Des mariages et un enterrement
BY ELISA
BERTHOLOMEY
16 MINS
READ
FEBRUARY
14, 2024 7:00 AM CET
https://www.politico.eu/newsletter/playbook-paris/power-couples-enterrement-badinter/
POLITICO
Playbook Paris
Par ELISA
BERTHOLOMEY
Avec SARAH
PAILLOU
AVANT TOUT.
Playbook espère que vous avez passé une meilleure nuit que Sabrina
Agresti-Roubache, qui s’est pris les pieds dans le tapis à l’Assemblée
nationale, hier. Après s’être attirée les regards noirs de la majo à cause de
sa bienveillance supposée à l’égard du RN, la secrétaire d’Etat chargée de la
Citoyenneté et de la Ville s’est fait supprimer l’article 4 de son texte sur
les dérives sectaires qui devait créer un délit pour les influenceurs
encourageant le refus de soin, comme l’ont rapporté Le Parisien et la
plateforme Projet Arcadie.
Pssst.
Votre infolettre rappelle atfu (cet acronyme disgracieux est, parait-il, à la
mode à Matignon) que la prochissime du couple Macron est également réputée
camarade du docteur Raoult.
TRÊVE DE
FÂCHERIES, c’est la Saint-Valentin, et Playbook a trouvé une manière de la
célébrer plus réjouissante encore qu’un post Instagram de Carla Bruni affichant
son amour pour les muscles de son ex-président de mari : notre classement
maison des power couples, ces couples les plus influents de France.
À la folie.
POLITICO vous propose donc un classement en toute subjectivité des unions où la
politique, les affaires et la renommée font bon ménage. Certains de nos
lectrices et lecteurs trouveront peut-être leur nom dans cette liste garantie
sans guimauve et mièvrerie. D’autres pas. Déçu(e) ? N’hésitez pas à nous faire signe, on prépare déjà l’édition 2025… D’ici là, bon réveil à tous les amoureux, nous sommes mercredi 14 février 2024.
LA NON-EXCLUSION DE RACHIDA DATI
ON POSE ÇA LÀ. Sans avoir l’air de vous
révéler un scoop, Playbook tenait à vous dire de bon matin qu’à ce jour Rachida
Dati est toujours membre de LR. Juste après l’annonce de sa nomination comme
ministre de la Culture, un Eric Ciotti visiblement sonné avait pourtant pris
acte de son entrée au gouvernement en publiant un communiqué de quatre lignes
où l’on pouvait lire noir sur blanc que la maire du 7e arrondissement de Paris
“ne fait désormais plus partie des Républicains”.
C’est fait. Il ne restait plus qu’à faire
entériner la décision par le bureau politique du parti, nous précisait à
l’époque un conseiller du Niçois. Une simple formalité.
Enfin presque. Ce fameux bureau politique post
Datigate a eu lieu hier soir… sans que soit évoqué le cas de la ministre de la
Culture. Pourtant, des suspensions et exclusions de militants bien moins connus
qu’elle ont été décidées lors de cette réunion, nous confiaient deux membres du
“BP”. Mais de Dati, pas un mot. Rien. A peine son nom a-t-il été rappelé par
l’ancien député Julien Aubert, pour constater que “le parti a pu être
déstabilisé par sa nomination”, précisait une élue. Et puis c’est tout.
Happy end? Votre infolettre s’est donc — fort
légitimement à son propre avis — posé la question : Eric Ciotti se serait-il
réconcilié avec Rachida Dati pour finalement décider de ne plus l’exclure ?
Pas du tout, nous contredisait Annie Genevard,
la secrétaire générale et bras droit du chef du parti. “Nous considérons que
son entrée au gouvernement a signé sa sortie de LR”, indiquait-elle juste avant
le BP. Et de marteler, pour que l’on comprenne bien : “Elle ne fait plus partie
de LR”.
Dans les textes. Les statuts et le règlement
du parti, dans lesquels votre serviteure s’est bien sûr plongée avec
délectation, sont pourtant formels : l’exclusion de Dati, parce qu’elle est une
élue, doit être “instruite” par le bureau politique. Seule sa suspension “à
titre provisoire” peut être décidée par le président du mouvement “dans
l’attente de la décision de la sanction”. “En l’état, si elle veut voter eu
prochain congrès, techniquement, ils ne peuvent pas l’en empêcher”,
reconnaissait un stratège à qui Playbook a passé un petit coup de fil pour en
avoir le cœur net.
Bien Dati pour rester. Si l’exclusion de la
ministre de la Culture n’a pas été débattue, c’est parce que Ciotti ne voulait
pas remettre un coup de projecteur sur sa défection en l’inscrivant à l’ordre
du jour du BP, affirmait un membre dudit bureau dans la soirée.
Mais aussi, et surtout, parce que la direction
de LR ménagerait la chèvre et le chou en vue des municipales de 2026. “Au
conseil de Paris, ça les arrange qu’elle ait un pied dehors et un pied dedans”,
décryptait hier un bon connaisseur de la situation dans la capitale.
