Frigide Barjot à Paris, le 23 Avril 2013. (Vincent Isore/IP3
press)
Manif pour tous : Frigide Barjot ne manifestera pas
dimanche
Le Nouvel Observateur / http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140131.OBS4635/manif-pour-tous-frigide-barjot-ne-manifestera-pas-dimanche.html
Publié le 31-01-2014 à 17h58
L'ancienne égérie de la Manif pour tous dénonce "la
radicalisation et la violence qui montent".
Frigide Barjot, ancienne égérie de la Manif pour tous, et
ses proches appellent, dans un "manifeste" publié vendredi 31 janvier
dans "Le Monde", "les chrétiens à préférer le chemin de la
rencontre, du dialogue exigeant et du débat citoyen aux mobilisations de
rue".
"Face à la radicalisation et la violence qui
montent", Frigide Barjot préfère se désolidariser de la manifestation
prévue le 2 février par la Manif pour tous et déclare qu'elle ne participera
pas à cette mobilisation.
"Morcellement,
radicalisation idéologique et confusion"
"Depuis le début de l'année 2014, deux manifestations
nationales ont déjà battu le pavé parisien, l'une à l'initiative de la Marche
pour la vie prônant de supprimer la loi Veil, l'autre, du collectif Jour de
colère, exigeant le départ de François Hollande", écrivent les
cosignataires du "manifeste". "Le 2 février prochain à Paris et
Lyon, les héritiers de la Manif pour tous entraîneront un certain nombre de
personnes de bonnes volontés pour dire leur opposition à la politique
'anti-famille' du gouvernement et réclamer l'abolition de la loi sur le mariage
pour tous, après avoir demandé celle de l'avortement."
Frigide Barjot et les autres signataires pointent "les
manifestations qui, succédant aux mobilisations unitaires et millionnaires de
2013, se caractérisent désormais par leur morcellement, leur radicalisation
idéologique et leur confusion". Pour l'ancienne égérie de la Manif pour
tous, "les mêmes activistes se
retrouvant parfois dans l'un et l'autre cortège, comptant sur les plus modérés
pour 'blanchir' des idéologies teintées de dogmatisme, ennemies du
personnalisme".
Frigide Barjot demande aussi aux "autorités morales et
religieuses de sortir de l'ambiguïté et du silence pour déjouer les amalgames
qui assimilent les croyants à des adversaires de la légalité
républicaine". Elle appelle le "gouvernement à retrouver le sens du
bien commun qui passe par la préférence donnée aux droits des personnes et à la
cohésion".
Milhares nas ruas contra Hollande e a favor dos "valores tradicionais da família"
RITA SIZA 02/02/2014 – in Público
Movimento de oposição às políticas do Governo socialista
para a família contestam acesso dos gays à procriação medicamente assistida ou
a barrigas de aluguer.
Os franceses que se mobilizaram contra a aprovação da
chamada lei Taubira, que legalizou o casamento de pessoas do mesmo sexo,
voltaram à rua para defender os “valores tradicionais da família” e protestar
contra a procriação medicamente assistida e as barrigas de aluguer, dois
“métodos” à disposição dos casais homossexuais que querem ter filhos.
Em Paris e em Lyon, centenas de milhares de pessoas (mais de
500 mil, segundo a organização) desfilaram numa “Manifestação Por Todos”, com
cartazes contra as políticas do Governo socialista, acusado de “familiofobia” e
de promoção de uma suposta “teoria do género” nos currículos escolares. “Educar
as crianças é a tarefa dos pais” e “Hollande, não queremos as tuas leis”,
gritaram os participantes.
Como explicou Ludovine de la Rochére, que preside à
organização “Manif Pour Tous”, a iniciativa foi convocada em antecipação do
futuro projecto de lei sobre a família que o Governo está a preparar – e deverá
ser apresentado em Conselho de Ministros no próximo mês de Abril. O objectivo,
conforme anunciado pela ministra da Família, Dominique Bertinotti, é reconhecer
as novas formas de parentalidade e resolver questões de filiação e adopção.
Os manifestantes querem que o executivo saiba que a inclusão
de artigos que autorizem a fertilização in vitro de mulheres em relações
homossexuais ou legalizem a prática conhecida como “barrigas de aluguer” não
será tolerada. “É uma advertência. Queremos mostrar o nosso compromisso e a
nossa determinação em não deixar passar as ameaças que se preparam contra as
famílias, que são o lugar natural de protecção dos mais fracos”, informou de la
Rochére, antes do arranque da marcha. Os cartazes distribuídos pela multidão
eram explícitos: “Um papá e uma mamã, é assim que se faz um bebé” ou “Todos
nascemos de um homem e uma mulher”.
