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DÉBAT AU SALON DE L’AGRICULTURE
RÉTROPÉDALAGE. L’Elysée n’a même pas eu le
temps d’inviter formellement Les Soulèvements de la Terre au débat prévu samedi
au Salon de l’agriculture autour d’Emmanuel Macron qu’il a fallu les
désinviter. La présidence a fait savoir que l’organisation de défense de
l’environnement n’était finalement “pas convié[e]” à cet échange afin de
“garantir la sérénité des débats”.
C’est eux ou moi. Certains étaient tombés à la
renverse en apprenant la nouvelle. Ainsi Arnaud Rousseau, le président de la
FNSEA, avait-il annoncé qu’il ne participerait pas au débat, s’élevant contre
l’invitation faite à un “groupuscule dont la dissolution a été demandée par
[le] propre gouvernement” d’Emmanuel Macron.
Pour mémoire, le Conseil d’Etat avait annulé
cette dissolution en novembre, au motif que cette mesure n’était pas
“proportionnée” au regard des agissements du mouvement.
Soulèvement du cœur. L’invitation des SDT a
aussi été fustigée par plusieurs responsables politiques chez LR comme Xavier
Bertrand, Valérie Pécresse et Eric Ciotti, et, au RN, par Marine Le Pen.
Beaucoup ont rappelé que Gérald Darmanin lui-même avait parlé d’“écoterrorisme”
après la manifestation contre la bassine de Sainte-Soline.
Le tollé suscité a donc contraint la
présidence à rétropédaler. “Le risque c’est qu’ils [les SDT] viennent et pas
dans le cadre d’un débat constructif”, regrettait après coup un proche
d’Emmanuel Macron auprès de Playbook.
Ratisser large. A l’origine, le chef de l’Etat
voulait organiser un débat “le plus ouvert possible”, comme l’avait justifié un
conseiller de l’Elysée à la presse hier après-midi. Avec un spectre
d’intervenants étendu, jusqu’aux Soulèvements de la Terre, donc.
Le débat, qui doit permettre de dessiner “un
cap nouveau pour l’agriculture”, aura lieu sur l’un des rings qui servent aux
concours d’animaux. Il devrait durer “au moins deux heures” selon l’Elysée.
Mais la durée (plus réaliste) de quatre heures a été communiquée à un
syndicaliste avec qui Playbook échangeait hier.
En campagne. Sont attendus porte de Versailles
la plupart des candidats aux européennes : Jordan Bardella (dimanche et lundi),
François-Xavier Bellamy (dimanche et lundi), Raphaël Glucksmann (dimanche),
Manon Aubry (lundi), Léon Deffontaines (mercredi), Marion Maréchal (jeudi)et
Marie Toussaint (vendredi).
RENDEZ-VOUS ENTRE LE RN ET L’AFD
VERSION RN. Le Rassemblement national a
retrouvé du réseau téléphonique ! Deux jours après
les tentatives de votre infolettre d’obtenir du RN la confirmation de la rencontre entre Jordan Bardella,
Marine Le Pen et leur homologue allemande de l’AfD Alice Weidel (on vous en parlait ici), Thibaut
François, député du Nord, s’est chargé
hier matin de l’exégèse.
Weiße Pfote. Le Monsieur relations européennes
du parti s’est fendu d’une petite tournée des médias (dont Playbook) pour faire
savoir que la présidente de l’AfD s’était engagée à mettre par écrit ses
“explications sur la ‘remigration’ et la réunion qui avait eu lieu”. Pour les
oublieux : Thibaut François fait par là référence à la réunion d’extrémistes,
en novembre à Postdam, où a été évoqué un projet d’expulsion massive de
personnes étrangères ou d’origine étrangère).
Weidel prendra donc la plume. “Le document
sera transmis au bureau exécutif du RN, l’instance la plus haute du parti, qui
statue sur les associations internationales”, nous a détaillé François, qui
précisait que ce rendez-vous entre leaders des deux partis était une demande de
Weidel après la prise de distances de Le Pen, fin janvier. Le courrier arrivera
à destination “en début de semaine prochaine”, a annoncé un porte-parole de
Weidel à ma collègue allemande Pauline von Pezold.
Thibaut François semblait plutôt convaincu,
hier, que la réunion de Postdam à laquelle ont participé des membres de l’AfD
n’était ni “officielle”, ni “programmatique”, et avait eu lieu “hors du cadre
de l’AfD”. “L’explication [entre les trois dirigeants] était nécessaire et
saine, ça clarifie la situation”, notamment sur le fait qu’une “remigration”
des étrangers ne figurait pas parmi les propositions du parti d’extrême droite
allemand, estimait-il.
Décryptage par Playbook : voilà qui fleure bon
la mise en scène d’un RN suffisamment puissant pour exiger des explications de
l’AfD. Mieux, n’hésitant pas à risquer ses alliances internationales au nom
d’un respect de leurs principes.
Madame Propre. Demeure toutefois un point de
vigilance pour les lepénistes. Marine Le Pen rêve que Weidel procède à un grand
ménage dans ses rangs pour les débarrasser de ses éléments les plus
extrémistes. A l’image de la purge qu’elle se targue régulièrement d’avoir
opérée en transformant le Front national en Rassemblement (même si, liste
Libération, plusieurs cadres locaux montrent encore aujourd’hui des signes de
tendances xénophobes, complotistes ou antisémites).
“Le sujet a été abordé, raconte sous couvert
d’anonymat un poids lourd du RN. Weidel est tout à fait consciente que son
parti est plus jeune que le nôtre, qu’il connaît une croissance très
importante, et donc que la question des profils et de la professionnalisation
du parti peut se poser.”
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