Playbook Paris: Spéciale premier tour — Pas envie
de les voir Nupes — A droite, doute
BY PAULINE
DE SAINT REMY AND JULIETTE DROZ
June 13,
2022 7:25 am
POLITICO
Playbook Paris
Par PAULINE DE
SAINT REMY et JULIETTE DROZ
Bonjour à toutes
et à tous, nous sommes lundi 13 juin 2022. Si vous avez abdiqué hier devant
l’avalanche de chiffres qui ont déferlé à partir de 20 heures sur vos écrans,
Playbook vous aide ce matin à y voir plus clair. Selon le comptage de toutes
les voix par le ministère de l’Intérieur, Ensemble! (25,75%) et la Nupes
(25,66%) terminent dans un mouchoir de poche à l’issue du premier tour des
législatives. Le Rassemblement national complète le tiercé avec 18,68%. Les
Républicains ferment la marche avec 10,42% des voix. Très loin derrière, la
chute est brutale pour Reconquête, avec un maigre 4,24%.
En projections de
sièges, c’est pire pour Eric Zemmour, qui, hier soir, a annulé toutes ses
interviews prévues à la télévision : Reconquête ne décrochera pas un mandat,
puisque le parti n’a pas de candidat qualifié pour le second tour. Selon
l’institut Ipsos et sa boule de cristal algorithmique, Ensemble ! pourrait
obtenir de 255 à 295 sièges quand la Nupes récolterait 150 à 190 fauteuils. Le
RN pourrait obtenir son groupe — mais reste loin des 60 députés espérés – avec
20 à 45 sièges en vue. LR et l’UDI, enfin, pourraient ne conserver que 50 à 80
places sur les bancs de l’hémicycle.
Majorité
silencieuse. Avec 52,49% d’abstention, le nombre de ceux ayant préféré rester
dans leur canapé a atteint hier un nouveau record pour un premier tour de
législatives.
Voilà pour les
grandes lignes, mais Playbook veut d’abord vous raconter les soirées
électorales telles que vécues du côté de l’Elysée, de l’alliance des gauches et
de la droite. Pour les plus mordus et les compilateurs de données, enfin, notre
collègue Elisa Braun vous a concocté de quoi beurrer vos tartines et avoir
l’air d’un pro pendant la pause café grâce à un astucieux récap, que vous
retrouverez juste avant votre agenda : vous pouvez cliquer sur le nom des
candidats et apprendre leurs résultats par cœur.
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AU PALAIS
LES GARS DE LA
MACRONIE. Réunis dans la salle des fêtes de l’Elysée dès la fin d’après-midi,
les conseillers politiques d’Emmanuel Macron ont épluché les résultats jusque
tard dans la soirée, hier. Avec les petites mains du ministère de l’Intérieur
et les conseillers politiques du Château, Pierre Herrero et Maxence Barré, le
président du groupe Renew au Parlement européen, Stéphane Séjourné, et le futur
ex-député Thierry Solère étaient présents, tout comme le conseiller politique
au parti, Jérôme Peyrat et le coordinateur de la campagne, Grégoire Potton.
Outre la Première
ministre, Elisabeth Borne, qui a quitté l’Elysée vers 19h40 pour se rendre au
QG de LREM et appeler à la mobilisation, dans une prise de parole très stricte,
le président du groupe à l’Assemblée, Christophe Castaner, fait partie des
politiques à avoir passé une tête à l’Elysée dans la soirée, avec François
Bayrou, le président du MoDem, qui, nous a-t-on rapporté, a fait montre de sa
non-surprise face au score de la Nupes et au niveau d’abstention, sur le thème
“je vous avais prévenus”. Edouard Philippe, lui aussi, selon Le Parisien ce
matin, a participé par visio à un échange dans lequel il a expliqué qu’il
faudrait “dramatiser” l’enjeu du second tour.
Leurs chiffres.
