Un accusé
de déception dans votre boîte
BY ANTHONY
LATTIER
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JUNE 24,
2024 7:02 AM CET
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Playbook
Paris
By ANTHONY
LATTIER
START-UP
NATION. Frottez-vous bien les yeux : 15 jours après la dissolution et alors que
les sondages anticipent une déroute pour son camp aux législatives, Emmanuel
Macron a participé à une émission de radio qui se décrit comme “le podcast
français qui décortique le succès des personnes qui ont fait le grand saut”.
Plongeon.
Emmanuel Macron, qui avait conquis le coeur des startupers en 2017, a accordé
un entretien d’une heure et quarante-cinq minutes (enregistré vendredi
après-midi et diffusé aujourd’hui) à Matthieu Stefani, auteur de Génération Do
It Yourself, un podcast d’interviews avec des entrepreneurs.
Mais c’est
d’abord aux Français, dans leur ensemble, qu’Emmanuel Macron s’adresse en ce
lundi 24 juin 2024 alors que nous entamons, déjà, la dernière semaine de la
campagne pour le premier tour des élections législatives.
MACRON ÉCRIT
AUX FRANÇAIS
TOUJOURS LÀ.
A ceux qui pensaient que le silence du président ce week-end signifiait que les
appels formulés par François Bayrou — et bien d’autres à sa suite — à une
“démacronisation” de la campagne (autrement dit à la non-participation du
dissolveur en chef) avaient été entendus en sont une nouvelle fois pour leurs
frais : Emmanuel Macron se place bien, et doublement, au centre de la campagne
ce lundi.
** Un
message de EFPIA : Imaginez que le secteur européen des sciences de la vie soit
le premier à faire des découvertes et transformer la vie des patients. Cela
peut être concrétisée par une stratégie européenne de compétitivité pour les
sciences de la vie supervisée par un bureau européen des sciences de la vie.**
Il ne veut
pas s’pâmer. Outre le podcast, c’est dans une lettre aux Français publiée hier
soir dans la presse quotidienne régionale que le chef de l’Etat s’exprime. Il y
appelle les électeurs à soutenir aux législatives la “troisième voie”, celle du
“bloc central”, face aux extrêmes, qu’il renvoie dos à dos, et promet, une
nouvelle fois, de changer de méthode de gouvernement.
A plusieurs
mains. Histoire de démontrer que tout le monde avance groupé derrière le chef
et qu’il n’agit pas seul dans son coin, les proches d’Emmanuel Macron
glissaient hier que leur patron avait consulté une foultitude de personnalités
de la majorité (Gabriel Attal, François Bayrou, Edouard Philippe, Richard
Ferrand, Julien Denormandie ou Stéphane Séjourné) qui ont lu et amendé le texte
en fonction des remarques des uns et des autres.
Se
justifier. Dans cette missive, le président explique à nouveau sa décision de
dissoudre l’Assemblée dont il assure qu’elle a été prise “après une réflexion
de plusieurs semaines”. Elle s’est alors imposée comme “le seul choix
possible”, même s’il reconnaît avoir ainsi provoqué “de l’inquiétude, du rejet,
parfois même une colère tournée contre [lui]”.
Les câliner.
Aux parlementaires et à leurs collaborateurs qui ont perdu leur travail en
l’écoutant le 9 juin au soir, il dit son “amitié” et son “respect”.
Emancipés.
Il n’est pas certain que ces mots suffisent à apaiser la colère de certains
ex-députés de sa majorité, dont beaucoup pourraient ne pas retrouver leur
siège. “Il n’a pas saisi que la dissolution, c’était la dissolution de
lui-même”, taclait un cadre de Renaissance, au téléphone avec Playbook entre
deux séances de tractage hier. Lui comme d’autres n’attendent plus rien du
président dans cette campagne : “si on revient [à l’Assemblée], c’est pour
notre gueule, c’est malgré lui”, affirmait le même.
Un président
trop impliqué ? Certes, il participe aux débats mais de manière différente,
“dans une posture de surplomb et de garant des institutions”, défendait l’un de
ses conseillers hier. Sans empiéter, selon le même, sur le rôle du Premier
ministre : “Le reste, c’est clair : Attal est chef de campagne.”
Mise au
point finale : Emmanuel Macron se dit, dans cette lettre, déterminé à “agir
jusqu’en mai 2027”. Pas question donc de démissionner si aucune majorité ne se
dégageait à l’issue de l’élection, comme le réclame déjà Marine Le Pen.
Classé dans
les indésirables. Evidemment, cette intervention par le chef de l’Etat met les
oppositions en rogne. Elle “viole la loi sur les campagnes et leur
financement”, s’insurge le PS Olivier Faure, alors que le LR Xavier Bertrand
réclame, plutôt que des explications, “un mea culpa sincère”.
BARDELLA
RÉPOND À LA PRESSE
PAS TROP DE
CHIFFRES. Alors que le RN fait la course en tête dans tous les sondages, Jordan
Bardella tient à 11 heures une conférence de presse dans les chics salons Hoche
du 8e arrondissement de Paris. Attaqué sur ses reculs programmatiques ou sur le
manque de crédibilité de ses propositions, le président du Rassemblement
national entend clarifier “les priorités de son gouvernement d’union nationale”
dont il parlait déjà hier dans le JDD (Dimanchissime vous en disait un mot
ici).