Em declarações ao Le Journal du Dimanche, o ministro do Interior,
Manuel Valls, lamentou a constituição de um novo movimento político que
descreveu como uma espécie de “Tea Party à francesa”: “Uma ala direita
conservadora e reaccionária que se libertou com a oposição à lei do casamento
para todos e veio ocupar as ruas”.
Notando que a manifestação de domingo ocorre precisamente
uma semana após o “dia de cólera” convocado pela extrema-direita contra o
Governo, Valls manifestou preocupação pelo actual clima político em França, que
comparou com aquele que se viveu nos anos 30. “Estamos confrontados com uma
frente de antis: antielites, anti-Estado, anti-impostos, anti-Parlamento,
antijornalistas… E ainda pior, anti-semitas, racistas, homofóbicos. Muito
simplesmente, anti-republicanos”, considerou. “Perante este fenómeno, a direita
republicana tem a responsabilidade de se demarcar claramente destes movimentos
que não aceitam a democracia e as escolhas do Parlamento”, acrescentou.
O recado de Manuel Valls destinava-se à UMP, que no passado
apoiou as iniciativas de protesto contra a lei do casamento gay, mas começa a
mostrar renitência em apoiar estas. O presidente do partido, Jean-François
Copé, considerou a “Manifestação Por Todos” uma acção extemporânea, uma vez
que, ao contrário da contestação do ano passado, agora “não existe nenhuma
proposta em discussão no Parlamento”. Apesar de alguns membros do partido terem
participado nas marchas, Copé manteve a UMP à margem – segundo notava a
imprensa francesa, existe um claro “desconforto” na sede dos conservadores, que
não querem ver-se associados a movimentos extremistas ou comparecer em eventos
com a chancela da Frente Nacional.
Pelo seu lado, a comediante conhecida como Frigide Barjot,
uma das impulsionadoras das marchas contra o projecto de casamento para todos,
afirmou que não marcaria presença na manifestação de domingo por já não se
rever na “violência e radicalização ideológica” que tomou conta do movimento.
A polícia de Paris deteve doze militantes do Grupo União e
Defesa, uma organização estudantil de extrema-direita, que tencionavam
infiltrar-se na manifestação. “Havia indícios de que se preparavam para criar
problemas”, disse um porta-voz policial, acrescentando que foram mobilizados
cerca de 3000 agentes para a operação de segurança da capital.
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Le cortège occupaitr toute l'avenue Winston-Churchill
(VIIIe). (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
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Manuels Valls voit l'émergence d'un "tea party à la française"
Yann Le Guernigou, avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par
Guy Kerivel
PARIS (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de
manifestants ont défilé dimanche à Paris et à Lyon pour protester contre la
politique familiale du gouvernement, dans le prolongement du mouvement de 2013
contre le mariage homosexuel.
Une semaine après le "jour de colère" organisé par
plusieurs organisations, certaines issues de l'extrême droite, le ministre de
l'Intérieur Manuel Valls a dénoncé l'émergence d'un "tea party à la
française" et a mis en garde les manifestants contre tout débordement.
Fer de lance de l'opposition au mariage gay voté l'an passé,
le collectif "La manif pour tous" entendait mobiliser pour la défense
de la famille menacée, selon lui, par le gouvernement et sa majorité.
Il les soupçonnent, malgré les nombreux démentis, de vouloir
étendre la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, à
l'occasion du débat parlementaire sur la future loi sur la famille, et de
chercher à légaliser la gestation pour autrui (GPA) avant la fin du
quinquennat.
"C'est toujours le même message, simplement on voudrait
qu'il soit entendu. Le message, c'est la défense des droits de l'enfant et de
la famille. Un enfant a droit à un père et une mère", a déclaré Michel
Girard, un manifestant venu de l'Oise.
Pour Séverine Chevrier, de Paris, "pas grand'chose n'a
changé" depuis les grandes manifestations contre le projet de loi sur le
mariage homosexuel avant son adoption le printemps dernier.
"M. Hollande ne nous écoute pas, ne veut pas dialoguer
avec nous. En revanche, M. Valls a été très clair dans ses propos vis-à-vis de
nous : il va tout faire pour nous faire taire mais nous on est dans notre bon
droit, on a le droit de s'exprimer, on a le droit d'être dans
l'opposition."
