Playbook Paris: Taubira première de la classe —
La colle primaire — Bay tease
BY PAULINE
DE SAINT REMY AND JULIETTE DROZ
January 31,
2022 7:00 am
POLITICO
Playbook Paris
Par PAULINE DE
SAINT REMY et JULIETTE DROZ
Bonjour à tous et
à toutes, bon réveil, nous sommes lundi 31 janvier 2022.
PREMIÈRE DE
CLASSE
PAS DE REVERS
POUR TAUBIRA. Au terme d’un suspense tout à fait soutenable, l’ancienne Garde
des Sceaux Christiane Taubira a remporté la Primaire populaire en décrochant la
mention “Bien +”. Elle a obtenu cette note grâce aux 79% des près de 393 000
votants lui ayant donné une mention allant d'”assez bien” à “très bien”. Elle
arrive sans surprise en tête devant Yannick Jadot (assez bien +, avec 66% de
jugements positifs mais seulement 22% de “très bien”, contre 49% pour Taubira),
Jean-Luc Mélenchon (assez bien -), Pierre Larrouturou (passable +), Anne
Hidalgo (passable +), Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie, dont la
candidature a majoritairement été jugée “insuffisante” mais qui, fort
heureusement, n’a pas été envoyée au coin pour autant.
Pour les matheux
ou ceux que les subtilités du scrutin au jugement majoritaire passionnent : Le
Parisien vous a compilé et infographié les résultats.
AMBIANCE. C’est
au Point Ephémère, bar branchouille du 10e arrondissement, que Taubira avait
choisi de réunir ses soutiens, à partir de 18 heures. Le lieu, plus connu pour
ses concerts électro que pour ses raouts politiques, ayant l’avantage non
négligeable de n’être qu’à trois arrêts de métro de la soirée organisée au même
moment par la Primaire populaire — pas inutile pour y passer une tête en cas de
victoire.
En attendant.
Playbook y a traîné ses moufles avant l’annonce des résultats, se faufilant,
avec plusieurs dizaines de partisans, dont quelques rares porteurs de pancartes,
à l’intérieur d’une minuscule salle un peu tristoune. Sur l’estrade, un pupitre
et deux kakémonos bleus siglés d’un soleil et du slogan “avec Taubira 2022”,
égayaient un peu l’ambiance, quand en contrebas, de jeunes partisans
commençaient à se ronger les ongles, rafraîchissant frénétiquement sur leur
téléphone le stream YouTube de la Primaire populaire.
Tous pour une.
C’est vers 19 heures que l’ex-chef de file des frondeurs socialistes, période
Hollande, Christian Paul, a traversé l’estrade au pas de course. Masque baissé
l’espace d’un instant, large sourire et pouce levé, il a aussitôt rejoint un
petit groupe, à droite de la scène. Playbook y a aperçu, réunis, ceux qui
devraient constituer le noyau dur de la future campagne.
Le placide Elie
Patrigeon, ancien du cab de Taubira quand elle était à la Chancellerie. Le
discret directeur de campagne et actuel maire adjoint de Créteil, Axel Urgin,
dont Playbook vous révélait les nouvelles fonctions. Le patron du PRG,
Guillaume Lacroix, les yeux brillants, l’adjointe à la mairie de Marseille,
Olivia Fortin et enfin l’ancien député PS Daniel Goldberg, croisé quelques
minutes avant le verdict et qui n’arrivait pas à masquer sa joie.
Spotted aussi,au
pied de l’estrade, l’imposante carrure d’Eric Plumer, l’une des figures
historiques du parti socialiste, époque Solfé. Celui qu’on surnomme “Jaurès” et
qui fut pendant 17 ans le chef du service d’ordre du PS (avant de se faire
remercier après la débâcle de 2017 ) roule désormais pour Taubira, a appris
Playbook. “Quand on a Jaurès avec soi, comment voulez-vous qu’on perde ?
ironisait hier soir un soutien de la candidate.
Social triste.
Quelques minutes après les proches donc, les militants, eux aussi apprenaient
la nouvelle, un écran installé à la hâte leur dévoilant les résultats, dans une
effusion de joie, d’embrassades et de “Taubira présidente”. La cinquième place
arrachée par Anne Hidalgo a, quant à elle, fait abondamment jaser plusieurs
participants à la soirée, dont d’anciens encartés socialistes, aperçus en train
de remonter les commentaires sur le fil WhatsApp d’une fédé PS parisienne.
