International
L’Algérie
interdit le survol de son territoire aux avions militaires français
La tension monte encore d’un cran entre les deux pays
après les propos d’Emmanuel Macron estimant que l’Algérie s’est construite sur
« une rente mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire ».
Par Le Parisien
Le 3 octobre 2021
à 13h50, modifié le 3 octobre 2021 à 15h11
Nouvelle étape.
Au lendemain du rappel de son ambassadeur à Paris, l’Algérie a décidé
d’interdire le survol de son territoire aux avions militaires français. Une
véritable épine dans le pied pour l’armée française, qui a confirmé à l’AFP
cette information du Figaro, alors qu’elle survole effectivement le pays dans
le cadre de l’opération Barkhane pour rejoindre le nord du Mali.
Selon le
quotidien, l’état-major des armées françaises aurait même découvert cette
décision ce dimanche matin. Car c’est au moment de déposer les plans de vol que
les militaires se sont rendus compte que les autorisations de survol n’avaient
pas été accordées par Alger. « Ce matin, en déposant les plans de vol de deux
avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de son
territoire aux avions militaires français », a déclaré à l’AFP le colonel
Pascal Ianni. Selon lui, toutefois, « cela n’affecte ni les opérations ni les
missions de renseignement » menées par la France au Sahel.
Début 2013, au
tout début de l’opération Serval, des Rafales français s’étaient déjà vu
interdire l’espace aérien algérien pour se rendre au Mali. Ils avaient dû
survoler le Maroc et la Mauritanie, nécessitant cinq points de ravitaillement.
Le député UMP Alain Marsaud avait posé la question à l’Assemblée nationale. Le
ministère de la Défense avait répondu que cette interdiction n’était dû qu’au
délai de réponse nécessaire. « Le survol du territoire algérien par les avions
non armés et les différentes escales techniques nécessaires au transit aérien
vers la bande sahélo-saharienne (ravitaillement en vol, transport logistique,
convoyage de chasseurs) ont toujours été accordés par les autorités algériennes
», répondait le ministre, à l’époque Jean-Yves Le Drian.
Le « dérapage »
de Macron
Cette fois, ce
sont les propos d’Emmanuel Macron qui semblent heurter le gouvernement
algérien. « À la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises
ont attribués nommément au Président de la République française, l’Algérie
exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires
intérieures que constituent lesdits propos », a indiqué la présidence
algérienne samedi soir. Alors qu’approche le 60ème anniversaire de la fin de la
guerre d’Algérie et son indépendance, Emmanuel Macron aurait estimé devant des
jeunes d’origine algérienne que l’Algérie s’était construite sur « une rente
mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire », ce que le
quotidien algérien El Watan qualifie de « dérapage ». Alger n’avait pas regimbé
il y a deux semaines lorsqu’Emmanuel Macron avait demandé « pardon » aux Harkis
au nom de la France.
L’Algérie ne
digère pas non plus la récente décision de la France de diviser par deux le
nombre de visas accordés aux Algériens ces prochains mois, une décision rendue
nécessaire, ont tour à tour défendu Gérald Darmanin et Gabriel Attal, ministre
de l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, par le refus du pays de
récupérer sur son sol les Algériens expulsés de France pour délinquance,
radicalisation, ou clandestin. « On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le
milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement »,
aurait affirmé Emmanuel Macron aux jeunes Franco-algériens qu’il rencontrait.
Il s’agit d’un « moyen de pression pour dire à ces dirigeants que si vous ne coopérez
pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on
ne va pas vous faciliter la vie ».
Translation in English
International
Algeria bans French military aircraft from flying over
its territory
The tension is still rising a notch between the two
countries after the words of Emmanuel Macron believing that Algeria was built
on "a memorial rent", maintained by "the politico-military
system".
By Le Parisien
October 3, 2021
at 1:50 p.m., modified October 3, 2021 at 3:11 p.m.
New step. The day
after the recall of its ambassador to Paris, Algeria decided to prohibit the
overflight of its territory by French military aircraft. A real thorn in the
side for the French army, which confirmed to AFP this information from Le
Figaro, while it is actually flying over the country as part of Operation
Barkhane to reach the north of Mali.
According to the
daily, the general staff of the French armies even discovered this decision
this Sunday morning. Because it was at the time of filing the flight plans that
the military realized that the overflight authorizations had not been granted
by Algiers. "This morning, when we submitted the flight plans for two
planes, we learned that the Algerians were closing the overflight of its
territory to French military aircraft," Colonel Pascal Ianni told AFP.
According to him, however, "this does not affect operations or
intelligence missions" conducted by France in the Sahel.
At the beginning
of 2013, at the very beginning of Operation Serval, French Rafales had already
been banned from Algerian airspace to go to Mali. They had to fly over Morocco
and Mauritania, requiring five supply points. UMP MP Alain Marsaud had asked
the question in the National Assembly. The Ministry of Defence replied that
this ban was due only to the necessary response time. "The overflight of
Algerian territory by unarmed aircraft and the various technical stopovers
necessary for air transit to the Sahelo-Saharan strip (air-to-air refuelling,
logistical transport, transport of fighters) have always been granted by the
Algerian authorities," replied the minister, at the time Jean-Yves Le
Drian.
Macron's
"slippage"
This time, it is
Emmanuel Macron's words that seem to offend the Algerian government.
"Following the undeniable remarks that several French sources have
attributed by name to the President of the French Republic, Algeria expresses
its categorical rejection of the inadmissible interference in its internal
affairs that constitute the said remarks," said the Algerian presidency on
Saturday evening. As the 60th anniversary of the end of the Algerian war and
its independence approaches, Emmanuel Macron reportedly estimated in front of
young people of Algerian origin that Algeria had been built on "a memorial
rent", maintained by "the politico-military system", what the
Algerian daily El Watan describes as a "slippage". Algiers had not
recovered two weeks ago when Emmanuel Macron had asked "forgiveness"
to the Harkis on behalf of France.
Algeria also does
not digest France's recent decision to halve the number of visas granted to
Algerians in the coming months, a decision made necessary, defended in turn
Gérald Darmanin and Gabriel Attal, Minister of the Interior and government
spokesman, by the country's refusal to recover on its soil Algerians expelled
from France for delinquency,
radicalization, or clandestine. "We will rather annoy people who
are in the ruling milieu, who used to apply for visas easily," Emmanuel
Macron reportedly told the young Franco-Algerians he met. It is a "means
of pressure to tell these leaders that if you do not cooperate to keep away
people who are in an irregular and dangerous situation, we will not make your
life easier."
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