domingo, 22 de junho de 2025

"Plus fréquentes, longues et précoces" : les vagues de chaleur s'intensifient en France / "More frequent, long and early": heat waves are intensifying in France

Climate disruption is increasing both the frequency and intensity of heat events, which now occur earlier and later in the year. According to Météo-France, mainland France, which has already warmed by 1.9°C, has experienced twice as many heatwaves since 2000 (32) as before (17).



"Plus fréquentes, longues et précoces" : les vagues de chaleur s'intensifient en France

 

Pile au moment où l'été arrive, la France connaît sa première vague de chaleur de la saison. Dans les prochains jours, des températures records vont s'abattre sur une large partie du pays atteignant jusqu'à 38 °C. Un épisode particulièrement intense pour la période, selon les météorologistes, qui illustre la réalité du réchauffement climatique.

 

Publié le : 19/06/2025 - 18:01

https://www.france24.com/fr/france/20250619-plus-fr%C3%A9quentes-longues-pr%C3%A9coces-vagues-chaleur-canicule-intense-france

 

À partir de jeudi 19 juin, le mercure, déjà élevé depuis plusieurs jours, va progressivement monter pour atteindre un pic samedi, explique Météo France. L'ouest du pays sera particulièrement touché avec des températures comprises entre 34 et 38 °C. Les nuits aussi seront chaudes, voire tropicales, c'est-à-dire que les températures ne descendront pas sous les 20 °C, détaille le service de prévisions météorologiques.

 

En cause, "le blocage d'un anticyclone sur une large partie de l'Europe, dont la France", explique Matthieu Sorel, climatologue à Météo France. Une dépression d'altitude ou "goutte froide" sur l'Atlantique va faire remonter des masses d'air chaud présentes sur la péninsule ibérique et augmenter la chaleur.

 

Météo-France a déjà placé 16 départements en vigilance orange pour la journée de vendredi, notamment en Bretagne et en Auvergne Rhône-Alpes. L'Espagne et le Royaume-Uni seront aussi touchés.

 

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La 50e vague de chaleur

Cette vague de chaleur, qui correspond à un épisode où les températures sont anormalement élevées pendant plusieurs jours, est la cinquantième à s'abattre sur la France depuis le début des relevés météorologiques, en 1947. Elle apparaît comme l'illustration d'une nouvelle réalité : "Les vagues de chaleur sont plus fréquentes, plus intenses et interviennent de façon de plus en plus précoce ou tardive", note le climatologue.

 

"Avant, on s'attendait à en vivre une à peu près une fois tous les cinq ans. Maintenant, il y en a une chaque année, voire plus."

 

La France connaissait en moyenne 1,7 jour de vague de chaleur par an avant 1989, puis huit par an entre 2000 et 2015. Depuis dix ans, elle en enregistre 9,4 chaque année.

 

Particulièrement précoces… et intenses

Au-delà de leur fréquence qui s'est accélérée, ces vagues de chaleur sont également plus précoces ou tardives, avant le 15 juin ou après le 15 août.

 

"Là encore, c'est un phénomène assez nouveau mais qui devient récurrent", note Matthieu Sorel, dénombrant une vague de chaleur précoce en juin 2005 puis trois rapprochées, en 2017, 2019 et 2022. "Celle que nous connaissons actuellement s'inscrit ainsi totalement dans cette dynamique puisqu'elle est l'une des plus précoces enregistrées."

 

Quant à l'intensité, Météo-France la mesure avec l'indicateur thermique national, soit la température moyenne de l'Hexagone. Dès que cet indice dépasse 25,3 °C sur une journée et 23,4 °C pendant au moins trois jours, le pays connaît une vague de chaleur.  Une canicule, elle, démarre lorsque l'épisode de chaleur dure plus de trois jours, nuits comprises, selon des seuils définis département par département.

 

Mais aujourd'hui, ces températures sont très souvent largement dépassées aussi bien à l'échelle nationale que localement. "C'est simple, désormais, à chaque nouvelle vague de chaleur on peut s'attendre à battre des records de températures pour la saison", note le climatologue.

