sábado, 29 de abril de 2023

Projet de loi immigration : division, saucissonnage, report… Retour en cinq actes sur les revirements du gouvernement / Immigration bill: division, sausage, postponement... A look back in five acts on the government's reversals

 


Projet de loi immigration : division, saucissonnage, report… Retour en cinq actes sur les revirements du gouvernement

 

Elisabeth Borne a renvoyé "à l'automne" l'examen de ce texte controversé, lors de la présentation, mercredi, de sa feuille de route pour les "100 jours d'apaisement" décrétés par Emmanuel Macron. Un ultime changement de stratégie pour l'exécutif, qui s'est interrogé plusieurs fois sur l'avenir de ce texte.

 

Article rédigé par

Lola Scandella

France Télévisions

Publié le 26/04/2023 17:41

https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/projet-de-loi-immigration-division-saucissonnage-report-retour-en-cinq-actes-sur-les-revirements-du-gouvernement_5791073.html

 

Des revirements en cascade. Le gouvernement n'en finit pas de changer d'avis sur le devenir de son projet de loi sur l'immigration. Mercredi 26 avril, la Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé un nouveau report de ce texte, faute de majorité pour pouvoir le voter. Une décision qui intervient après un premier ajournement en mars, sur fond de contestation de la réforme des retraites. Le texte suscite la controverse depuis sa présentation en Conseil des ministres au mois de février. En cinq actes, franceinfo vous résume le parcours chaotique de ce projet de loi. 

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1 Un texte qui divise dès sa présentation

Le projet de loi pour "pour contrôler l'immigration" et "améliorer l'intégration", présenté officiellement le 1er février 2023 en Conseil des ministres, se veut une proposition qui mêle "fermeté" et "humanité". Deux volets qui doivent permettre de tendre la main à la droite et à la gauche. Le texte prévoit, entre autres, de créer un titre de séjour pour les étrangers exerçant des "métiers en tension", de faciliter les expulsions et de réduire certains délais dans les procédures administratives liées à l'asile.

 

Mais le texte ne met personne d'accord. La gauche et de nombreuses associations le jugent trop dur et s'inquiètent d'une "détérioration continue des droits"  des personnes exilées. La droite, notamment les membres du parti Les Républicains (LR), dont les voix sont indispensables pour une adoption du texte, s'oppose à la création du titre de séjour "métiers en tension", estimant qu'il pourrait provoquer un "appel d'air".

 

>> "En France, si tu n'as pas de papiers, tu n'existes pas" : des travailleurs en situation irrégulière réagissent au projet de loi immigration

 

Mi-mars, lors du premier passage du texte en commission au Sénat, dominé par la droite, les divisions s'étalent au grand jour. Sur deux articles du projet de loi, dont celui portant sur les "métiers en tension", les deux rapporteurs, Philippe Bonnecarrère (centriste) et Muriel Jourda (LR) ne parviennent pas à se mettre d'accord. "Nous n'avons pas trouvé de position commune à ce stade" déclare Muriel Jourda, le 15 mars, devant la commission des lois du Sénat. 

 

2 Sur fond de contestation sociale, l'examen du texte est reporté

Le 22 mars, une semaine après l'utilisation du 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites et au pic de la contestation sociale, Emmanuel Macron annonce lors d'un entretien télévisé le découpage du projet de loi en "textes plus courts". Objectif : ne garder que les aspects les plus consensuels, pour faciliter les alliances vote par vote. L'examen en séance au Sénat, initialement prévu à partir du 28 mars, est renvoyé aux "prochaines semaines".

 

Mais la droite, première alliée potentielle du gouvernement sur ce sujet, ne l'entend pas de cette oreille. "Pas question" que le texte soit "saucissonné", tonne le président du Sénat, Gérard Larcher. La séquence est "un aveu de faiblesse" du gouvernement, commente auprès de franceinfo le député LR Yannick Neuder, qui juge ce texte "tiède et sans cap clair". "Je pense que cela révèle une forme d'impuissance" de l'exécutif, observe de son côté le député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Aurélien Taché, qui souligne "une absence de vision et de colonne vertébrale sur ces sujets dans la macronie".

 

3 Le projet de loi est remis à l'ordre du jour mi-avril

Rebondissement : lors d'une allocution télévisée le 17 avril, dans laquelle il se donne "100 jours" pour relancer son quinquennat, Emmanuel Macron promet finalement de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale". Le lendemain, Gérald Darmanin fait part sur la chaîne LCI de sa volonté de reprendre l'examen du projet de loi, affirmant être "sûr" de pouvoir "s'entendre avec LR". 

 

Le texte, qui semblait renvoyé aux calendes grecques, fait son retour en grâce. Le ministre est parvenu à avancer ses pions et ne cache plus ses ambitions politiques. "Gérald Darmanin conquiert chaque jour un peu plus d'espace politique, cet épisode en est une illustration forte", déplore le député écologiste Aurélien Taché.

