“La menace est partout “ : le gouvernement appelle les
Français vivant à l’étranger à la prudence après l’attentat de Nice
La France va par ailleurs renforcer les effectifs de
gendarmes et de policiers sur le territoire national face à la menace
terroriste. Sur le front de l’enquête, un homme, soupçonné d’avoir été en
contact avec l’auteur de l’attaque qui a fait trois morts, a été interpellé
jeudi.
Le Monde avec AFP
et Reuters Publié aujourd’hui à 09h02, mis à jour à 15h15
Le ministre des
affaires étrangères a appelé les ressortissants français vivant à l’étranger à
la prudence au lendemain de l’attentat de Nice, estimant que la menace contre
les intérêts français était « partout ».
« Le message
d’urgence attentat (plus haut niveau) a été envoyé hier soir à l’ensemble de
nos ressortissants à l’étranger, quels que soient les lieux, puisque la menace
est partout », a déclaré vendredi 30 octobre Jean-Yves Le Drian à l’issue d’un
conseil de défense organisé au lendemain de l’attaque à l’arme blanche qui a
fait trois morts dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice.
« On passe vite
de la haine virtuelle à la violence réelle, et nous avons décidé de prendre
toutes les mesures pour assurer la sécurité de nos intérêts, de nos
ressortissants », a poursuivi le ministre, précisant que des instructions
avaient été données aux ambassadeurs « pour qu’ils renforcent les dispositifs
de sécurité » autour des présences françaises dans le monde (ambassades,
consulats mais aussi Alliances françaises ou établissements scolaires).
Des
manifestations anti-françaises et des appels au boycott des produits français
se sont multipliés depuis le week-end dernier dans le monde musulman pour
dénoncer le soutien apporté par le président Emmanuel Macron à la liberté de
caricaturer.
La sécurité
renforcée en France
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Sur le territoire
national, la France va par ailleurs renforcer les effectifs de gendarmes et de
policiers face à la menace terroriste. Quelque 7 000 membres des forces de
l’ordre, dont pour moitié des gendarmes réservistes, seront mis dès lundi à
disposition des préfets pour assurer la sécurité, a annoncé le ministre de
l’intérieur, Gérald Darmanin, à la sortie de ce conseil de défense.
M. Darmanin a en
outre annoncé l’envoi de 120 policiers à Nice. Le renforcement des mesures de
sécurité autour des lieux de cultes chrétiens sera « fort » en ce week-end de
la Toussaint, a également déclaré le ministre. L’armée va aussi être mobilisée
avec le renforcement annoncé jeudi par le président de la République du
dispositif Sentinelle qui va être porté de 3 000 à 7 000 hommes.
Un homme
interpellé dans l’enquête sur l’attentat
Un homme de 47
ans, soupçonné d’avoir été en contact avec l’assaillant qui a tué trois personnes
dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice jeudi 29 octobre, a été
placé en garde à vue jeudi soir, a appris l’Agence France-Presse (AFP) vendredi
de source judiciaire.
Le suspect de
l’attaque mortelle au couteau perpétrée contre un homme et deux femmes est un
Tunisien de 21 ans, Brahim A., arrivé en France courant octobre depuis
l’Italie. L’homme placé en garde à vue est soupçonné d’avoir été en contact
avec lui la veille des faits, a indiqué la source judiciaire, confirmant une
information du quotidien Nice-Matin.
Ce que l’on sait
du déroulé de l’attaque
L’assaillant est
entré dans la basilique jeudi à 8 h 29, où il a égorgé une femme de 60 ans et
le sacristain, âgé de 55 ans. Une mère de famille brésilienne de 44 ans
résidant en France, touchée à plusieurs reprises, a succombé à ses blessures
dans le restaurant où elle s’était réfugiée, non loin de l’église.
Alertée par un
témoin, une équipe de la police municipale est intervenue et a fait feu
plusieurs fois sur l’assaillant qui « s’était avancé vers eux de manière
menaçante en criant “Allah Akbar” », a relaté le procureur antiterroriste
Jean-François Ricard lors d’un point presse jeudi soir.
