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Playbook
Paris
Le
dernier jour d’un condamné
By Sarah
Paillou
16 mins
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October
8, 2025 7:00 am CET
https://www.politico.eu/newsletter/playbook-paris/le-dernier-jour-dun-condamne/
Playbook
Paris
Par SARAH
PAILLOU
Avec
ELISA BERTHOLOMEY et ANTHONY LATTIER
UN
CASTING AU SOMMET. Dans le contexte ambiant, c’est une gageure, et pourtant. Le
désormais ex-ministre de l’Economie Eric Lombard, l’économiste
Jean-Pisani-Ferry, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, ou encore
la députée Insoumise Aurélie Trouvé ont accepté de venir parler politiques de
long terme, entre deux crises gouvernementales, lors du tout premier Sommet sur
la compétitivité parisien de POLITICO, organisé demain.
A noter
dans vos tablettes : la présence du président des Républicains, Bruno
Retailleau, qui détaillera sa vision dans un grand entretien à 11h40.
Phosphorer
ensemble. Politiques et experts seront interviewés sur scène par les
journalistes de la rédaction sur les politiques structurelles à mettre en place
pour garder l’économie française et européenne sur les rails dans la tech,
l’énergie ou la défense lors de quatre tables rondes thématiques — l’ensemble
du sommet sera accessible en vidéo et en ligne sur inscription ici. On vous
sait fort impatients. Pas de panique, on a laaargement de quoi s’occuper en ce
mercredi 8 octobre 2025, notamment un nouveau sondage d’intentions de vote à la
présidentielle. Bonjour à toutes et tous.
CONSULTATIONS
À MATIGNON
TIC TAC.
Plus que quelques heures avant l’épuisement du délai fixé par Emmanuel Macron à
Sébastien Lecornu, ce soir, pour que le Premier ministre trouve une “plateforme
d’action et de stabilité”. Le démissionnaire missionné rencontre aujourd’hui
les chefs des partis de gauche avec, sortie de sa manche, une nouvelle
proposition : la suspension de la dernière réforme des retraites, tant réclamée
par le Parti socialiste pour ne serait-ce qu’accepter de discuter du prochain
budget.
Celle
qu’on n’avait pas vue venir. L’ouverture a été formalisée hier soir, dans Le
Parisien, par Elisabeth Borne, la ministre démissionnaire de l’Education
nationale. Mais surtout celle qui, alors en poste à Matignon, avait fait
adopter cette réforme (non sans affronter deux motions de censure).
Plus si
bornés. Pas de doute pour deux conseillers macronistes très (très, très) au
fait des discussions discrètes en la matière et sollicités via messagerie
cryptée : Sébastien Lecornu ne pouvait pas ignorer cette initiative, ni
Emmanuel Macron. Le PM envisageait la même idée qu’Elisabeth Borne, au même
moment, lors de son rendez-vous avec les représentants de Place publique, a
raconté le coprésident du parti, Raphaël Glucksmann, en sortant de Matignon. Et
il avait demandé au ministère de l’Economie d’expertiser l’idée il y a déjà
plusieurs jours, d’après une information du Parisien confirmée à Playbook.
C’est pas
nous. Un proche du président nous a juré dans la nuit que le PR n’avait
découvert l’interview qu’après publication. Mais en nous pianotant : “Sébastien
Lecornu est LIBRE” (de proposer la suspension de la réforme).
Interprétation,
libre elle aussi, de votre serviteure, après avoir tout de même testé l’idée
auprès d’une de nos deux sources précitées, qui l’a validée : l’Elysée cherche
à ne pas endosser cette décision qui ressemblerait un brin trop à un
renoncement.
Grasse
mat’. Olivier Faure n’a pas eu d’autre choix que de le reconnaître : cette
ouverture “est un réveil tardif, mais c’est un réveil positif “, a estimé le
premier secrétaire du Parti socialiste, invité du 20-Heures de France 2. Tout
en continuant de réclamer “un débat” sur la fiscalité des plus riches, mais
surtout qu’Emmanuel Macron nomme un PM “de gauche”.
Chez Les
Républicains, l’idée n’est plus un tabou, vous signalait-on dès le 11
septembre. “Beaucoup de députés [LR] y sont favorables”, nous certifiait dans
la soirée notre conseiller susmentionné, rappelant le vote d’une motion de
censure de plusieurs parlementaires LR contre le gouvernement d’Elisabeth Borne
au moment de l’adoption de sa réforme des retraites.
Lueur. Un
stratège du bloc central se remettait donc à espérer, hier soir au téléphone
avec Playbook : “Les positions se détendent. Je commence à croire à l’hypothèse
qu’il y ait un budget déposé la semaine prochaine. Porté par qui, je ne sais
pas.”