 

>> "Matignon, il y pense, il en a envie" : Gérald Darmanin, un ministre de l'Intérieur en première ligne qui ne cache plus ses ambitions

 

D'ailleurs, l'exécutif durcit le ton. "Nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude (...) ils n'ont aucune envie de voir que des personnes peuvent bénéficier d'aides, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs", assène le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur BFMTV, le 18 avril. Une stratégie de la stigmatisation qui provoque l'ire de la gauche, tandis que la droite estime, au contraire, que le gouvernement ne va pas assez loin. "Si le ministre de l'Intérieur s'aligne sur nous, on en discutera, mais on ne se contentera pas d'eau tiède", prévenait le président des Républicains Eric Ciotti dès le 18 mars. "Nous voulons un changement de paradigme", fait valoir Yannick Neuder, plaidant notamment pour "l'instauration de quotas" et des mesures de "durcissement du droit d'asile".

 

4 Emmanuel Macron tranche officiellement pour une loi en un seul texte

Le 23 avril, retour à la case départ. Dans les colonnes du Parisien (article abonnés), Emmanuel Macron fait finalement part de sa volonté que le projet de loi soit présenté aux parlementaires en un seul texte. C'est aussi l'annonce d'un nouveau casse-tête politique pour le gouvernement, toujours contraint de trouver des alliances pour une adoption au Parlement. "La Première ministre est en train de regarder avec les différents partis, je ne sais pas vous dire quel sera le chemin", évacue alors le chef de l'Etat dans Le Parisien.

 

La partie s'annonce ardue, les oppositions étant toujours très divisées, y compris au sein du parti LR. "Je vais attendre de voir le contenu exact du texte, même si je pars plutôt avec un bon sentiment à son sujet", confie à franceinfo un député LR interrogé sur la possibilité d'un accord avec le gouvernement. "Nous n'avons plus confiance", tacle de son côté Yannick Neuder, qui plaide pour des mesures plus sévères. Autre complication pour le gouvernement : les députés LR prévoient de déposer leur propre proposition de loi sur l'immigration avant l'été. A gauche, les parlementaires sont toujours en désaccord frontal avec le texte.

 

Comme lors des débats sur la réforme des retraites, le risque d'un blocage politique n'est pas loin. "Est-ce que le gouvernement se retrouvera dans l'obligation de dégainer le dernier 49.3 qui lui reste ? Alors même qu'Elisabeth Borne a fait part de sa volonté de ne plus l'utiliser ?", interroge la sénatrice communiste Eliane Assassi, décrivant un gouvernement "en pleine cacophonie".

 

5 L'examen au Parlement est reporté une nouvelle fois

Ultime changement de stratégie et nouveau rétropédalage, mercredi 26 avril. Lors de la présentation de la feuille de route du gouvernement pour les "100 jours d'apaisement" voulus par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne repousse l'examen du projet de loi "à l'automne". "Aujourd'hui, il n'existe pas de majorité pour voter un tel texte, comme j'ai pu le vérifier hier en m'entretenant avec les responsables des Républicains", a-t-elle reconnu, arguant que les députés et les sénateurs LR n'ont pas encore trouvé "de position commune" sur le sujet. La Première ministre estime par ailleurs que "ce n'est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays".


Immigration bill: division, sausage, postponement... A look back in five acts on the government's reversals

 

Elisabeth Borne postponed "to the autumn" the examination of this controversial text, during the presentation, Wednesday, of her roadmap for the "100 days of appeasement" decreed by Emmanuel Macron. A final change of strategy for the executive, which has wondered several times about the future of this text.

 

Article written by

Lola Scandella

France Televisions

Published on 04/26/2023 5:41 PM

https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/projet-de-loi-immigration-division-saucissonnage-report-retour-en-cinq-actes-sur-les-revirements-du-gouvernement_5791073.html

 

Cascading reversals. The government keeps changing its mind about the future of its immigration bill. On Wednesday 26 April, the Prime Minister, Elisabeth Borne, announced a further postponement of this text, for lack of a majority to be able to vote for it. A decision that comes after a first postponement in March, against a backdrop of protest against the pension reform. The text has been controversial since its presentation to the Council of Ministers in February. In five acts, franceinfo summarizes the chaotic course of this bill. 

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1 A divisive text as soon as it is presented

The bill for "to control immigration" and "improve integration", officially presented on February 1, 2023 in the Council of Ministers, is a proposal that mixes "firmness" and "humanity". Two components that should make it possible to reach out to the right and the left. The text provides, among other things, for the creation of a residence permit for foreigners exercising "occupations in tension", to facilitate expulsions and to reduce certain delays in administrative procedures related to asylum.