Sur 577 circonscriptions analysées, Ensemble! se hissait selon eux au second
tour dans 421, la Nupes dans 384, le RN dans 207 et l’alliance LR/UDI/DVD dans
89.
Le sentiment
général, à en croire plusieurs des invités du Palais, hier, était double : d’un
côté, les uns et les autres prenaient progressivement conscience qu’avec une
opposition en majorité composée de députés LFI, “l’Assemblée va être compliquée
à gérer, ça va être le bordel”, selon les mots d’un conseiller consulté hier
par votre infolettre, lui-même un poil inquiet. De l’autre, si la majorité
absolue est loin d’être acquise, l’entourage du chef de l’Etat ne la croit pas
impossible à atteindre. En tout état de cause, elle ne se fera pas, quoiqu’il
arrive, sans les philippistes de Horizons, ce que craignaient les stratèges
macronistes.
Chasseurs de
têtes. Résultat, une autre question va rapidement se poser : y a-t-il des
candidats LR ou PS qualifiés pour le second tour à qui il pourrait être utile
de prêter main forte en espérant les rallier à la majorité, par la suite? Entre
autres exemples de circonscriptions où la majorité présidentielle sortante se
tâtera à prêter soutenir l’un des candidats qualifiés pour le second tour : la
deuxième de Corrèze, où la députée sortante des Républicains, Frédérique
Meunier, s’est qualifiée avec 23,28% des voix contre celle de la Nupes, Chloé
Herzhaft (21,16%). Le candidat d’Ensemble! est éliminé alors qu’il les talonne
à plus de 20% des suffrages exprimés.
Actors studio. Le
président de la République a en tout cas fait part hier de son intention de
tenir un propos solennel sur les résultats aujourd’hui, ce qu’il pourra
vraisemblablement faire à l’occasion de sa visite au salon de l’armement
Eurosatory ce matin. L’occasion pour lui d’insister, sans grande surprise, sur
deux sujets, selon un conseiller de la majorité : le faible niveau de la
participation et le “danger”, sur le fond, que représente la Nupes à ses yeux.
Deux signaux pas tip-top pour le chef de l’Etat, ce qui ne l’a pas empêché
d’apparaître serein hier, devant ses soutiens à l’Elysée. Sans que ceux-ci
soient tous convaincus pour autant : “Il sait qu’on parle à la presse. Alors il
prend par les épaules, il embrasse, bref, il montre pas de fébrilité….”,
décryptait un participant auprès de Playbook, au début de la nuit.
N’empêche :
son programme des jours suivants ne changera pas. Emmanuel Macron doit toujours
s’envoler en effet mardi comme prévu pour Roumanie et la Moldavie. Pas question
de changer ce programme-là. Le même conseiller à qui nous demandions hier soir
si Emmanuel Macron ne songeait pas plutôt à être “sur le terrain”, cette
semaine, nous rétorquait : “Mais c’est du terrain. C’est du terrain de
président responsable ! Le point faible de Mélenchon, c’est précisément
l’Europe et son rapport à la Russie…” Un autre, peu convaincu, nuançait
toutefois : “Je crois surtout qu’ils regardent de très près, mais qu’ils ne
veulent pas trop exposer le président…”
PAS ENVIE
DE LES VOIR NUPES. Comme on pouvait s’y attendre, la question délicate des
consignes de vote passées par la majorité présidentielle concernant les
circonscriptions qui voient s’affronter un candidat du RN et un candidat de la
Nupes a enflammé les réseaux sociaux, hier, en moins de temps qu’il n’en faut
pour dire “ni-ni”. Aux alentours de 20 heures, en effet, nos vaillants
confrères faisant le pied-de-grue devant l’Elysée faisaient savoir en duplex et
en stéréo que l’entourage du chef de l’Etat avait bel et bien décidé qu’aucune
consigne ne serait passée, comme le supputait l’Express la semaine dernière, et
que les duels seraient étudiés “au cas par cas”. Comprenez : que les profils des candidats de la
Nupes en question seraient étudiés un par un pour savoir si un appel à faire
barrage au RN pouvait être passé en leur faveur.
