Playbook Paris: Macron en mode silencieux — La
gauche tous azimuts — Playbook Plaza
BY JULIETTE
DROZ AND PAULINE DE SAINT REMY
April 27,
2022 7:02 am
POLITICO
Playbook Paris
Par JULIETTE DROZ
ET PAULINE DE SAINT REMY
Bonjour à toutes
et à tous, bon réveil, nous sommes mercredi 27 avril.
MACRON EN
MODE SILENCIEUX
LE GRAND
BLANC. Voilà près de trois jours que le second tour de l’élection
présidentielle est passé. Hormis un passage de tête amical à son QG de campagne,
hier, pour remercier ses équipes, un brin d’émotion dans la voix, Emmanuel
Macron n’a toujours pas envoyé le moindre signal politique à l’extérieur. Seuls
quelques happy few ont en réalité la moindre idée du programme des prochains
jours. La collaboratrice d’un poids lourd de la majorité, interrogée lundi par
Playbook sur ce que son patron savait des plans à venir du chef de l’Etat, n’en
savait trop rien. “La vérité, c’est que personne n’ose le faire chier… donc
personne ne demande” avait-elle analysé.
Dedans avec
les siens. Alors s’est installée comme une sensation de flottement. “Le seul
signal que tu entends aujourd’hui, c’est le silence. C’est compliqué à assumer
pour un président qui s’est fait réélire dans les conditions que l’on sait…”
commentait laconiquement hier une communicante de la majorité. Certes, une
information a bien fuité, hier, dans Le Parisien : le chef de l’Etat a déjeuné
à l’Elysée avec sa garde politique (très) rapprochée, le casting ne comprenant
même pas le patron du MoDem, François Bayrou. Au menu de la réunion prandiale: les investitures
pour les législatives, et rien d’autre. On apprend même qu’un tableau tout en
codes couleurs de gagnabilité des circonscriptions, établi à partir des scores
aux élections de 2017, 2019 et 2020, est entre les mains de ce petit cénacle,
ce qu’a confirmé à Playbook hier soir l’un de ses membres.
Avec cette info
élyséenne, les macronistes se sont couchés moins bêtes, mais pas forcément sur
leurs deux oreilles. Surtout les députés sortants qui attendent la sentence des
investitures, tout comme pour ceux qui s’impatientent de voir le président dessiner
une réaction politique forte aux résultats de dimanche. En témoigne ce soupir
d’inquiétude d’un marcheur de la première heure échangeant avec Playbook, hier,
via Telegram : “Après une non-campagne, une non-après-campagne, dans un pays
qui a pourtant pas mal dit non…”
Horreur du vide.
Commentaire tout aussi inquiet, quoique plus terre à terre, chez un pilier de
la campagne de 2017 interrogé par nos soins : “Il y a cinq ans, le PR avait
enchaîné dès le lendemain avec la cérémonie du 8 mai. Là, c’est un vide qui laisse surtout la place
aux opposants et aux couacs. Chaque jour qui passe laisse à penser que la législative est perçue comme
le réel troisième tour, et en renforce l’enjeu. Aussi est-il essentiel que le
président reprenne personnellement la main. Il faut que les Français le voient.
Qu’il ne laisse pas d’espace à la séquence politicienne autour des législatives
et incarne la concorde nécessaire au pays”.
**Un message de
FuelsEurope: L’interdiction des moteurs thermiques plutôt que l’abandon des carburants
fossiles et leur remplacement par des carburants bas carbone risque de détruire
500 000 emplois de la filière automobile en Europe. Le moteur thermique,
associé aux carburants bas carbone, est complémentaire à l’électrification du
transport routier et se révèlera être une stratégie gagnante. Plus
d’informations.**
Brouillard sur
l’horizon. De fait, les propos rapportés d’Edouard Philippe, hier, lors de la
réunion du bureau politique de son parti, Horizons, ne rentrent pas dans la
catégorie des “couacs”. Mais ils témoignent tout de même du climat de tension
qui règne au sein de la majorité présidentielle : “Horizons n’est tenu par
aucun deal où nous ne sommes pas autour de la table”, a-t-il expliqué devant
les siens, comme l’a rapporté Le Point, ajoutant être parfaitement opposé à
l’idée d’un parti unique agité par Emmanuel Macron au soir du premier tour.