 

La canicule d’août 2003 reste à ce jour la plus sévère jamais enregistrée en France. La plus meurtrière aussi, avec environ 15 000 morts estimées. Cette année-là, des températures supérieures à 40 °C avaient été enregistrées à Toulouse, Lyon, Dax ou Orange, rappelle Météo-France.

 

"Mais tous les records établis en 2003 tombent un à un", note Matthieu Sorel. Sur l'ensemble de l'Hexagone, l'intensité de 2003 a ainsi été battue en 2019. Cette même année, la France a aussi établi ainsi un nouveau record absolu de chaleur avec un thermomètre affichant 46 °C le 28 juin à Vérargues, dans l'Hérault.

 

Autre record en 2022, lorsque le pays a connu non pas une mais trois vagues de chaleur. Dès mi-juin, on enregistrait 43 °C là Arcachon. Pile un mois plus tard, 64 records locaux de température tombaient dans la moitié ouest.

 

"Globalement, dépasser 40 °C n'a plus rien d'extraordinaire. C'est même devenu la norme", résume Matthieu Sorel. Dans le détail, "entre 1950 et 1959, les températures ont atteint 40 °C à deux reprises. De 2000 à 2009, le seuil a été franchi 105 fois. Il l'a été 129 fois entre 2010 et 2019 et entre 2020 et 2022, 73 fois", précise Météo-France dans ses relevés.

 

Un signe du réchauffement climatique

Avec cette nouvelle vague de chaleur précoce, avec des niveaux remarquables pour un mois de juin, "on s'inscrit ainsi pleinement dans la trajectoire actuelle du réchauffement climatique", insiste Matthieu Sorel.

 

Il ne cache pas son inquiétude : "Avant, de telles conditions atmosphériques, banales à cette période de l'année, ne permettaient pas d'atteindre des températures allant jusqu'à 40 °C", estime-t-il. "On assiste vraiment à un changement de dynamique lié au réchauffement climatique."

 

Les scientifiques ne cessent de le répéter : le dérèglement climatique rend les phénomènes météorologiques extrêmes comme les canicules, les sécheresses mais aussi les inondations, plus fréquents et intenses.

 

À mesure que la Terre se réchauffe, le risque de suffoquer s'intensifie. Alors que les pays du monde entier peinent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et que l'espoir de maintenir le réchauffement planétaire sous la barre fatidique des +1,5 °C apparaît désormais nul, la France se prépare à une hausse du thermomètre jusqu'à  4°C en 2100.

 

Un scénario sombre. L'Hexagone connaîtrait alors dix fois plus de jours de vagues de chaleur en comparaison à la période de référence 1976-2005. "Elles s'étendraient de mai à octobre, avec davantage de nuits tropicales partout dans le pays", prévoit Matthieu Sorel. Et des thermomètres affichant 40 °C, voire 50 °C deviendraient chose courante. "De toute façon, comme on connaît désormais des jours au-delà de 40 °C, on dépassera les 50 °C. La question n'est pas de savoir si, mais quand."


"More frequent, long and early": heat waves are intensifying in France

 

Just as summer arrives, France is experiencing its first heat wave of the season. In the coming days, record temperatures will hit a large part of the country, reaching up to 38 °C.  A particularly intense episode for the period, according to meteorologists, which illustrates the reality of global warming.

 

Published: 06/19/2025 - 18:01

https://www.france24.com/fr/france/20250619-plus-fr%C3%A9quentes-longues-pr%C3%A9coces-vagues-chaleur-canicule-intense-france

 

From Thursday 19 June, the mercury, already high for several days, will gradually rise to a peak on Saturday, explains Météo France. The west of the country will be particularly affected with temperatures between 34 and 38 °C.  The nights will also be hot, even tropical, i.e. temperatures will not drop below 20 °C, details the weather forecasting service.

