Un prêtre orthodoxe grièvement blessé par balle
devant son église à Lyon
Employé par le ministère grec de l’éducation et des
cultes, Nikolaos Kakavelakis, âgé de 52 ans, était en poste à Lyon depuis une
dizaine d’années.
Par Nicolas
Chapuis, Richard Schittly et Marina Rafenberg Publié hier à 17h39, mis à jour à
09h12
Samedi 31
octobre, vers 16 heures, près de l’Eglise orthodoxe grecque située rue
Père-Chevrier à Lyon, un archiprêtre orthodoxe, qui était en train de fermer
son église, a été pris à partie par un homme seul. Celui-ci a ouvert le feu à
deux reprises, avant de prendre la fuite, selon une source policière au Monde. Le prêtre a été blessé, son
pronostic vital est engagé.
Rapidement
après les faits, le ministère de l’intérieur a fait état d’une intervention des
forces de sécurité dans le 7e arrondissement de Lyon, en appelant la population
à éviter le secteur Jean-Macé. A Paris, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a ouvert une cellule
de crise place Beauvau. En l’état, le parquet national antiterroriste n’a pas
été saisi.
Employée par le
ministère grec de l’éducation et des cultes, la victime, Nikolaos Kakavelakis,
est âgée de 52 ans et était en poste à Lyon depuis une dizaine d’années, en
tant que recteur de la paroisse grecque orthodoxe de l’Annonciation de la mère
de Dieu.
Le procureur de la République de Lyon, Nicolas Jacquet, a
annoncé dans la soirée l’interpellation d’un suspect qui a été placée en garde
à vue, précisant toutefois que le suspect n’était pas porteur d’une arme au
moment de son interpellation. «
Les vérifications se poursuivent sur son éventuelle implication », a-t-il
ajouté dans un communiqué.
Ces faits
surviennent trois jours après l’attaque de la basilique
Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice, où trois personnes ont été tuées par un
assaillant islamiste armé d’un couteau. Après l’attentat de Nice, Emmanuel Macron avait annoncé le passage de 3 000
à 7 000 soldats pour l’opération Sentinelle afin de protéger les lieux de culte
et les écoles.
L’hypothèse d’un
conflit privé
Indépendamment de
la piste terroriste, une autre piste apparaît dans les premières heures de
l’enquête de la police judiciaire : celle d’un conflit au sein de la petite
communauté religieuse grecque de Lyon. Pour l’heure, l’hypothèse n’est pas
confirmée, mais elle est sérieusement prise en compte dans les investigations.
La victime,
Nikolaos Kakavelakis, a été l’objet d’une cabale au cours de ces dernières
années, marquée par de multiples procédures. Accusé d’autoritarisme et de
malversations financières par un ancien moine orthodoxe, le prêtre avait fini
par déposer plainte pour dénonciation calomnieuse. « Il était très affecté par
ces accusions, le conflit était venimeux, il était face à quelqu’un de campé
sur ses positions, de très rigide », se souvient Xavier Moroz, l’avocat qui a
défendu le prêtre à l’époque.
En novembre 2018,
l’ancien moine accusateur a été condamné à 1 000 euros d’amende pour
dénonciation calomnieuse par le tribunal correctionnel de Lyon. « Il
connaissait l’inexactitude des faits dénoncés et ses accusations n’étaient
étayées par aucun élément sérieux », ont estimé les juges. Une décision confirmée par la cour
d’appel de Lyon, le 31 mars 2020.
A
l’audience correctionnelle, l’avocat du prêtre accusé avait évoqué « un
comportement obsessionnel ». « Il n’est pas illuminé, c’est quelqu’un de très
calme », avait-il plaidé.
L’ancien
moine avait, par ailleurs, relaté ses accusations sur un blog et il avait écrit
à l’ambassade de Grèce en France, affirmant qu’il avait été expulsé de manière
violente de l’église orthodoxe : il avait été excommunié, après une première
plainte remontant à 2012.
« Horreur »
Dans un
communiqué, le Comité des responsables d’églises à Lyon (CREL) a envoyé des
vœux pour le rétablissement du prêtre et assuré « nos frères et nos sœurs de la
communauté grecque-orthodoxe de Lyon de notre communion dans cette dramatique
épreuve ». De son côté, le
chef de l’Eglise de Grèce, Mgr Iéronymos, a dénoncé cette attaque, la
qualifiant, auprès de l’agence de presse grecque d’« horreur qui dépasse la
logique humaine ».
Le ministère grec
des affaires étrangères s’est voulu prudent et lacunaire dans sa réaction à
l’événement en dénonçant sur Twitter « l’attentat contre un membre du clergé
orthodoxe d’origine grecque » et en mentionnant que les « autorités grecques
sont en contact avec les autorités françaises compétentes ».
Mais Mgr
Iéronymos, archevêque d’Athènes et chef de l’Eglise de Grèce, a réagi quelques
minutes après l’attaque dans un entretien à l’agence de presse grecque, Ana : «
Cela dépasse la logique humaine qu’une religion puisse armer les mains de
terroristes aveuglés par la haine », a- t-il ajouté avant même que le motif de
l’attaque n’ait été déterminé par les enquêteurs français.
Nicolas
Chapuis, Richard Schittly(Lyon, correspondant) et Marina Rafenberg(Athènes,
correspondance)
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