Restons amis. D’après plusieurs interlocuteurs
de votre infolettre, Rachida Dati elle-même ne serait pas spécialement emballée
par l’idée de ne plus être membre de LR. Par affinités partisanes d’abord.
“Elle est dans une totale continuité politique”, certifiait, à l’heure de la
tisane, une élue datiste. Pour preuve, nous signalait-elle encore, cette
réponse de la ministre lors des questions au gouvernement hier : “Les mesures
que je souhaite mettre en œuvre, c’est le programme des Républicains”.
Par calcul électoral pour les municipales,
surtout. “L’intérêt de la Macronie, c’est que Dati embarque LR”, analysait un
ancien ministre de droite avec qui votre infolettre partageait sa pause
méridienne hier. Conclusion servie par le bon connaisseur des arcanes parisiens
susmentionné, qui s’en gondolait au bout du fil : “Elle va faire suer LR pour
avoir un bout de la croix de Lorraine sur la veste”.
CIOTTI REDONNE LA LIGNE. Toujours lors du BP,
une petite phrase prononcée par Eric Ciotti a fait sursauter au moins deux de
ses membres qui l’ont signalée à votre infolettre. “Nous réaffirmons notre
indépendance vis-à-vis du RN et notre opposition vis-à-vis du gouvernement”, a
déclaré le président de LR. Pour l’un de nos deux participants, Ciotti tenait
ainsi à afficher “une posture d’opposition forte avec le gouvernement dans un
objectif de survie après les européennes”.
HOMMAGE
NATIONAL
L’ADIEU À
BADINTER. Une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas les Invalides qui
accueilleront aujourd’hui l’hommage national à Robert Badinter, mais le
ministère de la Justice. “Une évidence” pour l’ancien Garde des Sceaux mort
dans la nuit de jeudi à vendredi à 95 ans, souligne l’Elysée. Emmanuel Macron
prononcera un discours “autour de l’incroyable force de vie qu’était Badinter”,
confiait nuitamment un proche du PR.
Ce qui
commence à ressembler à une tradition, en revanche, c’est le débat sur la
présence à ces cérémonies officielles des représentants de La France insoumise
et du Rassemblement national… en sus de celui sur la panthéonisation, ou non,
du défunt.
Débat n° 1.
La veuve de l’ex-président du Conseil constitutionnel, la philosophe Elisabeth
Badinter, l’a fait savoir à l’Elysée hier : ni les lepénistes, ni les
mélenchonistes ne sont les bienvenus à la Chancellerie. Les premiers, tout à
leur stratégie de notabilisation, ont rapidement accepté la sentence, “parce
[qu’ils respectent] les volontés de la famille”, a textoté à Playbook à l’heure
du thé un conseiller des dirigeants du RN.
Les
Insoumis, eux, persistent : les députés Caroline Fiat et Eric Coquerel se
rendront place Vendôme. Jean-Luc Mélenchon (auteur d’une tribune-hommage
publiée lundi) a argué sur X qu’”un hommage national dont sont exclus une
partie des Français n’est plus un hommage national”.
Pense-bête.
L’invitation des élus LFI avait déjà créé la polémique il y a une semaine pour
l’hommage rendu aux victimes françaises en Israël de l’attaque du 7 octobre —
on vous en parlait ici. Quant à la participation du RN, c’était à la marche
contre l’antisémitisme, en novembre, qu’elle avait entraîné moult réactions.
Débat n°2.
Emmanuel Macron devrait aujourd’hui s’exprimer sur l’éventualité de l’entrée au
Panthéon de Robert Badinter. Selon France Inter, le PR, pas opposé à l’idée, a
laissé l’un de ses conseillers présenter à la famille du défunt les modalités
possibles pour ce faire (une plaque, un cénotaphe, une inhumation). Dans
l’entourage du chef de l’Etat, on confirmait dans la nuit à demi-mot, tout en
rappelant qu’il appartenait “d’abord à la famille, en liberté, de prendre le
temps qu’elle jugera nécessaire pour se prononcer”.
Note de
service. En l’absence de critères précis sur les panthéonisations, la décision
est celle du président, mais le dernier mot revient toujours aux proches. Le
fils d’Albert Camus avait ainsi refusé en 2009 la proposition de Nicolas
Sarkozy que la dépouille de l’écrivain soit transférée dans la plus célèbre des
nécropoles françaises.
La classe
politique n’a pas attendu Macron pour donner son avis (le contraire eut été
surprenant). Plusieurs élus de gauche, dont Olivier Faure, ont demandé que
l’ex-président du Conseil constitutionnel repose aux côtés de Victor Hugo,
Marie Curie ou Joséphine Baker. La zemmouriste Marion Maréchal, elle, s’y est
dite opposée dimanche sur BFMTV, car “en désaccord avec [le] bilan politique”
de l’ancien ministre socialiste.
AUSSI DANS L’ACTU
EURO EXPRESS. Playbook vous le relatait hier :
le nom de Jean-Yves Le Drian a bien circulé en haut lieu comme possible tête de
liste de la majorité pour les européennes. L’idée a été si sérieusement
envisagée que l’hypothèse Le Drian a été testée par l’institut Ifop dans sa
dernière enquête sur l’élection, sans que le résultat ne soit publié, a appris
Playbook hier auprès d’un visiteur d’Emmanuel Macron.