“L’histoire retiendra qu’elle était derrière Pierre Larrouturou”, a lancé l’un
d’eux à son camarade, ce dernier ajoutant, “C’est une mascarade, elle est
complètement discréditée”.
L’appel. En
rouge et noir, Christiane Taubira a affiché son cœur dans un discours d’une
vingtaine de minutes à ses partisans. Citant, comme elle en a l’habitude,
tantôt René Char, tantôt Aimé Césaire, elle a remercié le presque demi-million
de citoyens qui a “décidé de faire irruption dans cette campagne” pour “offrir
à la gauche l’élan qui permet de construire des victoires essentielles”.
L’ex-ministre a surtout lancé dans la foulée un vibrant appel aux militants de
gauche et aux élus “de terrain” à la rejoindre, égrenant dans une liste sans
fin les socialistes “restés fidèles à leurs idéaux”, les écologistes “lanceurs
d’alerte”, les communistes et “leur belle histoire ouvrière et industrielle”,
sans oublier une allusion aux Insoumis et à leur “esprit… d’insubordination”.
LA COLLE
PRIMAIRE
CIRCULEZ.
Questionnés sur les plateaux télé, Mélenchon, Jadot et Hidalgo, tous trois
candidats et battus à leur corps défendant, ont chacun évacué le sujet en
quelques mots. “Elle a enfilé la chaussure qui a été créée pour elle”, a
d’abord banalisé l’Insoumis à propos de Taubira, au micro de C’est dans l’air,
ajoutant ne pas être “concerné” et en avoir “un peu marre des appels
téléphoniques” — Taubira ayant annoncé son intention d’appeler chacun de ses
concurrents de gauche. Jadot,
au 20 heures de TF1, à la question de savoir s’il avait quelque chose à dire à
la nouvelle candidate officielle, c’est contenté de dire “rien”. “Ça aurait pu
être un moment de rassemblement de toute la gauche, c’est une candidature de
plus”, a enfin lâché la maire de Paris, alors que ses proches avaient enclenché
le mode avion, hier soir, après les résultats.
Sauf qu’au PS, la
pilule passe mal. Et la pression s’annonce forte sur la candidate, bien que son
pôle communication, qui s’était réuni en fin de journée, n’ait pas manqué
d’envoyer son programme de la semaine, peu avant 1 heure du matin, histoire de
faire savoir que la campagne se poursuit. “Ses aller-retour sur la primaire ont
crée du rejet…” se désolait via WhatsApp un membre du bureau national, pourtant
impliqué dans la campagne.
Décidée à
temporiser, la direction du parti, qui devait se réunir hier soir pour faire le
point, d’après Le Figaro, n’a pas réagi tout de suite. Sa numéro 2, Corinne
Narassiguin, a toutefois confié au quotidien que si “le processus” n’était pas
celui souhaité par le PS, il fallait “respecter les centaines de milliers de
citoyens qui ont cherché dans ce scrutin une solution pour que la gauche existe
encore à cette présidentielle”. Comprenne qui pourra…
Ça cogne Faure.
Il faut dire qu’avec le premier secrétaire en particulier, l’ambiance était
déjà glaciale depuis qu’Hidalgo avait renoncé à participer à la primaire, après
avoir elle-même proposé d’en être, en décembre (lire Playbook pour vous
replonger quelques semaines en arrière). Un tweet de la maire a d’ailleurs fait
piapiater sur les boucles socialistes, ce week-end, a ouï dire votre
infolettre. La candidate y relaye le communiqué issu de la réunion à Saint-Ouen
de plusieurs dizaines de cadres du parti, sous la bannière “Debout les
socialistes”, du nom du courant de l’ex-concurrente de Faure au congrès, Hélène
Geoffroy. Outre qu’ils redisent leur soutien à la maire de Paris pour la
présidentielle, ceux-ci attaquent surtout sévèrement Faure et sa bande : “Les
militants socialistes ont souligné la nécessité de mettre un coup d’arrêt à la
pente de l’effacement suivie depuis 2017 par l’actuelle direction nationale”,
peut-on y lire.
CRISE AU RN
BAY TEASE.
