PARIS
: Les Européens abandonnés au populisme
Ébranlée par la montée en puissance d’un vote
protestataire dont les partis populistes de droite ont été les principaux
bénéficiaires, déstabilisée par les crises institutionnelles, en particulier
l’échec du Traité constitutionnel européen, en 2005, l’Union européenne a
résisté.
Elle a même fait la preuve de sa capacité à
traverser, sinon toujours à surmonter, des crises inédites et particulièrement
violentes qui, peut-être, l’auraient détruite un quart de siècle plus tôt :
crises financières, budgétaires, institutionnelles, migratoires, politiques,
sanitaires, géopolitiques… Les élections européennes de l’année 2024 sont
marquées par un contexte menaçant alourdi par la perspective d’une nouvelle
poussée des partis populistes, principalement ceux de droite, des partis qui se
sont historiquement constitués dans l’expression d’une hostilité radicale à
l’Union européenne.
Les données présentées ici ne contredisent pas
mais précisent la thèse d’une vague « populiste », si l’on entend par là une
montée en puissance de forces électorales désireuses d’en finir avec l’Union
européenne, voire de remettre en cause la forme démocratique qui caractérise
l’organisation politique interne de chacun des États membres.
Mais, à la lumière de la présente étude de la
Fondation pour l’innovation politique, il apparaît qu’au moment des élections
européennes, la plupart des 360 millions d’électeurs sont indubitablement
acquis à la fois aux valeurs de la démocratie et à l’idée européenne, peut-être
plus que jamais. Cette double conviction populaire est d’autant plus
significative qu’elle s’exprime dans une Europe géographiquement très étendue
et qui atteint le degré d’intégration des États le plus élevé à ce jour.
En 2024, l’idée européenne, les principes qui
la fondent, les institutions qui en émanent, bénéficient du puissant soutien de
la plupart des Européens. Dès lors, la question se pose de savoir quel peut
être le sens des votes populistes. Il apparaît que la plupart des leaders
populistes et de leurs adversaires n’ont pas une bonne compréhension de la
réalité politique parce qu’ils se sont enfermés dans un même malentendu sur
l’interprétation du vote populiste, confondant le plus souvent l’expression
d’une protestation ou d’une revendication avec une adhésion à une promesse de
rupture, amalgamant les électeurs avec les chefs et les représentants des
partis populistes.
Dominique Reynié,
Professeur des universités à Sciences Po et
directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.
Auteur, entre autres, du Triomphe de l’opinion
publique. L’espace public français du XVIe au XXe siècle (Odile Jacob, 1998),
du Vertige social nationaliste. La gauche du Non (La Table ronde, 2005) et des
Nouveaux Populismes (Pluriel, 2013). Il a également dirigé l’ouvrage Où va la
démocratie ? (Plon, 2017) et Démocraties sous tensions (Fondation pour
l’innovation politique, 2020), deux enquêtes internationales de la Fondation
pour l’innovation politique.
Fondation
pour l’innovation politique,
Think tank
libéral, progressiste et européen.
SOURCE :
Fondation pour l’innovation politique.
Sem comentários:
Enviar um comentário