Dans une interview au Journal du dimanche, le ministre de
l'Intérieur a exprimé son inquiétude face au climat actuel, déclarant que l'on
assistait "à la création d'un tea party à la française", une
référence à l'aile ultra-conservatrice du Parti républicain américain.
"S'engouffrant dans la crise de projet et de leadership
de la droite, et face au recentrage du Front national, une droite conservatrice
et réactionnaire s'est libérée. Avec l'opposition au mariage pour tous, elle a
décuplé ses forces", a-t-il dit.
"LA FRONDE DES ANTI"
Et Manuel Valls de dénoncer une "fronde des anti :
anti-élites, anti-impôts, anti-Parlement, anti-journalistes", avant
d'appeler la droite républicaine "à se démarquer clairement des mouvements
qui n'acceptent pas la démocratie et les choix du Parlement".
Présent parmi les manifestants, le député UMP Henri Guaino a
accusé le ministre de l'Intérieur de décrire "la stratégie d'une partie de
la gauche, qui veut par tous les moyens, par une politique qui divise, faire
naître un noyau dur radicalisé de façon à affaiblir l'opposition".
L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée a estimé
que les manifestations marquaient "le refus de cette politique de
destruction systématique de tout ce qui nous permet de vivre ensemble, de cette
politique du fait accompli, disons-le presque du coup de force dans laquelle on
met tout le monde au pied du mur sous prétexte que la majorité est
majoritaire".
D'autres députés UMP, comme Claude Goasguen et Philippe
Gosselin, ont défilé à Paris. Hervé Mariton figurait avec trois autres
collègues au nombre des 15.000 à 20.000 manifestants venus de tous le Sud-Est
pour défiler à Lyon.
Le Front national était aussi représenté par des élus à
Paris, avec la députée Marion Maréchal-Le Pen, et à Lyon. Des représentants
religieux, le cardinal Philippe Barbarin et le recteur de la grande mosquée de
Lyon Kamel Kabtane, étaient dans les premiers rangs du cortège dans la capitale
des Gaules.
Après les débordements du "Jour de colère", un
important dispositif de sécurité a été mis en place, mobilisant 1.500 policiers
à Paris entre l'Ecole militaire (VIIe arrondissement) et Denfert-Rochereau
(XIVe), et 600 dans le centre de Lyon.
Les organisateurs parisiens, qui redoutent "des
interpellations à l'aveugle contre d'honnêtes citoyens", ont fait appel à
des huissiers dans le cortège pour constater l'attitude des forces de l'ordre.
La préfecture de police a fait état de l'interpellation, en
marge de la manifestation, de 11 personnes, dont un dirigeant du GUD, un
mouvement étudiant d'extrême droite, pour des contrôles d'identité. Une
porte-parole a indiqué qu'une personne avait été en outre placée en garde à vue
pour détention de fumigènes.
Les manifestants étaient environ 80 000 dans la capitale,
selon la préfecture de police. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
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Manif pour tous : à Paris, un défilé contre l'«
idéologie destructrice des ministres »
Le Monde.fr | 02.02.2014
Par Philippe Euzen / http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/02/02/manif-pour-tous-a-paris-un-defile-contre-l-ideologie-destructrice-des-ministres_4358591_823448.html
Les organisateurs de la Manif pour tous ont comptabilisé,
dimanche 2 février, près de 500 000 manifestants à Paris, et 40 000 à Lyon.
Selon les chiffres de la police, ils étaient 80 000 dans la capitale, et 20 000
à Lyon. Reportage dans le défilé parisien.
Chacun a son drapeau ou son t-shirt de la Manif pour tous.
Rose pour représenter les filles, ou bleu pour représenter les garçons, car les
stéréotypes, « on les défend », ce dimanche à Paris. Sous le soleil
d'après-midi, le défilé, composé de manifestants de tous âges, venus pour
beaucoup en famille, a une allure bon enfant. Les banderoles et pancartes se
répètent : « papa, maman et les enfants, c'est naturel » ou « un papa, une
maman, y a pas mieux pour un enfant ».
Mais dès lors qu'il s'agissait d'expliquer les raisons de
leur colère, les langues se délient. « On est à un changement de civilisation
qui va bouleverser la famille », déplore Jean-Baptiste. Ce Lillois d'une
trentaine d'années, commercial dans la communication, est persuadé que l'Etat
prépare une « société orwelienne utopique » dans laquelle l'enfant n'aurait
plus de droits et deviendrait un produit de consommation.