Ce positionnement
fut immédiatement fustigé par les partisans de la Nupes sur les plateaux télé,
mettant certains macronistes dans l’embarras. Comme l’ex-ministre du Logement
Emmanuelle Wargon, contrainte d’expliquer sur BFM qu’à “titre personnel” elle
ne mettait pas l’union de la gauche et le RN sur le même plan. Il n’en fallut
pas plus pour qu’un changement de braquet soit décidé dans la soirée, validé
par le président de la République en personne, a appris Playbook.
180 degrés (et 59
duels). Voilà pourquoi, comme repéré par votre infolettre, qui avait un œil sur
toutes les chaînes, la porte-parole de LREM, Maud Bregeon, informée de ce
revirement, déclarait sur BFMTV aux alentours de 23h20 : “Je veux être très
claire ce soir, pas une voix ne doit aller au RN. Partout nous appelons à faire
battre l’extrême droite”. Une intervention en fait dans la ligne de celle tenue
un peu plus tôt au QG par Stanislas Guerini, qui jurait devant les journalistes
que jamais il n’appellerait à voter pour un candidat du RN — carte du front
républicain brandie.
Le changement de
ligne sera en tout cas surtout confirmé ce matin par la porte-parole du
gouvernement, Olivia Grégoire, qui est l’invitée de RTL… la même, qui, en début
de soirée, hier, sur France 2, respectant bravement les consignes passées par
le Château, tâchait non sans difficulté d’éviter la question en expliquant que
ces situations ne seraient que marginales. Il faut dire qu’hier, à 18h45,
lorsque le chef de l’Etat a fait monter une poignée de ses proches politiques
au premier étage de l’Elysée pour caler les éléments de langage de la soirée,
ils s’attendaient à ce que ces duels ne soient qu’une grosse poignée. D’après
les derniers décomptes réalisés hier soir, sur 550 circonscriptions (sans
celles de l’Outre-Mer), il devrait y avoir 59 duels Nupes / RN.
A titre de
comparaison : selon les décomptes de notre confrère de Contexte, les duels de
second tour opposeront la Nupes et Ensemble! dans 272 circonscriptions, le RN
et Ensemble! dans 107 circonscriptions, la Nupes et la droite LR/UDI/DVD dans
26 circonscriptions, Ensemble! et la droite dans 19 circonscriptions. Huit triangulaires en tout ont été
dénombrées.
LA NUPES
SUR UN NUAGE (AVANT L’ORAGE)
PREMIER
TEST SANS CRASH. Hier soir, alors que la nuit était déjà bien avancée, la
France insoumise disséquait encore, à la lueur de la bougie, les résultats du
premier tour. “C’est en cours”, nous textotait ainsi un stratège insoumis, à
qui l’on demandait une dernière relevée des compteurs… Et le cheveu qui sépare
la Nupes, en deuxième position selon le ministère de l’Intérieur, derrière la
majorité présidentielle, a une haute valeur symbolique. Les résultats diffèrent d’ailleurs légèrement de
ceux de nos confrères du Monde, la faute à des nuances dans les nuances. A près
de 3 heures et demi du matin, l’insoumis (et mathématicien) Manuel Bompard
criait de son côté à la “manipulation” sur Twitter, contestant le mode de calcul
gouvernemental.
Quel que soit le
chiffre définitif de l’union de la gauche, son score permettrait à l’attelage
de se glisser, très officiellement et sans se tortiller, dans le costume de
premier opposant à Emmanuel Macron. Les observateurs pointilleux auront
toutefois noté que ce résultat équivaut peu ou prou au total des voix (25,5%)
recueillies par les partis de cette coalition aux législatives de 2017.