Pour rappel,
Bardella a dévoilé la semaine dernière un programme en distinguant les mesures
dites “d’urgence”, promises pour les premières semaines, et les réformes à
mettre en place à partir de l’automne, renvoyant à plus tard plusieurs mesures
phares du RN au nom du sérieux budgétaire et du sens des priorités.
Combien ça
coûte ? A en croire un cadre de sa campagne contacté par votre infolettre hier,
Bardella ne dévoilera pas aujourd’hui de chiffrage global de son programme,
comme l’ont fait, avec quelques difficultés, les partis du Nouveau Front
populaire. “On va chiffrer ce qui est chiffrable” tranchait-il, c’est-à-dire le
coût des premières mesures prises cet été.
Ce sur quoi
Bardella est attendu : la manière dont il compte compenser la baisse de la TVA
à 5,5% sur les énergies (électricité, gaz, fioul) et le carburant que Bercy
évalue à 17 milliards d’euros sur un an. Les premières pistes avancées (comme
la suppression de la niche fiscale sur les armateurs) restent insuffisantes,
reconnait-on au RN.
Astuce. Les
réformes qui seront mises en place “dans un second temps” (comme l’abrogation
de celle sur les retraites) ne seront donc pas chiffrées. Et pour cause,
explique-t-on : tout dépendra des marges de manoeuvres financières que révélera
l'”audit des comptes de l’Etat” sur lequel Bardella pourrait, une idée comme
ça, s’appuyer pour justifier certains renoncements.
À LA LETTRE.
Ce n’est pas tout : Jordan Bardella veut aussi préciser aujourd’hui la manière
dont il compte exercer le rôle de Premier ministre et dont il envisage la
cohabitation. “Ce sera toute la Constitution, rien que la Constitution”,
prévenait par avance notre interlocuteur.
Pré carré.
Il soulignait par là que les traditionnels “domaines réservés” (défense et
diplomatie) ne figurent pas comme tels dans le texte fondamental et que le RN
ne compte pas “abandonner ou délaisser ces affaires-là”.
Exemple cité
: le choix de la personnalité française qui siégera dans la future Commission
européenne. Lors des dernières cohabitations, la France disposait de deux
commissaires. L’Elysée et Matignon pouvaient donc en nommer un chacun.
Aujourd’hui, avec un seul commissaire français, un tel arrangement est
impossible.
Nom à
l’Europe. “Ce serait un coup de force si le président la nommait avant les
élections et sans l’aval de la future majorité”, mettait en garde ce proche de
Bardella. Bien décidé, donc, à mettre son nez partout où il le pourra.
CONSEILLERS
SUR LE CARREAU
ENVOIS DE
CV. Depuis l’annonce de la dissolution, les quelque 200 collaborateurs
ministériels occupant des postes de chef de cabinet, de conseillers
communication ou parlementaires, préparent leur reconversion. Recrutés sur
contrat, ils n’ont pas de filet de sécurité et ne poursuivront probablement pas
leurs missions après les législatives.
Pistes
d’atterrissage. Les cabinets de communication, d’influence et d’affaires
publiques commencent à recevoir leurs CV. D’Havas à Publics en passant par
Taddeo, Vae Solis et Image 7, ces entreprises font office de portes de sortie
naturelles pour les anciens collaborateurs ministériels.
Problème :
l’afflux de profils similaires dans les boîtes mail des RH des agences fait
craindre à certains une saturation du marché. Des conseillers redoutent alors
d’être “moins bankables” et de voir leurs marges de négociations salariales
réduites.
Dépassés.
Autre interrogation pour les cabinets de conseils : y a-t-il vraiment un
intérêt à recruter des anciens collaborateurs macronistes si la majorité est
Rassemblement national ou Nouveau Front populaire ? Plus d’informations ici (en
accès libre).
À BRUXELLES
FRAGILE.
C’est l’autre élection à suspense de l’été. Ursula von der Leyen voit chaque
jour son château de cartes vaciller un peu plus. Donnée favorite à sa
réélection à la tête de la Commission européenne, l’Allemande perd des
soutiens, à quelques jours du Conseil européen jeudi et vendredi.
L’autre
présidence. Elle a toujours de grandes chances d’être le choix des chefs d’Etat
et de gouvernement, souligne ce matin Brussels Playbook. Il faudra toutefois
régler la question de la présidence du Conseil européen, que les conservateurs
du PPE, à l’appétit grandissant, veulent remettre en jeu à mi-mandature.
Comme neige
au soleil. UVDL devra ensuite passer l’épreuve du Parlement. Elle est soutenue
par le PPE, sa formation, les Sociaux-démocrates et les libéraux de Renew. Mais
ces derniers ont encore perdu des troupes vendredi avec le départ de sept
Tchèques. Sur le papier, la majorité est encore acquise, mais, les
mathématiques ne faisant pas tout dans un scrutin à bulletins secrets, les
pistes d’alliance avec le CRE (de l’Italienne Giorgia Meloni) ou les Verts
refont surface, vous expliquent mes collègues Eddy Wax et Hanne Cokelaere ici.
En cas de doute, le scrutin, prévu le 18 juillet, pourrait être repoussé à
septembre.
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