« NOUS ALLONS VERS LA DICTATURE »
François, un Parisien de 76 ans, fidèle des Manif pour tous,
s'indigne lui aussi contre « les lois de changement de société ». Souriant et
ouvert à la discussion, il s'inquiète cependant du « monde décrit par Orwell »
dans lequel « le gouvernement veut nous emmener ». Les fauteurs de trouble
sont, selon lui, avant tout les ministres, dont celui de l'éducation nationale,
Vincent Peillon, ce « philosophe avec qui nous allons vers la dictature ».
Son ami Robert ajoute d'autres noms : ceux du ministre des
droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem, et de la ministre de la justice,
Christiane Taubira. « Ce sont des idéologues. Ils portent une idéologie
destructrice. Leur réforme de société est inutile, ils ont autre chose à faire
! »
Henri Guaino, venu « pour marquer sa solidarité (…) pour
l'amour et non la haine » se dit opposé à « l'indifférenciation sexuelle » et
critique le gouvernement qui veut « diviser et radicaliser l'opposition » : «
on reprochait à Nicolas Sarkozy de vouloir opposer la société, mais jamais elle
ne l'a été autant », déclare-t-il.
Lire aussi : La Manif pour tous dénonce désormais la «
familiphobie »
UN ÉVENTAIL DE REVENDICATIONS
Bien inspirés par les éléments de langage fournis par les
organisateurs de l'événement, les manifestants déroulent tous les mêmes
arguments. Les « indices » de l'objectif du gouvernent, sont nombreux,
disent-ils. Le mariage pour tous, bien que la loi soit déjà votée, est le
premier élément critiqué par les manifestants, car, « il prive les enfants de
leurs pères et de leurs mères ».
Il y a aussi la PMA et la GPA, bien que la ministre de la
famille a rappelé que la procréation médicalement assistée pour les couples de
femmes et la gestation pour autrui ne feraient pas partie de la prochaine loi
famille, vont selon eux « déconstruire les arbres généalogiques ».
Puis le gender, cette « idéologie basée sur les expériences
d'un médecin névrosé », croit savoir le Lillois Jean-Baptiste, qui entrerait à
l'école via le rapport ABCD de l'égalité.
Lire aussi : L' « ABCD de l'égalité », au cœur de la
polémique sur la « théorie du genre »
Suivent les mesures fiscales « anti-famille » comme la baisse
du quotient familial, la fin des cotisations familiales des entreprises, ou
encore la réduction du congé parental. « Tous ces indices montrent que l'Etat
cherche à entrer dans nos consciences et dans nos vies », poursuit
Jean-Baptiste. Avec son ami Martin, de Paris, ils soutiennent éagalement les
Veilleurs, qui, contrairement au gouvernement, représentent « une forme
d'espérance ».
« MASSACRER LES
ENFANTS »
« Le gender consiste à arracher les enfants à leurs familles
», entend-on, un peu plus loin, au micro de l'un des chars. « On ne veut pas de
cette théorie, de ce délire du moment de Vincent Peillon. »
Un peu à l'écart du défilé, Margo, venue de Fontainebleau
avec ses cinq enfants, un peu timide, tente d'expliquer sa colère : « Nous
sommes venus manifester car la politique anti-famille fait tout pour massacrer
les enfants ».
Elle aussi l'explique par le mariage des couples
homosexuels, la PMA et la GPA et surtout « le gender », qui fait que, dit-elle,
« on explique aux petits garçons que ce ne sont pas des petits garçons ». «
L'enfant n'est pas un jeu et n'est pas un droit », martèle-t-elle.
Puis, donnant l'air de ne pas savoir si elle peut le dire ou
non, elle lâche qu'elle est contre l'IVG. « Ce n'est pas le sujet aujourd'hui
», reprend immédiatement son amie Véronique, à ses côtés. « C'est le gender qu'on vient dénoncer. Ce
qu'on explique aux enfants à l'école, c'est un truc de dingues. A l'école, on
demande aux enfants de trois ans s'ils sont des garçons ou des filles, et s'ils
seront homosexuels, hétérosexuels ou bisexuels. »
Arrivent alors deux femmes, inquiètes de savoir si elles
vont bien être comptabilisées parmi les manifestants. Elles sont rapidement
rassurées par la pancarte qui indique « zone de comptage » : « Nous ne sommes pas venues pour rien ! »
Près de cette zone, dans laquelle des militants disposent
d'outils pour estimer le nombre de manifestants, est aussi placée une « quête »
pour « participer aux frais » d'organisation de la manifestation.
