Législatives
2022 : "La démobilisation électorale s'annonce massive", selon un
politologue
"Tout
l'enjeu, notamment pour la Nupes, c'est de maintenir un niveau de mobilisation
important de ces jeunes qui ont massivement soutenu Jean-Luc Mélenchon en avril
dernier", estime sur franceinfo le politologue Tristan Haute.
Article rédigé
par
franceinfo
Radio France
Publié le
10/06/2022 17:05
"La
démobilisation électorale s'annonce massive", anticipe vendredi 10 juin
sur franceinfo Tristan Haute, maître de conférence en science politique à
l’Université de Lille et co-auteur du livre Extinction de vote ?, paru en
janvier 2022. Selon le
dernier sondage Ipsos Sopra Steria pour Radio France et France Télévisions,
l'abstention risque de battre un nouveau record, lors de ces élections
législatives. L'institut de
sondage prévoit une abstention à 54% contre 51,3% lors des législatives de
2017.
Selon Tristan
Haute, cela ne signifie pas forcément un désintérêt pour la politique.
Seulement, une partie des électeurs se tournent vers "d'autres formes de
participation politique moins formelles ou moins institutionnelles."
franceinfo :
Comment vous expliquez-vous ce manque d'intérêt pour ces élections législatives
?
Tristan Haute : Ce n'est pas nouveau. On a en France un phénomène d'abstention
intermittente qui touche particulièrement les élections législatives qui
arrivent juste après la présidentielle. Cette élection est perçue
traditionnellement, depuis l'inversion du calendrier électoral en 2002, comme
un scrutin de ratification qui vise finalement à doter le président de la
République d'une majorité. On
voit que cela pourrait être différent cette fois-ci. Mais la démobilisation
électorale s'annonce massive. On a vu un niveau de participation extrêmement
faible, lors des élections de 2020, de 2021. Alors il y a eu un effet sanitaire
pendant un temps mais ensuite, la crise sanitaire a surtout été un prétexte,
une explication un peu facile.
C'est assez
paradoxal parce que finalement les textes qui régissent notre quotidien sont
votés à l’Assemblée nationale. Et les Français sont demandeurs de plus de
démocratie.
Oui, c'est assez
paradoxal. Mais le système électoral tel qu'il est n'est pas forcément visible
aux yeux des électeurs. Les enjeux ne sont pas forcément perçus par les
électeurs. Donc, tout le travail des partis politiques est un travail de
mobilisation électorale qui justement consiste à faire prendre conscience aux
électeurs des enjeux, de la nécessité du vote, de l'utilité du vote. Parce
qu’aujourd'hui, on voit que même lors du scrutin présidentiel, le vote est
parfois perçu comme inutile. Certains s'y résignent, entre guillemets, mais on voit un vote qui est
de plus en plus perçu comme inutile, en comparaison avec d'autres formes de
participation politique moins formelles ou moins institutionnelles.
Et notamment par
les jeunes qui seraient les plus nombreux à décider de s'abstenir, selon les
études.
Oui, c'est
quelque chose qu'on observe à l’élection présidentielle mais c'est quelque
chose qu'on observe encore plus lors des élections législatives et lors des
élections locales. Des jeunes qui participent de manière très intermittente aux
élections mais qui ne sont pas désintéressés par la politique. Ce n'est pas de
l'individualisme, c'est aussi le recours à d'autres formes de participation
politique. On a connu les marches pour le climat, les manifestations contre les
violences policières et le racisme... Autant de mobilisations des franges
différentes de la jeunesse. Et tout l'enjeu, notamment pour la Nupes, c'est de
maintenir un niveau de mobilisation important de ces jeunes qui ont massivement
soutenu Jean-Luc Mélenchon en avril dernier.

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