 

But no one agrees with the text. The left and many associations consider it too harsh and worry about a "continuous deterioration of the rights" of exiled people. The right, notably the members of the party The Republicans (LR), whose votes are essential for a adoption of the text, is opposed to the creation of the residence permit "trades in tension", believing that it could cause a "call for air".

 

>> "In France, if you   don't    have papers, you don't exist": illegal workers react to  the  immigration bill

 

In mid-March, during the first passage of the text in committee in the Senate, dominated by the right, the divisions spread out into the open. On two articles of the bill, including the one on "trades in tension", the two rapporteurs, Philippe Bonnecarrère (centrist) and Muriel Jourda (LR) fail to agree. "We have not found a common position at this stage," declared Muriel Jourda on 15th March before the Senate's Law Committee. 

 

2 Against a background of social protest, consideration of the text is postponed

On March 22, a week after the use of 49.3 to pass the pension reform and at the peak of social protest, Emmanuel Macron announced during a television interview the division of the bill into "shorter texts". Objective: to keep only the most consensual aspects, to facilitate alliances vote by vote. The examination in session in the Senate, initially scheduled from March 28, is postponed to "next weeks".

 

But the right, the government's first potential ally on this subject, does not hear it that way. "No way" that the text is "sausaged", thunders the president of the Senate, Gérard Larcher. The sequence is "an admission of weakness" of the government, comments to franceinfo the deputy LR Yannick Neuder, who considers this text "lukewarm and without clear direction". "I think this reveals a form of impotence" of the executive, observes for his part the deputy Europe Ecology-The Greens (EELV) Aurélien Taché, who stresses "a lack of vision and backbone on these subjects in macronia".

 

3 The bill is put back on the agenda mid-April

Rebound: during a televised speech on April 17, in which he gives himself "100 days" to relaunch his five-year term, Emmanuel Macron finally promises to "strengthen the control of illegal immigration". The next day, Gérald Darmanin announced on the LCI channel his desire to resume the examination of the bill, claiming to be "sure" to be able to "get along with LR". 

 

The text, which seemed to be postponed indefinitely, is back in grace. The minister has managed to advance his pawns and no longer hides his political ambitions. "Gérald Darmanin conquers every day a little more political space, this episode is a strong illustration," laments the ecologist deputy Aurélien Taché.

 

>> "Matignon, he thinks about it, he wants to": Gérald Darmanin, a Minister of the Interior on the front line who no longer hides his ambitions

 

Moreover, the executive is hardening its tone. "Our compatriots are fed up  with fraud (...)  they have no desire to see that people can benefit from aid, send them    back to  the Maghreb or elsewhere,"  Economy   Minister Bruno Le Maire told  BFMTV,  the  April 18.  A strategy of stigmatization that provokes the ire of the left, while the right believes, on the contrary, that the government does not go far enough. "If the Minister of the Interior aligns himself with us, we will discuss it, but we will not be satisfied with warm water," warned the president of the Republicans Eric Ciotti on March 18. "We want a paradigm shift," says Yannick Neuder, pleading in particular for "the establishment of quotas" and measures to "harden the right of asylum".

 

4 Emmanuel Macron officially decides for a law in a single text

On April 23, back to square one. In the columns of Le Parisien (article subscribers), Emmanuel Macron finally expressed his desire that the bill be presented to parliamentarians in a single text. It is also the announcement of a new political headache for the government, still forced to find alliances for adoption in Parliament. "The Prime Minister is looking with the different parties, I do not know what the path will be," evacuated the head of state in Le Parisien.

 

The game promises to be difficult, the oppositions are still very divided, including within the LR party. "I will wait to see the exact content of the text, even if I leave with a good feeling about it," an LR deputy told franceinfo when asked about the possibility of an agreement with the government. "We no longer have confidence," said Yannick Neuder, who pleads for harsher measures. Another complication for the government: the LR deputies plan to table their own bill on immigration before the summer. On the left, parliamentarians still disagree head-on with the text.

 

As in the debates on pension reform, the risk of a political deadlock is not far away. "Will the government find itself forced to draw the last 49.3 it has left? Even though Elisabeth Borne has expressed her desire not to use it anymore?" asked Communist Senator Eliane Assassi, describing a government "in full cacophony".

 

5 Consideration in Parliament postponed again

Final change of strategy and new backpedaling, Wednesday, April 26. During the presentation of the government's roadmap for the "100 days of appeasement" wanted by Emmanuel Macron, Elisabeth Borne postponed the examination of the bill "to the autumn". "Today, there is no majority to vote such a text, as I was able to verify yesterday by talking with the leaders of the Republicans," she acknowledged, arguing that the deputies and senators LR have not yet found "a common position" on the subject. The Prime Minister also believes that "this is not the time to launch a debate on a subject that could divide the country."


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