Plus loin, un petit attroupement est posté devant la «
buvette officielle » de la Manif pour tous et le stand de vente de produits
dérivés. « Venez acheter votre porte-clef, vos pin's et vos t-shirt, invite un
homme avec son porte-voix. Ils ont été spécialement affrétés pour vous ! »
A l'approche du podium de fin de parcours, sur la place
Denfert-Rochereau, où s'expriment les porte-paroles de la manifestation, des
écrans géants permettent aux retardataires de profiter des discours.
Applaudissements et huées se succèdent et rythment la conclusion du défilé.
L'un des porte-paroles de la Manif pour tous, Lionel
Lumbroso (le « gauchiste de la bande » dit un manifestant), critique « les
idéologues du gouvernement » et « la vieille gauche idéologue ». « Les forces
de progrès aujourd'hui, c'est nous ! », lance-t-il devant une place qui
attendait encore l'arrivée de tous les manifestants.
Le collectif des «Marianne pour tous», qui revendique «le
droit de l'enfant à avoir un père et une mère», a battu le pavé à Paris.
(LP/Arnaud Journois.) / Le Parisien
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Le Monde.fr | 02.02.2014 / http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/02/au-moins-100-000-sympathisants-de-la-manif-pour-tous-defilent-en-france_4358594_3224.html
Ils appelaient à défiler contre la « familiophobie » du
gouvernement. Les organisateurs de la Manif pour tous ont comptabilisé,
dimanche 2 février, près de 500 000 manifestants à Paris, et 40 000 à Lyon.
Selon les chiffres de la police, ils étaient 80 000 dans la capitale, et 20 000
à Lyon.
Relire notre compte-rendu en direct des manifestations
Dix-huit personnes ont été interpellées pour « risques de
troubles à l'ordre public », dont plusieurs membres du mouvement étudiant
d'extrême droite GUD et de la droite identitaire. Deux d'entre eux ont été
placés en garde à vue, l'un pour avoir agressé un journaliste et cassé sa
caméra et l'autre pour jets de projectile, outrage et rébellion, selon la
préfecture de police qui n'a relevé aucun autre incident.
Manuel Valls avait prévenu qu'il ne tolérerait « aucun
débordement » comparables à ceux qui avaient émaillé le « Jour de Colère » une
semaine auparavant. Les organisateurs soulignaient, eux, l'état d'esprit «
paisible et déterminé » des manifestants. Environ 2 000 membres des forces de
l'ordre ont encadré le cortège, survolé par un hélicoptère. Place
Denfert-Rochereau, les organisateurs ont fait huer les ministres de l'éducation
Vincent Peillon et des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem.
DES « REVENDICATIONS IMAGINAIRES »
Cette dernière a reproché aux partisans de la Manif pour
tous leurs « revendications imaginaires », assurant notamment que le
gouvernement n'avait aucune intention d'introduire la GPA dans le droit
français. « Les manifestants sont l'expression d'une partie de cette France
traditionaliste qui a voulu mobiliser sur la désinformation, les peurs, les
rumeurs », a renchéri la ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti
sur France Info. Ils « ont voulu d'une certaine façon rejouer le match du
mariage pour tous », a-t-elle ajouté.
Dans une interview au Journal du dimanche, Manuel Valls
avait exprimé son inquiétude face au climat actuel, déclarant que l'on
assistait « à la création d'un Tea Party à la française », une référence à
l'aile ultraconservatrice du Parti républicain américain. Constat partagé par
Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui a dénoncé « les manipulations et
les mensonges sur lesquels une frange réactionnaire essaie de cimenter une
opposition à la politique du gouvernement, avec le soutien irresponsable »
d'élus UMP.
« LES PLUS VIEILLES FRACTURES DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE »
Le député UMP Henri Guaino, présent dans le cortège
parisien, a estimé au contraire que la majorité « cherche à attiser toutes les
divisions, à réveiller les plus vieilles fractures de la société française ».
Du côté des protestataires, l'ancienne ministre du logement
et présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, s'en est
prise la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo : « C'est
grâce à vous que les clivages ont sauté. Vous avez raison d'être inquiète et M.
Valls a raison d'être inquiet. [...] Je n'ai plus peur de vos totalitarismes.
Vous êtes en train de déstructurer la civilisation ».