Verre à moitié
plein. Faisant fi de cette dernière donnée, Jean-Luc Mélenchon a préféré
retenir que sur les cinq candidats élus dès le premier tour (toutes étiquettes
confondues) quatre sont issus de ses propres rangs. Son bras droit, Alexis
Corbière, conserve la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis (avec un
confortable 62,94% des voix) tout comme Danielle Obono, réélue dans la 17e de
Paris. Deux insoumises font leur entrée au Palais Bourbon : la communicante de
LFI Sophia Chikirou (6e de Paris) et la vice-présidente du parlement de la
nouvelle union populaire, Sarah Legrain (16e de Paris), se qualifient également
d’entrée de jeu.
Si si la famille.
Hier soir, depuis le QG de la Nupes, où Playbook noircissait son carnet à
spirales, Jean-Luc Mélenchon faisait irruption en salle de presse en plein
discours de Marine Le Pen, en profitant pour se lancer dans une série
d’accolades très politiques face aux objectifs. Une tape sonore dans le dos du
patron des Verts, Julien Bayou, une autre pour le porte-parole du parti
communiste, Ian Brossat. Corinne Narassiguin, la numéro 2 du PS et Sophie
Taillé-Pollian, de Generation.s se sont, elles aussi, brièvement retrouvées
dans les bras de Méluche, sourire immense et regard embué, comme le socialiste
Olivier Faure un peu plus tard, sous l’œil des caméras. Sur les coups de 18
heures, lors d’une ultime réunion au siège de LFI, tout ce beau monde avait
bien évidemment verrouillé ensemble les éléments de langage à délivrer plus
tard dans la soirée. Histoire
d’être bien raccord sur le message et les consignes.
Les clés du
camion. “Le parti présidentiel, au terme du premier tour, est battu, est
défait”, s’est donc réjoui Jean-Luc Mélenchon, le ton grave et les yeux rougis,
avant d’ajouter avec un peu d’emballement que la coalition de gauche “arrive en
tête et sera en tête dans plus de 500 circonscriptions”. N’ayant cure des
projections de second tour, qui placent les macronistes majoritaires, les
lieutenants mélenchonistes avaient d’ailleurs la victoire en bandoulière.
“C’est possible que nous gouvernions dans une semaine”, affirmait à votre
infolettre Aurélie Trouvé, ancienne d’Attac et présidente du parlement de la
Nupes. “Le troisième tour est en train de se produire”, voulait croire de son
côté la toute fraîche députée Sarah Legrain. Jean-Luc Mélenchon lui-même
brandissait encore son billet pour Matignon, exhortant (tout de même) à
plusieurs reprises les citoyens à “déferler” dimanche prochain “pour rejeter
définitivement les projets funestes de M. Macron”.
Vertigo.
Aussitôt l’allocution bouclée, le visage empreint d’émotion, Jean-Luc Mélenchon
s’est éclipsé par une porte dérobée pour rejoindre la terrasse du bâtiment.
C’est de là que, quelques minutes plus tôt, il avait écrit son discours. Selon
un observateur discret, présent sur les hauteurs de l’immeuble, cette émotion
serait non pas la marque d’une quelconque déception. Sur cette terrasse, JLM
prenait, nous soufflait-on, seulement conscience que l’un de ses paris — la
Nupes comme premier opposant à Macron — était en passe de fonctionner. “C’est le moment où l’histoire passe à
travers vous…” traduisait un autre de ses fidèles, à l’oreille de Playbook.
Réservoir (quasi)
vide. Grisés par leurs bons résultats, les poètes insoumis et leurs alliés de
la Nupes faisaient mine, hier soir, d’ignorer un obstacle dans le genre massif
sur le chemin de la victoire dominicale. Partis comme un seul homme au premier
tour, leur réservoir de voix est donc, en toute logique, à sec. Les
mélenchonistes espèrent convaincre ceux des leurs qui ont choisi de rester sur
leur canapé, hier. (Re)mobiliser leur propre camp donc, avec au premier chef
les jeunes et les électeurs des milieux populaires. A votre infolettre, qui,
taquine, rétorquait que le butin risquait d’être maigrichon, l’insoumise Manon
Aubry répondait : “C’est quoi la réserve de voix de LREM ?”. JLM, de son côté,
lançait sans complexe un message subliminal aux “fâchés mais pas fachos” :
“Regardez ce deuxième tour sous l’angle des projets, de l’intérêt général, de
la patrie et du peuple”, a-t-il lancé en direction des électeurs du RN, sans
toutefois les appeler par leur nom.