Dans la basilique,
les enquêteurs ont trouvé l’arme du crime, un couteau avec une lame de 17 cm,
selon M. Ricard. Un sac d’effets personnels, un coran et deux téléphones, ainsi
que deux couteaux non utilisés ont également été découverts.
Grièvement
blessé, Brahim A. a été conduit à l’hôpital, où il a été opéré. Selon nos
informations, il se trouvait toujours dans un état grave vendredi matin et
devait être opéré une seconde fois. Il n’était pas en état d’être interrogé et
ne pouvait donc livrer plus de précisions quant à ses motivations et son
parcours.
Un auteur inconnu
des services de renseignement
Inconnu des
services de renseignement, l’auteur de l’attaque a été identifié grâce à un
document de la Croix-Rouge italienne. Selon les premières investigations,
Brahim A. est arrivé en Europe par l’île italienne de Lampedusa le 20
septembre, avant de débarquer sur le continent à Bari le 9 octobre, où les
enquêteurs ont perdu sa trace. Selon nos informations, il aurait été placé en
quarantaine sur un bateau pour une suspicion de Covid-19.
L’enquête ouverte
par le Parquet national antiterroriste (PNAT), notamment pour « assassinats et
tentatives d’assassinat terroristes », est coordonnée par la sous-direction
antiterroriste.
Le président de
la République, Emmanuel Macron, qui était sur place jeudi, a dénoncé une «
attaque terroriste islamiste » et annoncé un renforcement du plan de sécurité
Vigipirate : le nombre de soldats patrouillant dans les rues passera de 3 000 à
7 000. Il réunit vendredi matin un conseil de défense, alors que la France a
été la cible de deux attaques djihadistes sur son sol en moins de deux
semaines. A la mi-octobre, un professeur de collège de la région parisienne,
Samuel Paty, avait été décapité par un islamiste d’origine russe tchétchène lui
reprochant d’avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves.
« Nous sommes en
guerre face à un ennemi qui est à la fois un ennemi intérieur et un ennemi
extérieur », a martelé vendredi sur RTL le ministre de l’intérieur, Gérald
Darmanin. « Nous ne sommes pas en guerre contre une religion, mais contre une
idéologie, l’idéologie islamiste », a-t-il ajouté.
Droite et extrême
droite en appellent à durcir la politique d’immigration
Dès le lendemain
de l’attaque, droite et extrême droite ont mis l’accent sur la lutte contre
l’immigration. « Le problème de l’immigration et de son contrôle doit être
posé, nous avons des propositions pour le renforcer », a affirmé, sur RTL,
Christian Jacob. Le président des Républicains (LR) a notamment rappelé la
proposition LR de « quotas d’immigration qui soient votés à l’Assemblée
nationale ». Il a également réclamé des « tests osseux pour s’assurer que les
mineurs que nous accueillons sont effectivement mineurs et mineurs isolés »,
même si la fiabilité de ces tests est régulièrement remise en cause.
La présidente
(Libres, ex-LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a réclamé sur
Franceinfo que « tous les étrangers qui sont radicalisés, fichés par
l’antiterrorisme, soient expulsés de notre pays », tandis que le député LR des
Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a « demandé au président de la République un
moratoire pour les procédures d’asile et pour l’octroi de visas en provenance
de ces pays qui nous menacent ». La présidente du Rassemblement national (RN),
Marine Le Pen, a estimé sur BFM-TV que si l’on n’arrête pas « l’immigration
massive, inconsidérée, anarchique, dans notre pays, alors nous ne réglerons pas
un problème qui tue des Français sur notre territoire ».
Le maire (LR) de
Nice, Christian Estrosi, a de son côté demandé sur Europe 1 de « modifier la
Constitution » pour mener la « guerre » : « Nous ne pouvons pas gagner la
guerre contre cet ennemi avec les lois de la paix », a-t-il déclaré, précisant
qu’il essayait de ne pas laisser la « colère » le « submerger » après cette
attaque.
Le Monde avec AFP et Reuters
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