Lire aussi : Les hésitations de l'UMP face à l'activisme «
pro-famille »
A Lyon, quelques élus, dont le député Hervé Mariton (UMP),
ont été rejoints par l'archevêque Philippe Barbarin et le recteur de la Grande
Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. « On a un témoignage à donner. On a un 'non' à
dire tout simple, tout clair, tout fort », a déclaré le prélat.
L'une des revendications de la Manif pour tous concerne le
retrait de l'« ABCD de l'égalité », expérimentation mise en place à l'école
pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons. Les manifestants dénoncent
aussi l'ouverture redoutée de la procréation médicalement assistée (PMA) aux
lesbiennes et la gestation pour autrui (GPA), ainsi que le futur projet de loi
sur la famille qui ne prévoit pourtant ni PMA ni GPA.
Chaque Marianne porte une banderole au nom d'une région.
(LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
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Le Monde.fr | 31.01.2014 |
Par Philippe Euzen / http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/31/qu-est-ce-que-l-abcd-de-l-egalite_4358081_823448.html
Après les mouvements de boycott de l'école, les 24 et 27
janvier, suite à des rumeurs sur un prétendu enseignement de la « théorie du
genre », les outils mis en place à l'école pour lutter contre les inégalités
entre hommes et femmes – tels que l'« ABCD de l'égalité » – sont vivement
critiqués par des élus UMP. Ils
devraient par ailleurs faire partie des principaux mots d'ordre de « La Manif
pour tous » de dimanche 2 février. Ils dénoncent une offensive sur la question
du genre à l'école dont le but serait de prôner l'« indifférenciation sexuelle
».
Que se passe-t-il à l'école ?
Dans plus de 600 classes de dix académies volontaires, les
ministères de l'éducation nationale et des droits des femmes expérimentent
depuis la rentrée 2013 les « ABCD de l'égalité » dans le but de lutter contre
les stéréotypes filles-garçons. Ce dispositif pédagogique s'inscrit dans la
lutte contre les inégalités – de réussite scolaire et d'orientation notamment –
entre les filles et les garçons. Son objectif est donc de remettre en question
les normes qui font que chaque sexe adopte, dès le plus jeune âge, un certain
comportement. Par exemple, les filles, encouragées à jouer à des jeux plus
doux, sont plus sages alors qu'il est considéré comme normal que les garçons
soient plus turbulents. Par la suite, elles se tournent davantage vers les
métiers de soins peu qualifiés et moins payés, elles délaissent les filières
scientifiques malgré de bons résultats scolaires, ce qui perpétue la division
traditionnelle des rôles.
Comment fonctionne l'« ABCD de l'égalité » ?
Concrètement, il se décompose en séquences pédagogiques
adaptables de la grande section de maternelle au CM2. Les enseignants – formés
au préalable – disposent ainsi d'outils et de ressources pour « aider à la
prise de conscience des préjugés (…) et transmettre à tous une culture de
l'égalité entre les sexes ». Ces séquences sont censées ne rien ajouter – ni en
termes de contenu ni en termes d'horaires – aux enseignements en vigueur, mais
être intégrées dans les disciplines de manière transversale. Il ne s'agit donc
pas d'ateliers ou de cours supplémentaires, mais plutôt d'un cadrage des
pratiques – et des ressources – qui faisait défaut sur le terrain jusqu'à
présent. Les outils pédagogiques peuvent prendre la forme de conseils pour
prendre conscience et lutter contre les stéréotypes dans le sport ou la
littérature, ou d'un mode d'emploi pour construire des règles de jeux qui
favorisent la mixité en éducation physique et sportive.
L'« ABCD de l'égalité » va-t-il gommer les différences entre
les garçons et les filles ?
L'objectif du gouvernement n'est pas de nier les différences
entre les garçons et les filles. Comme l'a rappellé le 28 janvier le ministre
de l'éducation nationale, Vincent Peillon, « jamais aucun professeur n'a pu
imaginer de nier les différences, alors qu'il enseigne précisément le respect
des différences et de cette différence fondamentale filles-garçons (…) En
reconnaissant la différence biologique, nous voulons tout de même qu'il y ait
égalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, en particulier
dans le choix des métiers », a-t-il ajouté.
Le ministre répondait ainsi aux attaques dont lui et Najat
Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, ont fait l'objet de la part
de responsables politiques et de militants, et au mouvement de retrait des
écoles qui a eu lieu le 27 janvier suivant les recommandations de Farida
Belghoul, ancienne figure de la lutte des « Beurs » des années 1980, devenue
proche du militant d'extrême droite Alain Soral. Selon ces critiques, les
expérimentations telles que l'« ABCD de l'égalité » seraient issues de «
théories » dont les objectifs seraient de nier les différences entre les hommes
et les femmes et de « détruire le modèle hétérosexuel de la famille ».