LES TROIS
OPTIONS
ET
MAINTENANT. Venons-en donc au “qui”. Après une foultitude de coups de sonde et
de fil, de SMS et autres flirts avec le harcèlement d’interlocuteurs de tous
bords, notre salut pour tenter d’y voir un peu plus clair est venu de Laurent
Wauquiez (vous allez comprendre). Le président des députés Droite républicaine
(ex-Les Républicains) a réuni hier soir son groupe en visio pour un
compte-rendu de son rendez-vous, dans l’après-midi, avec Sébastien Lecornu. A
en croire le récit d’un participant à ce débrief numérique, le PM
démissionnaire a présenté trois options au député de Haute-Loire : une
dissolution, la nomination d’un chef de gouvernement venu de la gauche, ou
celle d’une personnalité du “socle commun”.
Choisir
entre la peste, le choléra et… la participation. La troisième hypothèse
suppose, dans l’exposé de Lecornu, la participation de LR audit socle commun.
Voyez-vous alors le chantage, pardon, le “cadre de raisonnement”, pour
reprendre les mots de Wauquiez, ainsi posé — les deux autres options étant
honnies par la droite ? “On va devoir maintenant répondre avec Bruno
[Retailleau] et définir une position collective”, a conclu l’Altiligérien
devant ses ouailles.
Ce qu’il
en dit. Le président de LR, qui a passé une tête sur le plateau de Léa Salamé,
n’a pas franchement clarifié sa position. Il a seulement assuré qu’il ne
participerait pas à un gouvernement cheffé par une personnalité de gauche ou
“un macroniste”.
Mais-mais-mais
Bruno Retailleau a surtout semé le doute parmi ses troupes, qui s’en sont émues
hier matin, racontaient nos confrères ici ou là. Et jusque chez Renaissance :
“Il cherche la sortie… ne sachant si elle est du côté de l’union des droites ou
[du] retour à la raison”, nous pianotait dans la soirée notre conseiller
macroniste (toujours le même).
Détour
par l’Occitanie. Si le ministre de l’Intérieur démissionnaire est soupçonné de
pencher vers l’extrême droite, c’est notamment parce qu’il a appelé, hier, à
“ne pas voter pour la gauche” au second tour de la législative partielle qui se
tiendra dimanche dans la première circonscription du Tarn-et-Garonne. Ce
scrutin opposera une socialiste à un candidat UDR, le parti d’Eric Ciotti,
soutenu par le RN. “Une vraie rupture”, nous a textoté spontanément dans la
soirée le proche d’Emmanuel Macron cité plus haut, n’en revenant pas.
L’autre
débat. Bruno Retailleau s’est alors retrouvé à devoir rejeter sur France 2
toute possibilité d’une alliance avec le Rassemblement national. Quelques
instants plus tôt sur RTL, l’ancienne ministre LR, Sophie Primas, n’avait,
elle, pas fermé la porte à l’idée de gouverner avec les lepénistes.
HYPOTHÈSE
N°2. Revenons un moment aux deux autres options. Celle de la dissolution, bien
sûr dans toutes les têtes, a semé un vent de panique hier lorsque Le Canard
enchaîné a évoqué des dates possibles pour la tenue d’élections législatives
(les 16 et 23 novembre). Puis quand l’Elysée a confirmé la rencontre d’Emmanuel
Macron avec les présidents du Sénat, Gérard Larcher, et de l’Assemblée
nationale, Yaël Braun-Pivet (la Constitution édicte que le PR doit les
consulter avant de dissoudre).
Rassurez-vous.
Il ne s’agissait nullement de papoter nouvelles législatives, nous a assuré un
cadre du bloc central ayant eu vent de ces échanges : “C’est juste normal dans
cette situation de crise politique.” Un macroniste historique minimisait aussi
la menace à peine voilée d’Emmanuel Macron, lundi (il “prendra ses
responsabilités” en cas d’échec des discussions de Sébastien Lecornu). “Il y a
toujours des mots un peu grandiloquents, une scénographie, ça ne veut pas
forcément dire une dissolution si aucun accord n’est trouvé”, nous exposait-il
dans la matinée. “La dernière fois qu’on s’en est parlé, c’était hors de
question [la dissolution], je n’ai pas le sentiment qu’il ait changé d’avis”,
nous confiait encore en début de semaine un proche du président.
OPTION 3.
Quant à la nomination d’un PM de gauche, elle serait inacceptable pour les
députés Ensemble pour la République Maud Bregeon et Sylvain Maillard, ont-ils
iXé dans la soirée, fort simultanément et similairement. Ce qui a déclenché une
volée de réactions de leurs collègues sur leur boucle de messagerie interne,
appelant au “calme”, à ne pas “parler de lignes rouges”, ou encore à ne “pas se
tromper de combat”, a tenu à nous faire savoir un conseiller macroniste (un
autre, cette fois).
Vendôme
de l’opéra. D’aucuns ont rapidement soupçonné un chef de choeur derrière cette
micro-offensive : Gérald Darmanin, qui avait justement réuni plusieurs députés
dans la journée, dont les deux élus remontés, a appris Playbook dans la nuit.