L’ex-PM, qui n’est prêt qu’à se ranger derrière une bannière commune pour les
législatives, vise toujours la constitution d’un groupe de 30 à 35 députés,
comme vous l’écrivait Playbook hier. Les discussions “ligne à ligne” avec
Horizons n’ont toujours pas démarré, contrairement à celles avec le MoDem de
François Bayrou qui ont presque abouti.
Borne to be
à Matignon ? Au plan politique, la rumeur autour d’une nomination comme
Première ministre Elisabeth Borne, actuellement au Travail, ne suscite quant à
elle que des commentaires élogieux. “Elle coche toutes les cases”, entend-on
régulièrement chez nos interlocuteurs de la majorité, grille de bingo à la
main. Mais son éventuelle arrivée rue de Varenne n’est pas non plus perçue
comme étant de nature à envoyer un signal politique fort à l’opinion publique. Borne est certes issue du PS et présente
l’avantage de maîtriser les rouages de l’Etat, en plus de connaître les sujets
environnementaux, mais son profil peu médiatique d’ex-préfète laisse songeur. A
moins qu’il suffise de la faire connaître ? C’est ce que suggère une
conseillère de l’exécutif, nous rappelant que la ministre polytechnicienne a
été pupille de la nation, comme elle l’a révélé il y a un an sur le plateau de
TPMP.
L’entrée en
matière. Si députés, ministres et collaborateurs s’interrogent forcément sur le
calendrier des jours à venir, la réflexion autour du chef de l’Etat n’est pas
dénuée d’interrogations de fond. “La question, c’est qu’est-ce que tu fais et
dans quel ordre”, nous résumait hier après-midi la même communicante citée au
début de votre infolettre. “Est-ce que tu fais tout de suite la réforme des
retraites, et tu embrases le pays ? Ou est-ce que tu fais ta réforme
institutionnelle, avec la proportionnelle, pour envoyer un signal d’apaisement…
Tu peux aussi lancer ta grande convention sur la fin de vie, sujet sociétal…”
De fait, la commission de réflexion sur les institutions promise par le
président-candidat fait l’objet de discussions, certains espérant la voir
lancée “avant l’été” ou même avant les élections législatives, selon Le
Parisien. “Ce n’est pas dans l’air du temps”, nous assurait toutefois hier à
l’heure de la tisane l’un de ceux ayant passé une partie de la journée à
l’Elysée.
L’avertissement.
Un message de temporisation, qui sonne comme une réponse à une chronique
remarquée, signée de l’ancien communicant en chef d’Emmanuel Macron, Sylvain
Fort. Lundi sur le site de l’Express, il cinglait : “Au lendemain de
l’élection, il faudra réformer rapidement (…) Mais il y a plus urgent. C’est de
réparer la démocratie et de rebâtir la République. Enjamber cette étape comme
on a voulu, au fond, enjamber l’élection, et faire l’économie d’un nécessaire
ralentissement, d’une reprise de respiration, d’un regard en arrière, d’une
introspection, d’une pause dans l’agenda des changements, c’est passer à coup
sûr de l’arrêt cardiaque à la mort cérébrale.”
LA GAUCHE
TOUS AZIMUTS
TOURNEZ
MANÈGE. “Ils font chauffer nos téléphones vingt fois par jour depuis deux
semaines et on n’a dit ‘pas d’exclusive’… alors on va discuter”. C’est en ces
termes qu’on qualifiera sobrement de “pas très emballés” qu’un parlementaire
insoumis nous décrivait hier soir son sentiment, alors que la France insoumise
s’apprête à discuter avec le Parti socialiste. Une première réunion “bilatérale” entre les deux
formations doit se tenir à partir de 10 heures au siège du mouvement
mélenchoniste. La délégation socialiste comptera dans ses rangs cinq
secrétaires nationaux : Pierre Jouvet, Laurent Baumel, Christophe Clergeau,
Corinne Narassiguin et Sébastien Vincini. Côté insoumis, les parlementaires
Manon Aubry et Adrien Quatennens flanqueront le négociateur en chef Manuel Bompard
et la co-responsable du programme Clémence Guetté.