L'éducation nationale servirait donc selon eux à inculquer cette « idéologie »
dès le plus jeune âge.
Existe-t-il une telle théorie ?
Les chercheurs spécialistes de la question sont unanimes :
il n'existe pas une « théorie du genre », mais des « études de genre ». Ces «
gender studies », venues des Etats-Unis, sont un paradigme universitaire : dans
les années 1960 et 1970, plusieurs chercheurs ont étudié les raisons des
inégalités hommes-femmes, dont ils ont fait un matériau d'études. En réalité,
ces « gender studies » se traduisent par « études sur le genre », et sont donc
une discipline universitaire, en aucun cas une idéologie ou une théorie
politique. D'autant qu'au sein de ce courant universitaire les oppositions sont
vives. Ces études de genre ont donc pour objectif de déconstruire les
inégalités et non les différences et la réalité biologique.
Qu'est-ce que le genre ?
Le concept de genre s'est développé comme une réflexion
autour de la notion de sexe et du rapport homme-femme. Loin de nier la
différence entre le sexe féminin et le sexe masculin, le genre est utilisé par
les chercheurs comme un outil permettant de penser le sexe biologique (homme ou
femme) indépendamment de l'identité sexuelle (masculin ou féminin). Il ne
s'agit donc pas de dire que l'homme et la femme sont identiques, mais
d'interroger la manière dont chacun et chacune peut construire son identité
sexuelle, aussi bien à travers son éducation que son orientation sexuelle
(hétérosexuelle, homosexuelle, etc.).
Philippe Euzen
«Le collectif des Marianne est solidaire de toutes
manifestations pouvant destabiliser le gouvernement actuel», peut-on lire sur
la page Facebook du collectif. (LP/Arnaud Journois.) Le Parisien
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Le Monde.fr | 25.05.2013 Par Lucie Soullier et Delphine
Roucaute
En protestant contre la loi autorisant le mariage aux
personnes de même sexe, les membres de la "Manif pour tous" ont
également ravivé la polémique sur le genre. "Le vrai but du mariage
homosexuel est d'imposer la théorie du genre", affirment certains
détracteurs du mariage pour tous. Qui affirment, dans la foulée, que la société
serait menacée par ce qu'ils assurent être une idéologie niant la réalité
biologique.
Ces inquiétudes avaient déjà agité les milieux catholiques
en 2011, lorsque le ministère de l'éducation avait annoncé l'introduction du
concept de genre dans certains manuels scolaires. A l'époque, la polémique
avait mobilisé militants conservateurs et députés. Parmi eux, 80 députés UMP
avaient purement et simplement réclamé le retrait, dans les manuels de sciences
de la vie et de la terre (SVT) des classes de première, de la référence à une
identité sexuelle qui ne serait pas uniquement déterminée par la biologie mais
également par des constructions socio-culturelles. De son côté, l'Eglise
catholique avait réagi avec le texte Gender, la controverse, publié par le
Conseil pontifical pour la famille.
Loin d'être une idéologie unifiée, le genre est avant tout
un outil conceptuel utilisé par des chercheurs qui travaillent sur les rapports
entre hommes et femmes.
Le genre est-il une théorie ?
Pour parler du genre, ses détracteurs utilisent l'expression
"théorie du genre" plutôt qu'"étude", un changement de terme
qui a pour objectif de semer le doute sur son aspect scientifique. Mgr Tony
Anatrella, dans la préface de Gender, la controverse, explique ainsi que la
théorie du genre est un "agencement conceptuel qui n'a rien à voir avec la
science".
Les chercheurs refusent donc l'utilisation du terme
"théorie du genre", préférant parler d'"études sur le
genre", puisqu'il s'agit d'un vaste champ interdisciplinaire regroupant
tous les pans des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie,
anthropologie, économie, sciences politiques...). Leurs travaux analysent donc
des objets de recherche traditionnels tels que le travail ou les migrations, en
partant d'un postulat nouveau : le sexe biologique ne suffit pas à faire un
homme ou une femme, les normes sociales y participent grandement.
Le genre est-il une idéologie ?