Nicolas Bay a défrayé la chronique à son tour ce week-end, après que Marion
Maréchal a fait savoir via Le Parisien, vendredi, qu’elle ne soutiendrait pas
sa tante à la présidentielle, avant d’évoquer samedi son “penchant” pour Eric
Zemmour, dans Le Figaro. Interviewé le même jour par BFM TV depuis Madrid où il
était en déplacement avec Marine Le Pen, l’eurodéputé et porte-parole de la
candidate du RN, proche de Maréchal, n’a en effet pas voulu dire clairement
qu’il serait présent à ses côtés jusqu’au premier tour.
Le Pen
gronde. Le petit numéro d’équilibriste télévisé n’a pas échappé à l’attention
de Le Pen ni de son entourage — qui n’ont, précisons-le, jamais placé une
grande confiance en Bay, dont personne n’a oublié dans les rangs du parti qu’il
avait suivi Bruno Mégret lors de la scission de 1998. Drame, donc, au moment de
repartir vers l’aéroport, où quelques amabilités ont été lâchées, comme l’a
rapporté BFM : “C’est quoi tes valeurs Nicolas ? La loyauté ? Barre-toi
maintenant plutôt que de bouffer le plus longtemps possible au râtelier”, lui
aurait notamment balancé l’attachée de presse de la candidate, Caroline
Parmentier — ce qu’elle a d’ailleurs confirmé à l’AFP par la suite. “Ceux qui veulent partir partent” a tonné
Le Pen, quant à elle, face caméra.
Pas de quoi
ébranler l’eurodéputé, qui, de retour à Paris, n’est pas revenu sur sa
position, au Grand Jury de RTL, où il a expliqué “ne pas avoir à [se] justifier
de ce [qu’il] ferait dans un mois, six mois, un an”, et ajouté ne pas
considérer Zemmour “comme un ennemi”. Un propos d’ailleurs relayé sur Twitter
par une de ses camarades de banc, Maxette Pirbakas, fréquemment citée parmi les
potentiels prochains élus RN à franchir le Rubicon.
Chandeleur. A
noter que le patriarche, lui, a certes redit sa “sympathie” pour Zemmour mais
surtout affirmé son soutien à sa fille sur LCI, hier, alors qu’il était attendu
chez elle un peu plus tard dans l’après-midi pour… manger des crêpes.
GOLLNISCH RESTE.
Au programme de sa journée, Marine Le Pen déjeunera notamment tout à l’heure
avec Bruno Gollnisch, à l’occasion d’un rendez-vous à l’Ambassade du Japon.
S’il a des choses à dire sur la campagne — et les lui dira, a-t-il assuré à
votre infolettre hier soir, d’un ton entendu — l’ancien directeur de campagne
de Jean-Marie Le Pen assure que lui ne quittera pas le bateau au moment où il
“tangue”. Il se dit surtout “gêné” par “les ralliements à Zemmour de ceux qui
doivent tout” à la candidate et n’ont pas renoncé à leurs fonctions. Gollnisch
ne dit rien de Mégret, désormais soutien officiel de l’ancien polémiste, mais
n’hésite pas à pointer du doigt le reste de l’entourage et notamment un certain
ex-LR passé par les rangs du FN et du MNR de Mégret : “Je ne suis pas trop
pressé de me retrouver avec Monsieur Peltier, qui lui est passé par toutes les
cases…”
RÉU DE MADRID.
Marine Le Pen, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et son homologue
polonais Mateusz Morawiecki faisaient partie des leaders nationalistes
européens réunis à Madrid, ce week-end, à l’invitation du parti espagnol Vox,
comme vous le racontait Playbook vendredi. Sans grande surprise, leurs
pourparlers en vue de la constitution d’une alliance souveraino-nationaliste
européenne ne se sont conclus que par une déclaration d’intentions, signée par
neuf partis présents seulement, dans laquelle il est question renforcer la
coopération entre elles, notamment sur le sujet des migrations.
Un semi-flop,
donc, après celui du mois de décembre, que les photo-calls n’auront pas suffi à
masquer. Il faut dire que les divisions restent nombreuses. Un seul exemple :
ma collègue Lili Bayer a réussi à jeter un œil indiscret à la déclaration
finale telle qu’elle a circulé entre les délégations au départ, constatant
qu’on pouvait y lire que “les actions militaires russes à la frontière
orientale de l’Europe nous ont mené au bord de la guerre”, et que la
“solidarité, la détermination et la coopération entre les nations européennes
sont nécessaires face à de tels dangers”. Un passage… disparu du texte tel que
retranscrit par Le Pen sur son site de campagne. Divergence de vue assumée,
nous a répondu son entourage hier soir.
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