Des roses et des
épines. Les émissaires socialistes sont bien conscients que “que toutes les
plaies du passé ne peuvent pas se refermer en une semaine” — Anne Hidalgo ayant
égratigné Jean-Luc Mélenchon dans la dernière ligne droite. Mais ils doivent
aussi composer avec une fronde en interne. Le petit conciliabule du jour est en
effet loin de faire l’unanimité, les socialistes les plus grognards s’opposant
au principe de discussions avec un Méluche jugé infréquentable. Illustration
hier soir du schisme entre familles socialistes (à moins qu’il s’agisse d’une
question de générations?) : lors d’un Bureau national où quelques noms
d’oiseaux ont fusé. Pierre Pribetich, proche de François Rebsamen et adjoint à
Dijon aurait accusé son parti de se présenter “comme les six Bourgeois de
Calais, la corde au cou, en chemise pour se soumettre au rituel de reddition
imposé par la France insoumise…” rapportait notre consœur du Figaro. Grosse
colère d’Olivier Faure en guise de réponse : “Si vous pensez que le PS est
mort, que vous n’avez plus rien à faire à gauche, alors partez ou battez vous
avec nous. Ça nous changera”, retranscrivait à Playbook l’un de ses proches à
une heure indue.
Points
d’achoppement. C’est avec cette toile de fond que la délégation socialiste se
présentera ce matin devant la forteresse insoumise et ses 22% au premier tour
de l’élection. Au programme du petit dej’, il y aura justement le programme. Et
les chouquettes risquent de rester coincées à la gorge, LFI ayant listé 10
points “non négociables” et, de fait, difficilement acceptables par le Parti
socialiste. Retraite à 60 ans, abrogation de la loi El Khomri, instauration de
la 6e République… Énumérant au téléphone les points de désaccords manifestes,
un parlementaire insoumis, d’ordinaire optimiste, convenait un brin fataliste :
“A moins qu’ils fassent leur aggiornamento, j’ai des doutes que ça aille plus
loin que ça”, ajoutant le signal d’avertissement : “On peut leur permettre de
survivre grâce à la popularité de Jean-Luc sans les absorber. Entre nous, ils
ont plutôt intérêt à jouer le jeu”.
ACCORD ENCORE
BIEN VERT. Ce même parlementaire qu’on consultait dans la foulée sur les négos
avec EELV, qui nous semblaient plus avancées, nous opposait une moue dubitative
par combiné interposé. “C’est pas gagné. Tout dépend à qui vous parlez…”
marmonnait-il à notre oreille. Les discussions coincent notamment sur la question — encore elle ! — des
retraites. A l’image de cette scène lunaire croquée lors d’une réunion
bilatérale et rapportée par un élu insoumis : “Autour de la table, certains
écolos n’étaient même pas d’accord entre eux ! Certains évoquaient 61 ans,
d’autres 62… Ils étaient en train de faire leur congrès devant nous !”, nous
a-t-il décrit, médusé. Le
secrétaire national aurait été rappelé à l’ordre par LFI afin de mieux “tenir
ses équipes”.
Le bât blesse
aussi sur le nombre de circonscriptions à attribuer aux écolos, une énième
réunion à ce sujet ayant eu lieu nuitamment hier, a ouï dire Playbook d’un
négociateur avouant être sur le pont nuit et jour. Dans la dernière mouture de
la proposition d’accord, LFI proposerait 33 circonscriptions sur les 165
meilleures de la carte électorale, “ce qui fait 20% soit 1/4 de plus que ce
qu’ils pèsent à la proportionnelle” calculait ce dernier dans un avertissement
à ceux qui pourraient avoir un peu trop d’appétit.
Le nez dans le ruisseau. On ne peut pas non plus éluder ce
gros couac : la finaliste de la primaire écolo, Sandrine Rousseau, investie par
son parti dans la 9e circonscription de Paris, a subitement disparu de la
dernière proposition d’accord. Pompon de la pomponette : elle l’apprend par une
amie insoumise, comme le raconte Mediapart. Consultés par Playbook dans la
journée sur les raisons de l’éviction, les deux camps se renvoyaient la balle
et les explications plus ou moins fumeuses. “A LFI, tout le monde ne veut pas
de cet accord. Certains veulent diviser pour que ça pète”, croyait savoir un
membre de la direction écolo, assurant que “la disparition” de ladite circo
incombait à la France insoumise. Côté Méluche, on nous lançait un très vert
“c’est eux qui l’ont jartée”, avant de tempérer “en tout cas ils étaient pas
très allants pour la sauver”. L’affaire semblait en tout cas entendue dans la soirée,
où des deux côtés, on assurait à Playbook qu’une “solution” devrait être
trouvée.