Fin de la
récré. “Evitons les expressions publiques sur la base de spéculations”, a
réclamé sur la même boucle le président du groupe Gabriel Attal. C’est
précisément lui qui concentre les espoirs de certains dirigeants socialistes
pour faire atterrir l’un des leurs à Matignon.
Qu’on
vous explique. Un cadre du PS, avec qui Playbook échangeait hier, y croyait.
“C’est lui qui a la clé, il a un vrai rôle à jouer ; ce que Macron nous refuse,
lui peut le faire”, argumentait-il. Ce cacique socialiste déroule ainsi son
rêve : Attal annonce accepter le débat sur la suspension de la réforme des
retraites et son groupe de 91 députés s’engage à ne pas censurer un Premier
ministre de gauche. Le tout dans le but de “débloquer la situation”.
Ce qui
pousse les socialistes à envisager cette hypothèse : i) le chef de Renaissance
est farouchement opposé à toute nouvelle dissolution, anticipant une hécatombe
de ses troupes ; ii) il a pris un peu plus ses distances avec Emmanuel Macron
lundi soir, exprimant “le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder
la main”.
En
aparté. “J’ai l’impression qu’il serait assez ouvert, mais est-il capable
d’emmener son groupe ?”, s’interrogeait cependant hier après-midi un autre
responsable socialiste ayant eu vent des échanges informels entre Gabriel
Attal, Olivier Faure, et Marine Tondelier, dans une loge de maquillage de TF1,
lundi soir, après leurs interviews en plateau.
Dans
l’immédiat, et pour la deuxième fois en deux jours, les chefs du PS bouderont
aujourd’hui une réunion d’un autre cercle de la gauche : celui incluant les
Ecologistes et les Insoumis, notamment. Ces conciliabules visent avant tout à
préparer un accord en vue d’éventuelles législatives anticipées avec pour but
de rallumer la flamme du Nouveau Front populaire. Nos confrères vous en disent
plus ici ou là.
**En
direct demain - Comment l’Union européenne – et la France en particulier –
peuvent-elles renforcer leur compétitivité face à une série de bouleversements
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en direct ce jeudi 9 octobre notre Sommet POLITICO sur la compétitivité
économique.**
SONDAGES
LOINTAINE
PRÉSIDENTIELLE. Le proche d’Emmanuel Macron que nous évoquions plus haut s’en
frottait les mains : “la déloyauté ne paie pas”, nous a-t-il écrit en
découvrant le sondage* d’intentions de vote à la prochaine présidentielle
conduite par Toluna Harris Interactive pour RTL. Cette enquête arrivée comme
par hasard sous les yeux de Playbook a été réalisée hier, après la sortie de
Gabriel Attal de lundi soir, puis celle d’Edouard Philippe hier matin.
Si vous
l’avez manquée : l’autre ancien Premier ministre (le Havrais, donc) avait
appelé, sur RTL, le chef de l’Etat à organiser une “présidentielle anticipée”
après le vote du budget — donc à démissionner, tout bonnement. Premier à le
réclamer publiquement parmi les élus du bloc central, il récidive ce matin dans
Le Figaro, proposant toutefois au PR un autre outil : “annoncer un référendum à
une date connue, puis tirer les conséquences d’un éventuel échec”. A minima,
“il va falloir qu’il s’exprime”, juge encore Edouard Philippe.
Terre
brûlée. Ce qui déclenchait le commentaire mesquin de notre interlocuteur, c’est
que le président d’Horizons, candidat à l’Elysée, n’est crédité que de 15 ou
16% d’intentions de vote, selon les hypothèses, confirmant sa baisse sondagière
déjà visible dans l’enquête Ifop qui avait fait grand bruit (y compris dans
votre infolettre) la semaine dernière. “Le gars sent qu’il va décrocher, 2027
c’est trop loin, alors il accélère, quitte à brûler les institutions”,
enrageait encore notre source.
Et les
autres. Face au Rassemblement national, donné à 34% ou 35%, Gabriel Attal
(testé dans des hypothèses où le Havrais ne se lancerait pas) récolterait, lui,
12% des suffrages — à peine mieux que Bruno Retailleau (10-11%). Avec cinq
candidatures à gauche, Raphaël Glucksmann, donné entre 12 et 14%, serait au
coude-à-coude avec l’Insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon, estimé à 14%.
ENQUÊTES
SECRÈTES. En attendant la présidentielle, et anticipant une dissolution,
certaines entreprises n’hésitent pas à commander en toute discrétion des
sondages sur-mesure pour quelques circonscriptions, s’est rencardé mon collègue
Alexandre Léchenet. Notamment celles des cadres socialistes Boris Vallaud et
Philippe Brun. Intrigués ? Tout est dans Paris Influence, la newsletter
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