Sauf que pour lui aussi, c’est non.
L’entourage de l’ancien ministre, encore ébahi par le nombre de messages reçus
à ce sujet, nous a fait parvenir un “démenti formel” à un quelconque intérêt de
l’ex-socialiste pour le projet. Pas de quoi surprendre notre interlocuteur
susnommé, qui jugeait la candidature de JYLD “bonne sur le papier” mais
difficile à défendre face à des prétendants plus jeunes comme Marion Maréchal
ou Jordan Bardella.
JOUR DE VERDICT. La Cour de cassation se
prononce aujourd’hui sur le pourvoi contre le non-lieu dont a bénéficié Gérald
Darmanin dans l’enquête pour viol qui le vise depuis 2020. C’est Sophie
Patterson-Spatz, la femme qui l’accuse, qui a déposé ce pourvoi juste après la
confirmation en appel du non-lieu en janvier 2023. En fin de journée, le ministre saura donc s’il
est, ou non, définitivement blanchi.
AILLEURS DANS L’ACTU
OTAN EN EMPORTE LES
DÉPENSES. Si Trump devait réellement encourager — comme il l’a affirmé samedi —
la Russie à entrer en guerre avec les membres de l’Otan qui ne respectent pas
les règles en matière de dépenses militaires, Vladimir Poutine serait obligé
d’attaquer bien, bien au-delà de ses frontières.
Jetez donc un œil à cette carte réalisée par
nos collègues (dans un article en anglais, et pour les abonnés Pro). Vous
verrez qu’elle montre que plus on s’éloigne de Moscou, moins les membres de
l’Otan respectent les objectifs budgétaires de l’organisation. A l’inverse,
tous les pays membres frontaliers de la Russie dépassent les 2 % de PIB
consacrés à la défense.
AUSSI À L’AGENDA
Emmanuel Macron préside le Conseil des
ministres à 10 heures. A midi, hommage national à Robert Badinter en présence
de membres du gouvernement et de nombreux responsables politiques. Avec Marc
Fesneau et Agnès Pannier-Runacher, il reçoit Véronique Le Floch’, présidente de
la Coordination rurale à 16 heures et Laurence Marandola, porte-parole de la
Confédération paysanne à 17 heures.
Gabriel Attal se rend sur un chantier de
logements à Villejuif à 8 h 15, accompagné de Christophe Béchu et Guillaume
Kasbarian. En présence de Nicole Belloubet, Rachida Dati et Aurore Bergé, il
préside la remise du prix Ilan Halimi à 17 heures et prononce un discours à
cette occasion à 17 h 45. Gérald Darmanin se rend au siège de l’Agence
nationale des titres sécurisés à 9 h 15. Sébastien Lecornu se déplace à
Bruxelles pour une réunion des ministres de la Défense des pays de l’Otan.
Sylvie Retailleau se rend en Belgique dans l’après-midi à l’occasion de la
réunion informelle des ministres européens de la compétitivité. Roland Lescure participe à la réunion
ministérielle de l’agence internationale de l’énergie à 8 heures.
Assemblée nationale : en séance publique à 14
heures, questions au gouvernement puis examen de la PPL adoptée par le Sénat
visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires et de la PPL visant à
faciliter la mise à disposition aux régions du réseau routier national non
concédé. Suite des examens en séance publique à 21 heures.
En commission des Affaires sociales, dans le
cadre de la niche parlementaire du groupe socialiste, examen notamment, à
partir de 9 heures, de la PPL visant à reconnaître la responsabilité de l’Etat
et à indemniser les victimes du chlordécone et de la PPL visant à lutter contre
les pénuries des médicaments En commission des Finances, dans le cadre de cette
même niche, examen à 9 heures en deuxième lecture de la PPL visant à protéger
le groupe EDF d’un démembrement et de la PPL visant à réduire et encadrer les
frais bancaires sur succession. En commission des Affaires économiques, à
partir de 9 h 30, élection à la présidence de la commission et examen d’autres
PPL issues de la niche socialiste. A 10 heures, la commission des Affaires
culturelles et de l’Éducation examine la PPL adoptée par le Sénat visant à
renforcer la protection des mineurs et l’honorabilité dans le sport. A 16 h 45 la commission des Affaires
étrangères auditionne Stéphane Séjourné.
Sénat : en séance publique, à 15 heures,
questions d’actualité au gouvernement, puis examen de diverses PPL socialiste.
La commission des Lois examine le rapport législatif sur le PJL
constitutionnelle relatif à la liberté de recourir à l’IVG.
LFI : Manon Aubry se rend à midi à Celletes
(Loir-et-Cher) pour visiter une exploitation de fleurs coupées.
PCF : petit déjeuner au Prolé de Nîmes de Léon
Deffontaines et Fabien Roussel pour clôturer leur déplacement dans le Gard.
Sem comentários:
Enviar um comentário