Pluie de
sauterelles — saison 2. Aujourd’hui, les troupes de la Nupes doivent fixer
l’agenda de la semaine, notamment celui de Jean-Luc Mélenchon, qui a pour
l’instant une seule croix à la date de demain, pour un meeting à Toulouse, tout
en promettant qu’il sera “très présent”. Pour le reste, les coalisés de
l’alliance préparent déjà leurs boucliers. Hier, Manon Aubry anticipait déjà
les tirs croisés de la majorité : “Ça va être la violence puissance 1000”.
A DROITE, DOUTE
MIEUX QUE RIEN.
Côté Républicains, hier soir, l’ambiance était, sans surprise, pas folichonne.
Certes, le futur ex-premier groupe d’opposition à l’Assemblée échappe à la
Bérézina absolue (rappelons que sa candidate, Valérie Pécresse, n’a réuni que
4,7% des voix au premier tour de la présidentielle). Mais il pourrait tout de
même fondre de plus de moitié, puisqu’il est crédité de 50 à 80 futurs sièges
en comptant l’UDI et les élus divers droite, selon Ipsos, alors qu’il en
détenait 100 à lui seul durant la législature qui s’achève. D’après un décompte
interne transmis à votre infolettre, qui tenait compte de toutes les
circonscriptions où les Républicains avaient un député — à dix circo près en
Île-de-France — LR s’en sort avec 55 sortants qualifiés pour le second tour,
contre 29 où son candidat a été battu dès le premier.
Ciao tutti. Parmi
les figures du parti sorties dès le premier tour : Julien Aubert, dans le
Vaucluse, Guillaume Larrivé, dans l’Yonne, Sébastien Huygue, dans la 5e du
Nord, Bernard Reynes, dans la 15e des Bouches-du-Rhône. Notons que Francis
Szpiner, dans le sud du 16e arrondissement de Paris, se qualifie mais avec 6
points de retard sur le candidat de LREM, Benjamin Haddad, qui avec plus de 39%
des voix au premier tour pourrait donc bien remporter un bastion historique de
la droite.
Parenthèse
enchantée. LR ne désespère pas de conquérir au moins une circonscription, et
non des moindres : la 1re de Corrèze, ex-terre d’élection d’un certain François
Hollande, où le député sortant d’Ensemble a été battu, laissant la place à un
duel LR (François Dubois, 20,62% des voix) contre Nupes (Sandrine Deveaud,
25,40). Une circonscription que le Parti socialiste avait aussi à l’œil puisque
l’ancien chef de l’Etat y soutenait Annick Taysse, une candidate en dissidence
contre celle de la Nupes. Une candidate hollandaise qui a donc été battue, avec
moins de 10% des voix (9,96), se frottait les mains hier soir un cadre
socialiste rangé à la ligne d’une alliance avec La France insoumise… Mais
revenons à nos moutons de droite.
Nous prendrait-on
pour des gonds ? LR conservera donc vraisemblablement un groupe, mais désormais
la question se pose – et peut-être dès ce matin au conseil stratégique du parti
– de savoir : pourquoi faire? Alors que Laurent Delahousse, sur France 2,
demandait à Christian Jacob comment il vivait le fait d’être sur le point de
devenir “un groupe charnière” à l’Assemblée, le patron des Républicains,
généralement peu amène avec la Macronie, était loin de se contenter de répondre
que la droite serait avant tout un groupe d’opposition : “Nous serons
constructifs. Nous voterons les textes qui iront dans le bon sens et nous nous
opposerons durement quand ce ne sera pas le cas”, a-t-il dit, avant d’enchaîner
sur la façon dont la droite et la droite seule peut “faire bouger les choses”.