 

The reason for this is "the blocking of an anticyclone over a large part of Europe, including France," explains Matthieu Sorel, climatologist at Météo France. A high-altitude depression or "cold drop" over the Atlantic will bring up masses of warm air present on the Iberian Peninsula and increase the heat.

 

Météo-France has already placed 16 departments on orange alert for Friday, particularly in Brittany and Auvergne Rhône-Alpes. Spain and the United Kingdom will also be affected.

 

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The 50th heat wave

This heat wave, which corresponds to an episode where temperatures are abnormally high for several days, is the fiftieth to hit France since meteorological records began in 1947. It appears to be the illustration of a new reality: "Heat waves are more frequent, more intense and occur earlier and later," notes the climatologist.

 

"Before, we expected to experience one about once every five years. Now, there is one every year, or even more."

 

France experienced an average of 1.7 days of heat waves per year before 1989, then eight days per year between 2000 and 2015. For the past ten years, it has recorded 9.4 each year.

 

Particularly precocious... and intense

In addition to their frequency, which has accelerated, these heat waves are also earlier or later, before June 15 or after August 15.

 

"Again, this is a fairly new phenomenon but one that is becoming recurrent," notes Matthieu Sorel, counting an early heat wave in June 2005 and then three close ones, in 2017, 2019 and 2022. "The one we are currently experiencing is therefore fully in line with this dynamic since it is one of the earliest recorded."

 

As for the intensity, Météo-France measures it with the national thermal indicator, i.e. the average temperature of France. As soon as this index exceeds 25.3 °C on a day and 23.4 °C for at least three days, the country experiences a heat wave.  A heatwave starts when the heat episode lasts more than three days, including nights, according to thresholds defined department by department.

 

But today, these temperatures are very often greatly exceeded both nationally and locally. "It's simple, from now on, with each new heat wave we can expect to break temperature records for the season," notes the climatologist.

 

The heat wave of August 2003 remains to this day the most severe ever recorded in France. The deadliest too, with about 15,000 estimated deaths. That year, temperatures above 40 °C were recorded in Toulouse, Lyon, Dax and Orange, recalls Météo-France.

 

"But all the records set in 2003 are falling one by one," notes Matthieu Sorel. Across France, the intensity of 2003 was beaten in 2019. That same year, France also set a new absolute heat record with a thermometer showing 46 °C on June 28 in Vérargues, in the Hérault.

 

Another record was set in 2022, when the country experienced not one but three heat waves. From mid-June, 43 °C was recorded in Arcachon. Exactly one month later, 64 local temperature records fell in the western half.

 

"Overall, exceeding 40 °C is no longer extraordinary. It has even become the norm," sums up Matthieu Sorel. In detail, "between 1950 and 1959, temperatures reached 40 °C twice. From 2000 to 2009, the threshold was crossed 105 times. It was 129 times between 2010 and 2019 and between 2020 and 2022, 73 times," Météo-France said in its readings.

 

A sign of global warming

With this new early heat wave, with remarkable levels for the month of June, "we are fully in line with the current trajectory of global warming," insists Matthieu Sorel.

 

He does not hide his concern: "Before, such atmospheric conditions, common at this time of year, did not allow temperatures of up to 40 °C to be reached," he believes. "We are really seeing a change in dynamics linked to global warming."

 

Scientists keep repeating that climate change makes extreme weather events such as heat waves, droughts and floods more frequent and intense.

 

As the Earth warms, the risk of suffocation intensifies. While countries around the world are struggling to reduce their greenhouse gas emissions and the hope of keeping global warming below the fateful +1.5°C mark now seems nil, France is preparing for a rise in the thermometer to 4°C in 2100.

 

A dark scenario. France would then experience ten times more days of heat waves compared to the 1976-2005 reference period. "They would extend from May to October, with more tropical nights everywhere in the country," predicts Matthieu Sorel. And thermometers reading 40 °C or even 50 °C would become commonplace. "In any case, as we are now experiencing days above 40 °C, we will exceed 50 °C.  The question is not if, but when."


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