"Le genre est un concept. Ce n'est ni une théorie ni
une idéologie, mais un outil qui aide à penser", insiste le sociologue
Eric Fassin, spécialiste de ces questions. A l'intérieur même des études de
genre, plusieurs écoles existent, comme dans tous les domaines des sciences
sociales. Par exemple, les travaux de la sociologue du travail Margaret Maruani
analysent l'histoire de l'accès des femmes au travail tandis que le psychiatre
Richard Rechtman utilise la notion de genre pour interroger la manière dont un
individu construit son d'identité.
Les chercheurs sur le genre sont-ils militants ?
S'il est vrai que le développement des études de genre est
lié au mouvement féministe des années 1970, le concept de gender
("genre") n'est pas créé par les féministes. Il apparaît dans les
années 1950 aux Etats-Unis dans les milieux psychiatriques et médicaux. Le
psychologue médical américain John Money parle ainsi pour la première fois des
"gender roles" en 1955 afin d'appréhender le cas des personnes dont
le sexe chromosomique ne correspond au sexe anatomique.
En 1968, le psychiatre et psychanalyste Robert Stoller
utilise quant à lui la notion de "gender identity" pour étudier les
transsexuels, qui ne se reconnaissent pas dans leur identité sexuelle de
naissance.
C'est dans les années 1970 que le mouvement féministe se
réapproprie les questions de genre pour interroger la domination masculine. Les
"gender studies" ("études de genre") se développent alors
dans les milieux féministes et universitaires américains, s'inspirant notamment
de penseurs français comme Simone de Beauvoir – et son célèbre "On ne naît
pas femme, on le devient" –, Michel Foucault ou Pierre Bourdieu.
En France, la sociologue Christine Delphy est l'une des
premières introduire le concept en France, sous l'angle d'un "système de
genre", où la femme serait la catégorie exploitée et l'homme la catégorie
exploitante. Mais la greffe ne s'opère réellement que dans les années 1990,
lorsque le débat sur la parité s'installe au niveau européen. La promotion de
l'égalité entre les hommes et les femmes devient l'une des tâches essentielles
de la Communauté européenne avec l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam en
1999, notamment dans son article 2.
Les études de genre confondent-elles le genre et l'identité
sexuelle ?
Quand le ministère de l'éducation a annoncé sa volonté
d'introduire le concept de genre dans les manuels scolaires des classes de
première, la sphère catholique et conservatrice s'est insurgée contre une
"théorie" quelle accusait de nier l'individu au profit de sa
sexualité. Dans une lettre envoyée au ministre de l'éducation, Luc Chatel, en
août 2011 et signée par 80 députés UMP, on peut lire que, "selon cette
théorie [du genre], les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes
mais comme pratiquants de certaines formes de sexualité".
Un mot d'ordre relayé par Gérard Leclerc dans un éditorial
de France catholique datant de mai 2011, dans lequel il pointe la menace de ce
qu'il qualifie d'"arme à déconstruire l'identité sexuelle". C'est
d'ailleurs cet argument qui nourrit l'idée – répandue par la plupart des sites
régionaux de La Manif pour tous – selon laquelle "le vrai but du mariage
homosexuel est d'imposer la théorie du genre".
Mais les études sur le genre, et a fortiori le texte proposé
pour les manuels de SVT par le ministère, insistent au contraire sur la
différence entre identité sexuelle et orientation sexuelle. Il s'agit d'étudier
comment s'articulent ces deux mouvements entre eux, et non de substituer l'un à
l'autre. Par exemple, les personnes transsexuelles interrogent leur genre, et
non pas leur sexualité. On peut changer de genre sans changer de préférence
sexuelle.
Dans une réponse au député UMP Jean-Claude Mignon qui, dans
une question à l'Assemblée, demandait que les nouveaux manuels de SVT soient
retirés de la vente, le ministre de l'éducation Luc Chatel souligne bien que
"la 'théorie du genre' n'apparaît pas dans le texte des programmes de
SVT". "La thématique 'féminin/masculin', en particulier le chapitre
'devenir homme ou femme', permet à chaque élève d'aborder la différence entre
identité sexuelle et orientation sexuelle, à partir d'études de phénomènes
biologiques incontestables, comme les étapes de la différenciation des organes
sexuels depuis la conception jusqu'à la puberté", ajoute le ministère.
Les manifestants ont pris d'assaut le Lion de Belfort qui
trône qu centre de la place Denfert-Rochereau (Paris 14ème). (LP/Arnaud
Journois.) Le Parisien
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Les Marianne pour tous accompagnées d'un groupe d'enfants en
bérets devant le Lion de Belfort de la place Denfert-Rochereau. (LP/Arnaud
Journois.) Le Parisien
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