Isn’t it ironic ?
Sur France Inter, le prédécesseur de Jacob, Jean-François Copé, plus allant à
travailler avec la majorité macroniste, mettait les pieds dans le plat plus
franchement : “C’est l’ironie de l’histoire politique dans notre pays, nous
pouvons nous retrouver dans cette situation dans laquelle monsieur Macron
n’ayant pas la majorité absolue, il va lui falloir en rabattre et travailler
avec la droite de gouvernement (…) La question se posera donc de savoir (..) si
on fait une sorte de pacte majoritaire, d’imaginer un pacte de gouvernement”.
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LE RÉCAP FAÇON
PLAYBOOK
CATÉGORIE
ÉLIMINÉS. Parmi les alumnis de la politique côté LREM, pourtant sèchement
éliminés dès le premier tour, on retrouve l’ex-ministre de l’Education
nationale Jean-Michel Blanquer (dans le Loiret), sa collègue au logement
Emmanuelle Wargon (Val-de-Marne) ou encore l’ex-député PS Nicolas Bays
(Pas-de-Calais).
Les sortants
sortis. Au moins une vingtaine de députés sortants de la majorité vont
également devoir rendre leur tablier comme Bruno Questel (Eure) … Danièle Hérin et Mireille Robert
(toutes deux dans l’Aude) … Yolaine de Courson (Côte d’Or) … Catherine
Daufès-Roux (Gard) … Jean-François Eliaou, Philippe Huppé, Christophe Euzet
(dans l’Hérault tous les trois) … Olivier Damaisin (Lot-et-Garonne) … Richard
Lioger, Nicole Trisse, Brahim Hammouche (les trois en Moselle) … Laurence
Vanceunebrock (Allier) … Anissa Kheder (Rhône) … Nadia Essayan (Cher) …
Christophe di Pompeo (Nord) … Pascal Bois (Oise) … Sira Sylla (Seine-Maritime)
… Christophe Jerretie (Corrèze) … Alexandra Louis et Saïd Ahamada (les deux
dans les Bouches-du-Rhône) … Souad Zitouni (Vaucluse).
Première
épreuve. Parmi les nouvelles têtes de la majorité qui n’auront pu se hisser en
duel ou en triangulaire, Shannon Seban, ex cheffe-cab adjointe de Bruno Le
Maire (Loire) … Isabelle
Seguin, ex-candidate de Koh-Lanta … Marika Bret, adhérente du Printemps
Républicain.
Option raclée. À
droite, c’est la sortie de Julien Aubert qui aura été remarquée: le Républicain
arrive quatrième dans sa circonscription. Côté extrême droite, la degringolada
se poursuit côté Reconquête avec l’élimination dès le premier tour d’Eric
Zemmour qui se prend une claque en arrivant troisième. Notons aussi l’élimination des candidats
antivax et anti-système Mathilde Wonner, Francis Lalanne et Florian Philippot.
LE POINT
MINISTRES. Sans qu’aucun ne casse définitivement la baraque (exception faite de
Gérald Darmanin et Gabriel Attal, quasi élu dans les Hauts-de-Seine),
parviennent à se hisser en tête : Damien Abad (Ain) … Olivier Véran (Isère) …
Marc Fesneau (Loir-et-Cher) … Olivia Grégoire (Paris) … Brigitte Bourguignon
(Pas-de-Calais) … Yaël Braun-Pivet (Yvelines) … Franck Riester (Seine et Marne)
… Justine Benin (Guadeloupe) … et Olivier Dussopt (Ardèche). Avec moins de
réussite, Stanislas Guérini et Clément Beaune sont légèrement devancés par la
NUPES dans des circos parisiennes. C’est aussi le cas d’Amélie de Montchalin, qui fait l’objet de quelques
gloups circonspects. La ministre a dix points d’écart à rattraper en Essonne et
pourrait bien perdre, si elle échoue, son ministère.