Jadot cabinet. Si vous avez raté le bruissement de la soirée
au sein de cette période propice aux rumeurs, sachez que Yannick Jadot, qui ne
sera pas candidat aux législatives, “n’a pas (non plus) été approché pour être
Premier ministre de l’Environnement ou de je ne sais quoi d’ailleurs”,
tapotait, furibard, l’un de ses conseillers sur une boucle WhatsApp avec la
presse. Un peu plus tôt, un article du Parisien avait semé le trouble, évoquant
des contacts entre la majorité et le candidat déçu. Alors que ses camarades
étaient à la table des négociations avec les Insoumis, l’eurodéputé n’a pas non
plus manqué l’occasion de jouer les trouble-fête de l’idylle espérée. Yannick
Jadot s’est ainsi dit “favorable à une coalition”, mais pas derrière Jean-Luc
Mélenchon, “ça ne marchera pas”, avait-il déclaré hier matin sur France Inter.
Coup de pression
nocturne. Des bisbilles et autres pertes de temps qui ont faire monter la
moutarde au nez des Insoumis. A tel point que LFI a sorti un communiqué coup de
fouet, sur les coups de minuit et des poussières : “Les discussions avec EELV
se heurtent à des difficultés liées aux divisions au sein de cette organisation
(…). Ce n’est pas le sujet pour nous de trancher des débats internes de
congrès. Il faut avancer !” pouvait-on y lire. Pour rappel, LFI, qui négocie
aussi avec les communistes et le NPA, s’est fixé un objectif dans le temps :
que les négociations aboutissent sur l’essentiel d’ici samedi soir.
PLAYBOOK PLAZA.
Pour le deuxième épisode de notre mini-série “Comment choisir son ministère”,
en attendant le remaniement, Playbook vous propose aujourd’hui quelques bons
tuyaux concernant les meilleurs plans “terrasses et jardins” de l’exécutif.
Si vous n’avez
pas peur de vous fader une administration réputée un poil lourde, si vous aimez
la gestion de crise et si vous appréciez une jolie vue, alors n’hésitez pas :
le ministère des Solidarités et de la Santé (dit “MSS”), avenue de Ségur, est
fait pour vous. Sa terrasse du huitième étage, de l’avis général, offre en
effet une vue imprenable sur l’Ecole militaire et la Tour Eiffel. Nombreux
étaient les membres du gouvernement, d’ailleurs, a avoir répondu positivement à
l’invitation, le 14 juillet dernier, pour venir y admirer le feu d’artifice
républicain à la nuit tombée (Playbook vous en avait évidemment parlé, en voici
un aperçu). Mais ils n’étaient pas seuls : les invitations à la petite sauterie
s’échangent au prix fort entre membres de cabinet, chaque année, nous racontait
hier une petite main amusée.
Les plus : tous
les bureaux du septième étage et une partie de ceux du sixième jouissent de la
même vue. “Tu ne t’en lasses jamais”, se délectait hier la même employée du MSS
au téléphone avec nous.
Les moins : les
locaux, énormes, n’ont pas le charme des hôtels particuliers de la rue de
Varenne et alentours. “C’est plutôt ambiance bunker russe”, disent ceux qui y
passent leur v… euh, qui y travaillent. A noter d’ailleurs que l’actuel
ministère de la Ville, situé dans un ensemble art déco massif, avenue de Ségur,
bénéficie du même cadre pas folichon, la terrasse en moins…
Grands espaces.
Si votre truc est plutôt de travailler les pieds dans l’herbe, misez sur
Matignon, qui dispose de l’un des plus beaux jardins de la République, avec son
immense pelouse en profondeur (3 hectares, soit deux fois plus qu’à l’Elysée,
qui se défend pourtant pas mal) et son allée de tilleuls, tout au bout. Notez
toutefois que les pratiques peuvent varier d’un locataire à l’autre. Sous
Edouard Philippe, par exemple, les conseillers travaillaient beaucoup dehors :
“à partir d’avril on faisait les réunions dans le jardin”, se remémorait hier
une ex. “J’y passais
mes appels, aussi, en faisant des tours, et la cheffe cab nous faisait des
déjeuners le jeudi sur la pelouse”.
Cultiver
notre jardin. Si vous privilégiez toutefois le choix d’un ministère discret,
ayez en tête qu’un job au secrétariat d’Etat aux Transports, aujourd’hui situé
rue du Bac, vous ouvrira l’accès au jardin de l’Hôtel de Roquelaure, à deux
pas, où est installé le ministère de la Transition écologique, auquel vous
serez rattaché. Petit pois sur le gâteau, pour ceux qui envisagent une
reconversion dans la permaculture par la suite : le jardin abrite, depuis
Nicolas Hulot, un potager biologique.

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