-candidat devrait aborder la question de la biodiversité, des
transports ou encore du climat tout en mettant en perspective son bilan en
matière d’écologie, jugé insuffisant par de nombreux observateurs, malgré son
(très honorifique) titre de “Champion de la terre”, décerné par les
Nations-Unies en 2018, et qu’on avait, soyons francs, presque oublié. Pas
question, a priori, de replonger dans la stratégie énergétique à l’horizon
2050, longuement exposée à Belfort, le 10 février dernier, et que Playbook vous
avait alors narré en détails.
HASARD DU
CALENDRIER. C’est aussi aujourd’hui qu’expire l’ultimatum du Conseil d’Etat,
qui rendait il y a neuf mois, une décision sans précédent, ordonnant alors au
gouvernement de prendre toute les “mesures utiles permettant d’infléchir la
courbe des émissions de gaz à effet de serre” pour atteindre l’objectif de
baisse de 40% d’ici à 2030.
Les Sages avaient
été saisis en 2019 par la commune de Grande-Synthe, qui s’estimait menacée par
la montée du niveau de la mer. Ils avaient alors relevé que la trajectoire de
la France ne lui permettait pas de respecter les engagements de l’accord de
Paris.
MCKINSEY :
OPÉRATION MAINS PROPRES
PINPONPIN.
Comme annoncé par votre infolettre préférée hier, Amélie de Montchalin et
Olivier Dussopt auront donc tenté, deux heures durant, d’éteindre l’incendie
déclenché depuis deux semaines par le rapport sénatorial sur l’influence des
cabinets de conseil, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue hier soir
à Bercy — dans un climat un brin tendu, nous rapporte Elisa Braun qui y était. Estimant faire face à des “manipulations
grossières” et autres “récupérations politiques”, selon le ministre délégué
chargé des Comptes publics, le gouvernement n’avait d’autre choix que de se
livrer à un exercice peu courant durant la sacro-sainte période de réserve.
Droit ou pas
droit ? “La période de réserve ça ne veut pas dire que n’importe qui peut
instrumentaliser n’importe quoi et où nous devrions nous taire face aux excès”,
expliquait hier soir à Elisa un conseiller de l’exécutif, qui assurait que le
secrétariat général du gouvernement avait rassuré les ministres sur la
possibilité de tenir cette conférence, où ils ont —vainement— tenté d’apaiser
les relations avec le Sénat et pris les questions par paquet.
Ne reniant en
rien le recours aux cabinets de conseil et refusant d’évoquer une “affaire” des
consultants, le gouvernement a annoncé vouloir “mettre en œuvre un maximum des
recommandations et des propositions de la commission d’enquête du Sénat”, dont
il a à plusieurs reprises salué le travail. Parmi celles-ci, la mise en place
de règles déontologiques supplémentaires pour les consultants, des règles plus
strictes sur l’attribution des marchés, ou encore la publication de leurs
prestations dans un document budgétaire, annexé au projet de loi de finances…
La campagne
bat son plein. La chambre haute a laissé à peine deux heures aux ministres
avant de leur renvoyer un communiqué assassin — tandis qu’Eliane Assassi,
rapporteure au Sénat, live-tweetait déjà la conférence comme un épisode de Top
Chef. Pour la sénatrice communiste et le président de la commission d’enquête,
le LR Arnaud Bazin, “le Gouvernement continue de minimiser l’influence des
consultants”, affirment-ils dans leur communiqué.
Le point Titanic.
Pire, la crise sanitaire que le gouvernement invoque pour justifier la dépense
“n’est que le sommet émergé de l’iceberg : en 2020 et 2021, elle représente
moins de 3 % des dépenses de conseil des ministères”. Afin de passer de
l’”exercice de communication” à l’opération transparence, la chambre haute
invite même les ministres à rendre publics les livrables qui ont le plus fait
jaser, comme celle sur le futur du métier d’enseignant facturée 496 800 euros
par McKinsey.
Ça se passe comme
ça chez le McK. Le cabinet de conseil américain, dont le nom est devenu
emblématique de l’affaire malgré sa part de 1% dans l’ensemble des prestations
de conseil du quinquennat, était bien sûr au centre des questions des journalistes
compte tenu des révélations du Sénat sur sa contribution (ou absence de) à
l’impôt sur les sociétés depuis 2011. Sur cette période, un seul contrôle
fiscal a été effectué et a débuté, “par hasard” en décembre 2021, soit pile au
moment où la commission d’enquête du Sénat démarrait ses travaux.
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