Les anciens, pas
(toujours) mieux. Les ex-ministres Barbara Pompili, Roxana Maracineanu,
Elisabeth Moreno et Laurent Pietraszewski se sont tous fait épingler sur le
tableau de chasse de la NUPES, qui a réussi à les devancer. L’ex secrétaire
d’Etat Bérangère Abba est elle devancée par le RN (en Haute-Marne). Arrivent
en tête dans leurs circos Christophe Castaner (de très peu, dans les
Alpes-de-Haute-Provence) … Sarah
El Haïry (en Loire-Atlantique) … Joël Giraud (dans les Hautes-Alpes) … Stéphane Travert (Manche) … Geneviève
Darrieussecq (Landes).
NUPÉS. Parmi les
nombreux sortants LREM qui se sont fait doubler par leur gauche, notons les cas
de Laetitia Avia (Paris) … Yannick Kerlogot (Côte d’Armor) … Pascale Boyer (Hautes-Alpes) … Florian
Bachelier (Ille-et-Villaine) … Fabrice le Vigoureux (Calvados) … Jean-Baptiste
Moreau (Creuse) … Jean-Pierre Cubertafon (Dordogne) … Mireille Clapot, Célia de
Lavergne (Drôme) … Philippe Berta (Gard) … Jean-Luc Lagleize, Corinne Vignon,
Elisabeth Toutut-Picard, Sandrine Mörch (Haute-Garonne) … Catherine Fabre
(Gironde) … Patricia Miralles (Hérault) … Philippe Chalumeau (Indre-et-Loire) …
Jean-Charles Colas-Roy, Émilie Chalas, Élodie Jacquier-Laforge (Isère) …
Jean-Michel Mis (Loire) … Mounir Belhamiti , Valérie Oppelt, Anne-France
Brunet, Aude Amadou, Sandrine Josso … Audrey Dufeu, Yannick Haury
(Loire-Atlantique) … Huguette Tiegna (Lot) … Sonia Krimi (Manche)
Virage à
droite. Parmi les sortants qui arrivent derrière le RN, on retrouve : Aude
Bono-Vandorme, Marc Delatte (Aisne) … Loïc Dombreval, Alexandra
Valetta-Ardisson (Alpes-Maritimes) … Grégory Besson-Moreau (Aube) … Alain Perea
(Aude) … Michel Delpon (Dordogne) … Frédéric Barbier (Doubs) … Fabien
Gouttefarde et Marie Tamarelle-Verhaeghe (Eure) … Françoise Dumas et Antoine
Cellier (Gard) … Véronique Hammerer (Gironde) … Cendra Motin et Marjolaine
Meynier-Millefert (Isère) … Belkhir Belhaddad et Christophe Arend (Moselle),
Patrice Perrot (Nièvre), Dimitri Houbron (Nord).
Catégorie
Nouvelle Star. Aymeric Caron, habitué des plateaux télé et représentant de la
cause animale, parvient à doubler l’historique Pierre-Yves Bournazel dans le
18e à Paris. Côté NUPES, Sandrine Rousseau se hisse devant le controversé Buon
Tan. Rachel Keke, qui s’est rendue célèbre pour la lutte des femmes de ménage
de hôtel Ibis des Batignolles, arrive en tête dans le Val-de-Marne, tout comme
le boulanger Stéphane Ravacley.
Point data :
parmi les 59 duels RN/NUPES de la semaine prochaine, on retrouve notamment la
13e des Bouches-du-Rhône, la 16e des Bouches-du-Rhône, la 2e du Cher, la 2e de
la Drôme, la 4e et 5e du Gard, la 5e en Gironde, les 4e, 5e , 7e, et 8e de
l’Hérault, la 4e du Loiret, la 2e dans la Marne, la 6e de Meurthe-et-Moselle,
les 3e et 8e de Moselle, les 5e et 20e dans le Nord…

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